Pendant des décennies, le système de santé français était une fierté nationale. Mais aujourd’hui, pas un territoire n’est épargné par le manque de médecins, généralistes ou spécialistes, par la saturation des services d’urgence. Le désert avance… désert médical… Car ce qui était réservé aux territoires ruraux gagne désormais de nombreux quartiers de villes… Et notre région n’est pas épargnée.
La Sarthe et la Mayenne font partie des départements les moins bien dotés en médecins en France, avec 5,8 généralistes pour 10 000 habitants (contre 8,4 en moyenne nationale).
Avec parfois des chiffres encore plus faibles : 2,6 médecins pour 10 000 habitants dans la communauté de communes de Val de Sarthe, 2,8 autour de La Ferté-Bernard.
En Vendée, la situation est meilleure en moyenne départementale (6,6), mais cache de grandes disparités entre le littoral, bien doté, et le bocage, avec seulement 3,2 médecins pour 10 000 habitants autour de La Chataigneraie.
Une situation qui s’est aggravée ces dernières années avec -13% de généralistes en Mayenne entre 2018 et 2022 et -12% en Sarthe, et qui va continuer à s’aggraver, au moins jusqu’en 2030.
Regardez la situation médicale de votre communauté de communes.
Car le nombre de nouveaux médecins sera insuffisant pour pallier les départs en retraite des praticiens actuels : près d’un quart d’entre eux ont plus de 60 ans.
Face à cette situation et à ce que le sénat qualifie de "décennie noire", des députés ont décidé de dépasser leurs clivages et de se réunir en intergroupe.
42 élus à l’Assemblée nationale, de toutes tendances politiques, sauf le Rassemblement National, ont déposé début janvier une proposition de loi. À l’initiative de cet intergroupe, le député socialiste Mayennais Guillaume Garot. Une de ses propositions : ne plus permettre aux jeunes généralistes de s’installer où ils le veulent, mais les obliger à le faire dans des secteurs sous-dotés.
Quand les déserts médicaux avancent, c'est la République qui recule
Guillaume GarotDéputé PS de la Mayenne
Parmi les propositions, une réforme des études de médecine avec l'attribution d'une bourse contre une obligation d'installation dans un désert médical est envisagé.
Une proposition de loi qui pour l'instant n'est pas inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale. Alors pour faire pression sur la présidente du Palais Bourbon, les députés réunis en intergroupe entament un tour de France des régions les moins dotées médicalement. Et ils comptent sur les élus locaux et les patients pour appuyer leur demande, à travers une pétition mise en ligne cette semaine sur change.org..
La Mayenne a été le premier rendez-vous de ce '"Tour de France" des déserts médicaux, qui devrait durer jusqu'au mois d'avril.
Le but, engager le dialogue avec les politiques locaux et les concitoyens.
Une régulation à l’installation à laquelle est totalement opposé l’ordre des médecins. Pour son vice-président Jean-Marcel Mourgues, "c’est une mesure populiste, inefficace et peu éclairée".
Même opposition chez les syndicats de médecins, notamment MG France. Sa déléguée nationale, également médecin traitant à Orvault près de Nantes, le Dr Fabienne Yvon, parle même d’une mesure "contre-productive". Elle découragerait, selon elle, les étudiants en médecine à choisir la spécialité généraliste s’ils étaient obligés de s’installer dans des lieux sous-dotés.
La solution réside selon cette généraliste dans le fait de redonner de l'attractivité à la médecine générale.
Des solutions sont actuellement testées dans notre région. Explications dans notre reportage ci-dessous de Maxime Jaglin.
Pour François Langot, professeur d'économie, les médecins perdent du temps à renouveler des ordonnances. Des infirmières ou pharmaciens pourraient le faire, comme en Allemagne par exemple.
Il constate aussi l'inefficacité des petits hôpitaux qui se sont multipliés sur tout le territoire. Leur reconversion en maisons médicales serait une solution.
Pour parler des déserts médicaux, Virginie Charbonneau reçoit :
- Guillaume Garot, député Parti socialiste de la Mayenne
- Fabienne Yvon, médecin généraliste et déléguée nationale MG France
- François Langot, professeur d'économie à l'Université du Mans spécialiste en protection sociale
► Dimanche en Politique, face aux déserts médicaux, quels remèdes ? C'est dimanche 5 février à 11h25 sur France 3 Pays de la Loire et en avant-première sur notre plateforme France.tv