Rebondissement dans l'affaire Jonathan, du nom de cet enfant de 11 ans enlevé en 2004 à Saint-Brévin-Les-Pins, en Loire-Atlantique et dont le corps avait été retrouvé un mois plus tard dans un étang de Guérande. Le suspect allemand va être extradé.
Qui n' a pas entendu parler de cette affaire qui a suscité une enquête hors du commun ?
Le 7 avril 2004, il y a donc près de 17 ans, Jonathan Coulom, était enlevé dans la nuit, dans un dortoir d'un centre de vacances, alors qu'il participait à une classe de mer, à Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique.
Le corps retrouvé à Guérande
Un peu plus d'un mois plus tard, le 19 mai, on retrouvait son corps dans un étang de Guérande, quelques kilomètres plus au nord de la Loire.
Après les premiers mois d'enquête, une cellule spéciale avait été créée par la gendarmerie pour poursuivre les investigations. Des centaines d'auditions, des milliers d'actes se sont succédés, quelques pistes ont donné l'espoir de déboucher, mais rien.
Il a fallu attendre 2018 pour que, sur le témoignage d'un détenu emprisonné en Allemagne, l'enquête rebondisse.
Cet homme disait avoir été incarcéré avec un codétenu qui avait évoqué cette affaire et un sac à dos égaré à Saint-Brévin à l'époque des faits. Un appel à témoins avait été lancé pour retrouver la trace de ce sac en cuir très particulier.
L'année suivante, le juge en charge de l'instruction de cette affaire lançait un mandat d'arrêt européen à l'encontre de Martin Ney, ce détenu de 49 ans qui purge une peine à perpétuité pour plusieurs meurtres et viols de jeunes garçons.
Des similitudes avec des crimes en Allemagne
Très tôt dans l'enquête d'ailleurs, la police allemande avait eu des soupçons, constatant des similitudes dans les enlèvements et les meurtres instruits en Allemagne et l'affaire Jonathan. Mais la piste n'avait pas été jugée pertinente à l'époque.
Selon nos confrères de Ouest-France, "Martin Ney doit être extradé ce vendredi 22 janvier, pour être mis en examen à Nantes." Ce qui nous a été confirmé. Martin Ney sera en France le 22 et présenté au juge le 23 janvier. Un faisceau d'indices graves et concordants va dans le sens, nous a-t-on dit, d'une mise en examen. Un renvoi devant une Cour d'Assises semble se dessiner.
En attendant, la procédure prévoit ce transfert de Martin Ney pour une période de 8 mois en France, le temps d'instruire l'enquête le concernant.
► voir l'historique de l'affaire
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"Cette annonce suscite beaucoup d'espoirs"
L'avocate, maître Catherine Salsac, dit espérer une mise en examen et "une nouvelle enquête" autour de la personne de Martin Ney. Si cette piste devait se confirmer, la cellule d'enquête qui existe toujours, pourrait voir ses moyens étoffés.
"Cette annonce suscite beaucoup d'espoirs (pour la mère de Jonathan) dit l'avocate. Puisqu'elle ne pourra faire son deuil que si elle peut mettre un nom et un visage sur ce qui s'est passé. Même si le temps a passé et que l'inpatience n'est plus la même."
La maman de Jonathan espère aussi ne pas être déçue et devoir repartir sur de l'incertitude, dix-sept ans que Virginie, sa maman, attend des explications. Elle ne sait rien depuis la mort de son fils. "J’ai besoin de savoir si mon fils a souffert surtout, j’ai besoin de savoir. Une partie de moi espère que c’est lui, qu’il avouera, je veux que ça soit la bonne personne, je ne veux pas, non plus, que ça ne soit pas la bonne personne et qu’il soit jugé s’il n’a rien fait, mais j’ai une partie de moi qui serait soulagée s’il avoue que c’est lui et que enfin mon fils sera vengé." nous confie-t-elle.
Au delà de cette famille, il y a aussi tous les autres enfants, les personnels qui avaient participé à ce séjour de classe de mer et les nombreux enquêteurs de la gendarmerie qui ont travaillé sur ce dossier, qui attendent aussi de savoir ce qui s'est passé le 7 avril 2004.