Que se passe-t-il dans les entrepôts de la Banque Alimentaire ? L'association qui fournit de l'aide alimentaire à de nombreuses associations caritatives voit ses stocks de lait diminuer et se prépare à une pénurie.

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Ce responsable d'une association nantaise qui vient en aide aux SDF ne comprend pas pourquoi il ne reçoit plus de lait de son fournisseur, la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique. Comme pour d'autres associations caritatives, ce produit est d'une très grande importance, il permet ici de préparer les petits- déjeuners qui sont servis quotidiennement aux gens de la rue.

Interrogées, des antennes de la Banque Alimentaire nous confirment l'information. Celle du Maine-et-Loire tout d'abord. 

"On commence à être en difficulté", confirme Patrice Houdbine, le président de la Banque Alimentaire 49. Des laiteries avec qui il était en contact auparavant lui ont répondu qu'elles ne pouvaient plus lui en fournir.

"Il y a 15 jours, nous n'avions plus de lait du tout"

Même son de cloche pour la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique qui a commencé à voir ses approvisionnements baisser à partir du mois d'octobre dernier.

"En règle générale, nous dit son président Jean-Robert Leconte, nous avons 16 à 20 palettes de lait d'avance, aujourd'hui, nous en avons 5 et il y a 15 jours, nous n'avions plus de lait du tout."

Deux raisons à cela selon lui, après une augmentation des dotations de l'Europe pendant la période de la crise sanitaire, ces dotations qui représentent la majeure partie des approvisionnements en lait des banques alimentaires ont aujourd'hui diminué de 20 %. Et puis les laiteries avaient annoncé également une baisse de leurs dons de surplus.

"On nous avait prévenu, il a plusieurs mois que les dons allaient diminuer en 2023" révèle Jean-Robert Leconte. 

Une pénurie de lait ?

Y aurait-il une crise de la production ?

Pas du tout nous répond-on à la Fédération Nationale des Producteurs de Lait.  "Il y a bien une baisse du cheptel amorcée depuis quelques années, déclare-t-on à la FNPL mais la France exporte toujours 40 % de son lait." On est donc loin d'une pénurie.

Même si Lactalis, par exemple, nous dit qu'un accord vient d’être signé pour 2023 "avec la Banque alimentaire pour 27 palettes dédiés à la Banque Alimentaire de Rennes à Pacé et 21 palettes à la Banque Alimentaire de Nantes", la filière lait a bel et bien réduit ses dons.

"Le don de lait a été divisé par deux depuis deux ans"

"Nous sommes le dommage collatéral des négociations entre les producteurs et les laiteries" regrette Yesim Broet, responsable des ressources alimentaires à la Fédération des banques alimentaires. La baisse des dons de lait a commencé selon elle il y a deux ans. Et depuis, les arbitrages économiques, que ce soit dans la grande distribution, les laiteries ou chez les éleveurs-producteurs, se font au détriment des dons.

"Le lait est un produit de base qui est un bon indicateur de la raréfaction des dons"

Yesim Broet, Fédération des banques alimentaires.

"Les acteurs de la filière laitière se trouvent avec des quantités moindres de lait à offrir à l'aide alimentaire, déplore-t-elle. Ce don de lait a été divisé par deux depuis deux ans. Ce qui nous oblige à réduire les quantités qu'on distribue à nos bénéficiaires."

La Banque alimentaire va devoir acheter au prix fort cette denrée de base. Mais encore faut-il qu'elle ait les finances pour.

Distribuer moins à plus de monde

Cette baisse des dons arrive à un moment où la crise économique touche encore plus fortement ceux qui étaient déjà en difficulté et oriente encore plus de monde vers les associations caritatives.

Les 79 banques alimentaires de France qui aident 2,2 millions de bénéficiaires via 5700 associations, se trouvent donc dans la situation de devoir distribuer moins de dons à un public plus nombreux (10% de bénéficiaires en plus au premier semestre 2022).

"La conjoncture ne va pas s'améliorer, s'inquiète Yesim Broet. L'acte du don n'est plus un acte prioritaire."

Et cette baisse de dons touche toute la filière animale, viande, œufs, poissons. Et également les fruits.

"Il faut sensibiliser les acteurs de la filière laitière"

Yesim Broet, Fédération des banques alimentaires.

D'autres associations caritatives nous ont dit ne pas connaître encore cette baisse d'approvisionnement. Le Secours Populaire ou les Restos du Cœur notamment.

L'antenne angevine des Restos du Cœur, qui rayonne sur 28 centres dans le Maine-et-Loire, a de quoi fournir.

"J'ai sept palettes sous les yeux", nous déclare au téléphone Jean-Marie-Thouroux, le responsable des approvisionnements. L'association a bien connu une rupture ponctuelle début décembre mais qui n'a pas duré. Comme la rupture concernant l'approvisionnement en œufs du fait de la grippe aviaire en octobre. Là encore ça n'a été que momentané.

"Du lait, on essaye d'en distribuer tant que l'on peut, s'inquiète Patrice Houdbine, de la Banque Alimentaire du Maine-et-Loire, mais quand on en n'aura plus, on n'en distribuera plus."

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