Que reste-t-il quand l'amour s'évanouit ? La musique. Mélancolique, pudique et magnétique, celle de Kid Francescoli raconte depuis deux albums la fin d'une love story transatlantique entre le Marseillais Mathieu Hocine et la New-Yorkaise Julia Minkin. Interview.
Il n'y a pas que du hip hop sous le soleil de Marseille. Depuis quelques années, la scène pop et électro se réveille comme la nature au printemps, donnant quelques beaux bourgeons prêts à éclore.
Kid Francescoli s'inscrit dans cette renaissance. Fondé en 2000 par Mathieu Hocine, le projet aboutit à un premier album en 2006, suivi d'un deuxième en 2010.
Mais c'est assurément avec le troisième opus, "With Julia", que Kid Francescoli trouve sa voie, et sa voix, celle de Julia Minkin, rencontrée à New York quelques mois auparavant. Après une histoire d'amour qui ne rime pas avec toujours, c'est l'heure du retour à Marseille pour Mathieu Hocine. Un retour gagnant.
L'idylle est terminée, pas leur collaboration. L'album "With Julia" raconte leur désamour. "Play me again" sorti début mars raconte la suite, la naissance d'une complicité musicale, quelque chose qui sonne comme une évidence. La preuve...
Mathieu - Non au contraire parce que les objectifs sont toujours de plus en plus haut: sortir un meilleur album, aller jouer encore plus loin et plus longtemps, etc
Tournée, album, promo... Reste-t-il d'ailleurs de la place pour le rêve ?
Mathieu - Oui complètement, j’ai toujours rêvé de faire ça, et aujourd’hui, que ce soit en studio ou sur la route, le rêve a pris forme et se répète sans lassitude. Même les interviews et les questions auxquelles je suis en train de répondre en ce moment même en faisaient partie, je suis donc dans une sorte de rêve éveillé perpétuel.
Et le football dans tout ça ?
Mathieu - Le football a toujours fait partie de ma vie, au même niveau que la musique. Je passe autant de temps sur les sites de foot que sur ceux de musique sur internet, et je suis vraiment l’OM, les matches, les actus et le mercato assidûment. Mais la seule chose qui le lie vraiment à la musique est le nom, rien de plus.
Mathieu - Quelque chose d’artistique dans sa manière de jouer, dans son toucher de balle, sa façon de presque caresser le ballon: il semblait danser ou voler sur le terrain. Il y avait beaucoup de très bons joueurs à l’OM à son époque, parmi les meilleurs d’Europe, mais son style faisait qu’il était vraiment différent et le plus beau à voir jouer.
Vous êtes de Marseille, une ville qui vous fascine mais ne vous influence pas forcément, dîtes-vous ? Quelles sont vos influences?
Mathieu - Je suis fasciné par la beauté de Marseille c’est vrai, mais je ne pense pas forcément que ce soit une source d’inspiration. Je suis plus influencé par les choses de la vie, les rencontres, les aventures… mais la chose qui m’inspire le plus reste je pense mon amour pour la musique.
Pour rester dans les villes, New York où vous avez séjourné plusieurs fois a-t-elle influé sur votre style ?
Mathieu - Pas forcément mais cette ville m’a permis de me libérer, de me poser moins de questions en composant. Dans une même journée à New-York vous pouvez voir un groupe de jazz, des danseurs de hip-hop fantastiques, d’excellents musiciens de rue ou de métro, un joueur de banjo dans un parc: la musique est partout et il n’y a absolument aucune cloison entre les styles, c’est un tout.
Mathieu - Mes idoles de jeunesse sont Queen, Nirvana et Oasis.
Ou serait-ce plutôt du côté du cinéma qu'il faut chercher votre amour pour la musique ?
Mathieu - Il y a beaucoup des compositeurs de musique de film que j’adore et qui continuent à m’influencer, Ennio Morricone, John Carpenter, François de Roubaix, mais ils sont arrivés plus tard.
Vous à Marseille, Julia à New York. Ça ne doit pas être simple tous les jours ?
Mathieu - Julia a obtenu depuis notre première tournée un visa d’artiste, elle est marseillaise depuis 2 ans maintenant, ce qui simplifie grandement les choses.
Mathieu - La suite, sa venue à Marseille, sa découverte de la France et les heures passées ensemble sur la route à développer une complicité musicale de plus en plus forte.
Était-ce une évidence pour vous de continuer l'aventure musicale ensemble ?
Mathieu - Avec elle oui, parce que je sentais qu’il y avait encore des choses à dire sur cette histoire, et le changement de situation géographique pour elle, la découverte de la France à travers ses yeux nous donnaient des choses à raconter. Et techniquement nous avons pu travailler en studio ce qui nous a laissé beaucoup plus de liberté pour expérimenter.
Quel commentaire vous suggère cette vidéo ? Das Kinø, un groupe nantais qui vient de sortir son premier album...
La présidentielle, ça vous cause ? Quelle est la première mesure que vous aimeriez voir appliquée ?
Mathieu - Ça me cause parce que j’ai mon avis et ma préférence pour un candidat; j’irai donc voter mais je ne suis pas assez impliqué pour vous dire quelle mesure je pense être le plus urgente. La politique me parait tellement compliquée que je me demande comment autant de personnes peuvent avoir un avis tranché dessus, en parler comme si ils avaient la solution évidente à tous les problèmes que peut rencontrer une société. On parle quand même de la gestion d‘un pays…
Est-ce que vous êtes un musicien normal ?
Mathieu - « Normal » ? Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?
Merci Mathieu Hocine, merci Kid Francescoli
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