A Nantes, le laboratoire IGNA dresse ses premiers portraits-robots par l'ADN

L'Institut génétique Nantes-Atlantique (IGNA) est l'un des premiers laboratoires français d'expertises criminalistiques à utiliser des traces d'ADN pour établir les caractéristiques physiques d'un suspect et ainsi son "portrait-robot génétique", un "outil d'aide" pour les enquêteurs.

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Utilisé depuis la fin des années 1980 pour résoudre des affaires criminelles, l'ADN permettait seulement de comparer les traces relevées sur une scène de crime avec celles d'un suspect. Puis, à partir de 1998, on a pu les rapprocher du Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), qui contient aujourd'hui quelque trois millions de profils génétiques.

Désormais, même en l'absence d'un profil dans le fichier national, les experts peuvent "à partir de quelques cellules", "déterminer la couleur des yeux ou des cheveux, ou définir l'origine ethno-géographique d'une personne", explique Soizic Le Guiner, l'une des directrices déléguées de l'IGNA, laboratoire privé créé à Nantes en 2003.

Car après avoir été longtemps interdite en France, la prédiction morphologique a finalement été autorisée par un arrêt de la Cour de cassation le 25 juin 2014, après qu'un laboratoire de Bordeaux a fourni les caractéristiques physiques d'un suspect dans une enquête sur une série de viols à Lyon.

Demain, la calvitie

"Aujourd'hui, on peut déterminer la couleur des yeux, demain on pourra aller chercher la présence de tâches de rousseur ou de calvitie", assure Soizic Le Guiner. "Au tout début de l'ADN, il fallait du matériel, une bonne tâche de sang ou de sperme", rappelle-t-elle. Désormais, "un fifrelin" suffit pour avoir une empreinte génétique.

Dans les locaux flambants neufs du laboratoire, à Saint-Herblain, dans la banlieue de Nantes, chaque trace de sang ou fluide biologique laissé sur un scellé, chaque mégot de cigarette abandonné sur une scène de crime est scruté par la douzaine d'experts criminalistiques, munis de blouses, charlottes, masques et gants pour parer à toute contamination.

Bien avant l'autorisation du "portrait-robot génétique" par la justice, l'IGNA avait réalisé, dès 2006, des premières prédictions morphologiques. Sous la houlette de son fondateur, le professeur Jean-Paul Moisan, pionnier de l'ADN en France, les experts avaient mis au point un test d'orientation géo-génétique, le Togg.

Celui-ci permettait de définir l'origine d'un individu "à partir de séquences non codantes de l'ADN", l'analyse des séquences codantes étant interdites, retrace Marie-Gaëlle Le Pajolec, autre directrice déléguée de l'IGNA. Mais face au tollé et aux accusations de "contournement de la loi", l'équipe du professeur Moisan, décédé en 2012, avait "préféré arrêter".

"Toujours décrié", le portrait-robot par l'ADN "n'apporte pas plus d'informations qu'un témoignage", pondère Marie-Gaëlle Le Pajolec.
L'aspect d'une personne dépendant de la coiffure, du maquillage ou de l'alimentation, "c'est utopique de penser qu'on va sortir de la machine la photo d'un individu à partir d'une trace ADN". Mais cela reste "un outil d'aide à l'enquête. Il peut conforter une description faite par un témoin", ou aider à identifier une victime, renchérit Soizic Le Guiner.

Pour faire la différence dans ce secteur très concurrentiel entre laboratoires privés mais aussi avec les laboratoires de la police nationale, l'IGNA se targue d'être "l'un des premiers" en France à s'être doté, en début d'année, d'un séquenceur haut débit, "beaucoup plus performant" que d'autres techniques d'analyse utilisées actuellement.

"Au lieu de détecter des variations dans l'ADN en les testant ponctuellement, on séquence toutes les régions qui nous intéressent", détaille Marie-Gaëlle Le Pajolec, selon laquelle cette nouvelle technique a déjà fait ses preuves, sur un échantillon très dégradé relevé sur une mâchoire, qui a permis de déterminer qu'elle appartenait à un homme de type caucasien.

La technique de séquençage est également en cours d'utilisation sur plusieurs "cold cases" (affaires non élucidées), selon les directrices du laboratoire nantais qui a travaillé sur de grandes enquêtes criminelles, comme le meurtre du petit Grégory, les affaires Godard ou Dupont de Ligonnès, en plus des quelque 500 dossiers traités par mois.

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