Les agressions et les attaques vi-à-vis des élus ne datent pas d'hier. Pour Nadège Placé, cela a commencé en 2020, au moment où elle a annoncé sa candidature aux élections municipales. Pendant deux ans, celle qui est devenue maire de sa commune, a subi les violences verbales de son ancien colistier, qui siégeait dans l'opposition au conseil municipal. Une affaire jugée au tribunal de Nantes ce lundi.
Les faits avaient débuté dès l’annonce de la candidature de Nadège Placé aux élections municipales de 2020 à Vue en Loire-Atlantique. Ils se sont ensuite renforcées après son élection.
Nadège Placé accuse Pascal Rabévolo, qui fut un temps son colistier, avant de devenir conseiller d’opposition, de propos et de comportements déplacés.
Il est notamment question de mails insultants contestant sa légitimité de maire, ou de prises de paroles irrespectueuses lors des conseils municipaux. Des actes qui ont valu l’intervention des gendarmes à deux reprises.
Démis d'office en août 2021 pour ne pas voir honoré son rôle d’assesseur pendant les élections départementales et régionales, Pascal Rabévolo a été placé sous contrôle judiciaire en décembre dernier.
Une tribune co-signée par 550 élus
Cette affaire, comme d'autres, était remontée au plus haut niveau de l'état. Le 23 novembre dernier, en marge du Congrès des maires, une lettre, à l'initiative des associations des maires de Loire-Atlantique et des maires ruraux de Loire-Atlantique signée par 550 élus, maires et adjoints de tous bords avait été transmise à Emmanuel Macron.
Ils y dénonçaient les "tags insultants sur les murs des mairies ou de nos maisons, menaces de mort, agressions physiques, outrages, insultes et intimidations sur les réseaux sociaux : nous ne comptons plus les attaques vis-à-vis des élus, dont le nombre ne cesse d’augmenter jour après jour."
Monsieur le président de la République, vous êtes notre dernier rempart
tribune signée par 550 élus à l'adresse d'Emmanuel Macron
C'est ainsi que les élus ont imploré le Président, réclamant davantage de moyens pour la police, la gendarmerie et la justice.
Suite à cette sollicitation, les élus n'avait rien vu de concret se mettre en place.
Mais après près l'incendie de sa maison, sa démission motivée par l'absence de soutien de l'Etat, le maire de Saint-Brevin a rappelé l'existence d'un climat de violences qui pèse sur les élus.
En 2020 année d'élections municipales, via son Observatoire l'Association des Maires de France avait recensé 233 agressions de maire, puis 900 élus démissionnaires en raison de climat de violence en 2022.
Le Procureur de Nantes dit avoir recensé 29 plaintes d'élus l'an passé, pour des faits de harcèlement, menaces, agressions, et aujourd'hui, l'Association des maires de France demande une réelle étude du phénomène des agressions d'élus.
Joël Balandraud Maire (UDI) d'Evron en Mayenne et secrétaire général adjoint de l'Association des Maires de France plaide pour que "toutes les agressions soient notées, marquées pour que les dossiers puissent remonter. Si chacun se tait, pour ne pas avoir de souci, cela fait monter le laxisme et la violence chez les autres qui se sentent impunis". Par ailleurs la réponse pénale doit, selon lui, être au moins aussi lourde quand on agresse un maire que lorsqu'on s'attaque à un policier.
Depuis ses mésaventures, Nadège Placé, qui depuis deux ans dénonce la lenteur de la justice et des classements sans suite encore trop nombreux, espérait cette fois être entendue par les juges.
►Son agresseur a été condamné ce lundi à trois ans d'interdiction de se rendre en mairie, trois ans d'interdiction d'entrer en contact avec la maire et 2000 euros d'amende. S'il ne respecte pas ce jugement il risque trois ans de prison.
Pascal Rabévolo a 10 jours pour faire appel de ce jugement.