Des "Quatre saisons" aux imitations de chants d'oiseaux, la 22e édition de la "Folle journée" de Nantes, festival de musique classique populaire et exigeant, célèbre de mercredi à dimanche cinq siècles de compositions autour du thème de la nature.
En "pleine actualité", dans la foulée de la COP21, le thème de cette édition avait "été arrêté il y a trois ans" pour "montrer à quel point la nature est essentielle pour l'inspiration des musiciens, depuis la Renaissance jusqu'à la musique d'aujourd'hui", explique René Martin, créateur et directeur artistique de ce festival qui, depuis 1995, veut briser les préjugés sur la musique classique.
Tout en "gardant la même exigence artistique", le festival, qui "connaissait un essoufflement", s'est tourné il y a deux ans "vers des thématiques qui permettent de balayer plusieurs siècles de musique classique et ouvrir à d'autres musiques", souligne Joëlle Kerivin, nouvelle directrice générale de la société organisatrice. Après la musique américaine du XXe siècle pour les 20 ans, puis les passions lors de la précédente édition, et avant la danse en 2017 et l'exil en 2018, la thématique de la nature fait une large place à la découverte d'oeuvres rares et aux projets singuliers, à côté des "grands classiques".
Folle journée de découvertes
Signe de l'appétit du public pour ce "thème universel" et du succès grandissant de la "Folle journée", 103.000 billets ont été écoulés en 24 heures, sur les 160.000 à la vente, pour les quelque 300 concerts qui seront donnés pendant cinq jours, du matin jusque tard le soir. Les mélomanes pourront écouter les "Quatre saisons" de Vivaldi dans trois ou quatre versions différentes, mais aussi sa "reconstitution" pour musique électronique, imaginée par le compositeur allemand Max Richter.>> Découvrez la programmation complète de la Folle Journée 2016 en cliquant ici
"De la puce à l'araignée, en passant par le dinosaure", René Martin rend aussi hommage aux animaux, en programmant de nombreuses oeuvres autour du bestiaire - sur les près de 800 qu'il a pu répertorier -, dont le célèbre "Carnaval des animaux" de Camille Saint-Saëns.Le directeur artistique promet une "Folle journée de découvertes" avec des ensembles de musiques traditionnelles, venus d'Iran, de Chine ou du Japon, où la musique est très empreinte de nature. L'occasion pour les néophytes d'entendre les sons d'un kamanche andalou, d'un taïko (un tambour) japonais ou d'un erhu (violon) chinois, joués par de "grands maîtres".
Le festival s'ouvre sur la musique actuelle et contemporaine, avec la création "Time Lapse", une collaboration du bruiteur sarthois Ezra et du pianiste Francesco Tristano, qui mêlera beat box et musique classique. L'astrophysicien Hubert Reeves montera une fois par jour sur scène pour conter le cosmos, dans un spectacle intitulé "Cosmophonies", avec l'Ensemble Calliopée, tandis que deux imitateurs de chants d'oiseaux viendront siffler des milliers de sonorités. Le concert d'ouverture sera joué mercredi soir simultanément à la Cité des Congrès de Nantes et dans sept communes de la métropole par huit solistes interprétant la sonate au "Clair de lune" de Beethoven, une première née de "l'envie d'ouvrir vers des publics qui ne viendraient peut-être pas vers ces «Folles journées»", indique Joëlle Kerivin.
Outre cette délocalisation dans la métropole nantaise, la "Folle journée" investira la serre du Jardin des Plantes pour une immersion, les yeux bandés, dans un univers de sons enregistrés dans la nature, des chants de glace aux vibrations d'insectes, recueillis par l'audio-naturaliste Boris Jollivet, "une expérience absolument incroyable", assure René Martin.
Le festival se déclinera également à Bilbao (Espagne) en mars, au Japon en avril-mai, à Ekaterinbourg (Russie) en juillet et à Varsovie en septembre.
