Depuis 1998, la Région des Pays de la Loire aide des compagnies ligériennes à se produire lors du festival d'Avignon. Il s'agit de compagnies présentes dans le "off" du prestigieux festival de théâtre et qui sont accueillies dans un lieu loué par la Région, le Nouveau Grenier.
2020 était totalement "off" pour le Festival d'Avignon qui avait dû, comme les autres grands événements culturels, faire relâche en cette première année de pandémie.
2021 a vu la renaissance de ce rendez-vous majeur où le public passe des compagnies du festival "in" subventionnées par le Ministère de la Culture et invitées à se produire dans des lieux prestigieux, au "off" avec de plus petites scènes, où des troupes plus modestes tentent de se faire repérer par les programmateurs culturels.
Mais, il faut le savoir, la qualité du spectacle est tout autant dans le "in" que dans le "off". Il ne faut pas confondre l'adresse géographique de la scène et l'adresse artistique de la troupe qui s'y produit. De grands lieux n'abritent parfois que de petits talents, alors que des espaces moins en vue recèlent des joyaux de créativité.
Pour les festivaliers, passer faire un tour au Nouveau Grenier garantit de découvrir de vraies réussites façonnées en Pays de la Loire.
12 compagnies logées au Nouveau Grenier
Installé dans un collège, au 9 de la rue Notre Dame des Sept Douleurs, à l'est de la vieille ville (le Palais des Papes est au nord), le Nouveau Grenier est le lieu qu'a choisi la Région des Pays de la Loire pour inviter à s'y produire douze compagnies sélectionnées par un jury .
Le nom, "Nouveau Grenier", fait référence à l'adresse des années précédentes "Le Grenier à Sel", un ancien hôtel des ventes qui n'est plus disponible. La Région y était présente lors du festival d'Avignon depuis 1998.
"L'idée, explique Isabelle Leroy, Vice-Présidente de la Région Pays de la Loire, c'est d'être sur un lieu où les compagnies ligériennes peuvent se produire et aller à la rencontre des spectateurs mais aussi des diffuseurs. Seules trois régions en France ont des lieux où elles accompagnent leurs compagnies sur Avignon."
Salles, buvette et billetterie
Le lieu propose deux salles, l'auditorium et le foyer, où les troupes ont la garantie de pouvoir se produire 19 fois chacune du 7 au 28 juillet. Elles y disposent également d'hébergements et d'une salle pour s'échauffer. Le public peut également s'y restaurer, y faire une pause ou y prendre un verre à l'ombre des arbres des cours du collège.
Budget alloué au Nouveau Grenier : 500 000 €. La Région devrait y être présente trois ans, c'est ce que prévoit le bail qui a été signé.
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Cette édition 2021 du Festival d'Avignon est bien sûr symbolique de la renaissance du théâtre après la relâche forcée de 2020 due à la crise sanitaire.
"Il y a une inquiétude évidemment, reconnaît la comédienne Claudine Bonhommeau, présente au Nouveau Grenier avec Loïc Auffret pour "Qu'est-ce que le Théâtre". Mais, au niveau de la création, il y a plein de choses superbes qui sortent. Je suis sure que ça va être un rebond."
"On a fait pas mal de dates, et on en a pas mal à venir, ça va, à peu près, mais ça a été mieux" reconnaît Loïc Auffret.
Cet éloignement des scènes a été douloureux pour tous et parfois la malchance s'est ajoutée au contexte déjà difficile.
"Le spectacle était déjà créé " rappelle Pierre Bolo, de la Compagnie de danse nantaise Chute Libre venue en Avignon avec Slide, une chorégraphie inspirée du hip hop . "On a repris entre les deux confinements, on était à Stéréolux pendant deux semaines. C'était bien. Il s'est avéré qu'un danseur s'est blessé, on a dû faire une audition vidéo pendant le confinement et on a repris au printemps."
"Ce qui a été dur, c'est de ne pas jouer sur scène, comme pour tous les autres artistes, se souvient Annabelle Loiseau qui signe la chorégraphie de Slide avec Pierre Bolo. Après, ça a été de ne pas avoir accès aux plateaux. Dans un troisième temps, on a pu répéter mais ce qui manquait à tout le monde c'était de jouer devant un public."
Le confinement, période propice pour se réinventer, a-t-on pu entendre pompeusement ici ou là. "Se réinventer c'est tout le temps, précise Pierre Bolo. A chaque nouvelle création on essaye de ne pas reproduire de schéma."
Ce que craint le chorégraphe de Chute Libre, c'est plus l'engorgement, trop de spectacles créés et pas assez de scènes pour les accueillir. "Et on aimerait pouvoir retourner à l'étranger, espère Annabelle Loiseau. On aimerait pouvoir voyager avec nos créations."
"Ça fait plaisir de voir le festival revenir"
Le TRPL, Théâtre Régional des Pays de la Loire, fait partie des troupes qui bénéficient du Nouveau Grenier en Avignon. Elle est venue y présenter "Cendrillon", une comédie de Joël Pommerat, mise en scène par Camille de la Guillonnière. Tonique et drôle. La pièce avait été créée il y a déjà cinq ans.
"Ça fait plaisir de voir le festival revenir, se réjouit la comédienne Amélie Etasse. On en avait tous besoin. Là, c'est une troupe de copains, on se connaît depuis l'école, c'est très agréable de revenir dans ces conditions."
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Le TRPL est en Avignon mais aussi sur ses propres terres en Pays de la Loire.
"On a 38 représentations d'un spectacle qui s'intitule Maestro, annonce Camille de la Guillonnière. Il se joue dans 38 villages, petits, voire très petits, en Maine-et-Loire, Loire-Atlantique et Vendée, Ça fait partie de l'ADN du TRPL cette décentralisation. C'est comme ça que Jean Guichard a pensé son travail quand il a fondé la maison en 72. Patrick Pelloquet a été dans cette lignée-là aussi et c'est dans cette veine-là que je reprends le flambeau."
Avignon, le marché des programmateurs
Luc Chohin, programmateur de "Villages en scène", série d'événements culturels proposés dans des communes du Maine-et-Loire, est venu pour huit jours au Festival d'Avignon. Il va y repérer des spectacles qu'il fera ensuite venir sur sa saison.
"On est plutôt à la recherche de coups de cœur" dit-il. Mais il ne fera pas son choix immédiatement. "On laisse faire le temps. On essaye de composer aussi avec les équilibres avec les autres programmations qu'on a en région."
Et puis il faut faire aussi avec la concurrence, les prix des spectacles. Les créations retenues ne seront pas achetées pour la saison à venir mais la suivante.
"C'est toujours avec un an de décalage Avignon, précise-t-il, voire deux ans. Parce qu'avec le problème sanitaire, il y a beaucoup de spectacles qui ont été décalés, donc là, on est plutôt sur la programmation 2022/2023."
A raison de 5 à 7 spectacles par jour, Luc verra une cinquantaine de créations durant son séjour en Avignon. "Sur la centaine de théâtres qui proposent à peu près 1000 spectacles, il n'y en a pas 1000 de bien" reconnaît Luc qui a appris à repérer les lieux où il est plus sûr de trouver les pépites qui conviendront à sa saison.
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A noter aussi que quatre auteurs présents au Nouveau Grenier viendront rencontrer le public pour évoquer leurs façons de travailler.
La Région des Pays de la Loire est donc présente dans le "off" du Festival d'Avignon avec le Nouveau Grenier mais aussi dans le "in" en soutien à quatre compagnies ligériennes.