La société française Pixium Vision, qui développe des systèmes de restauration de la vue, a annoncé mercredi le succès d'une première implantation chez un patient de son nouvel implant épi-rétinien Iris II, qu'il espère pouvoir commercialiser en Europe dès mi-2016.
Doté de 150 électrodes, trois fois plus que le prototype Iris I, pour stimuler artificiellement la rétine déficiente et lui redonner une vision des formes et
des mouvements, Iris II se destine à des patients devenus aveugles d'une rétinite pigmentaire, maladie génétique et dégénérative qui touche 20.000 à 40.000 personnes en France.
"Cette première mondiale, réalisée chez un patient de 58 ans, s'est déroulée avec succès", a déclaré dans un communiqué le professeur Michel Weber, chef du service d'ophtalmologie du CHU de Nantes où l'implantation a eulieu en janvier.
"Après des années dans le noir, le patient a été activé. Il a déclaré percevoir des premiers signaux lumineux" et va entamer une rééducation en accord avec le protocole clinique pour apprendre à interpréter ces perceptions, a ajouté Michel Weber.
Après huit patients implantés avec Iris I, "jusqu'à dix patients" seront implantés du nouveau modèle dans plusieurs centres spécialisés en Europe dans le cadre de cet essai clinique, selon Pixium.
La société française prévoit un lancement commercial d'Iris II en Europe vers mi-2016, sous réserve de l'obtention du marquage CE, dont elle a déposé le dossier en décembre.
Cette jeune société, fondée en 2012 et cotée en Bourse depuis juin 2014, n'est pas la seule dans la course à l'oeil "bionique" : la société californienne Second Sight commercialise déjà en Europe et aux Etats-Unis un implant similaire, Argus II. Une entreprise allemande, Retina Implant, est par ailleurs aussi en compétition, mais son dispositif n'est pas encore commercialisé.
"Nous avons du retard par rapport à Second Sight, mais notre implant est plus avancé sur le plan technologique", a estimé le président de Pixium Vision, Bernard Gilly, interrogé par l'AFP.
Le système américain commercialisé est actuellement doté de seulement 60 électrodes. Il n'est en outre pas conçu pour pouvoir être explanté, contrairement à celui de Pixium, qui promet de permettre ainsi aux patients de pouvoir bénéficier un jour du remplacement ou d'une version améliorée de leur dispositif, sans dégrader la rétine.
Second Sight a annoncé en juillet dernier une première implantation réussie d'Argus II chez un patient britannique atteint de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), un marché potentiel bien plus important que la rétinite pigmentaire car affectant un quart des personnes de plus de 75 ans.
Pixium Vision compte débuter avant la fin de l'année une étude de faisabilité chez l'homme pour son implant de nouvelle génération, PRIMA, ciblant la DMLA.
Outre les implants, la recherche médicale explore aussi les pistes entrouvertes par la thérapie génique et la thérapie cellulaire pour restaurer la vue.