Le conflit israélo-palestinien mobilise régulièrement à Nantes où les manifestations se succèdent pour demander un cessez-le-feu. Cette guerre meurtrière s'expose aussi depuis plusieurs jours sur les marches d'un grand escalier situé dans le quartier Chantenay et dont les 120 marches ont été repeintes aux couleurs du drapeau palestinien. L'opposition municipale s'étonne que la ville n'ait pas fait effacer cette peinture.
L'escalier qui mène des berges de la Loire à la butte Sainte-Anne, dans l'ouest de la ville de Nantes, avait été érigé en 1850 dans le cadre d'une politique de désenclavement de ce quartier.
C'est aujourd'hui un très joli lieu de promenade qui permet de dominer la ville et le fleuve et qui mène, à son sommet, au charmant musée Jules Verne et, un plus loin, au planétarium.
C'est aussi, avec ses 120 marches, un lieu prisé des sportifs qui aiment à venir s'y durcir cuisses et mollets.
Repeint de haut en bas
Le voilà, depuis quelques jours, au centre d'une polémique à la fois locale et internationale.
Dans la nuit du 7 au 8 mars, les contremarches de l'escalier ont été peintes par des mains anonymes aux couleurs du drapeau palestinien, rouge, vert, blanc et noir.
Au sein du Conseil Municipal, l'élue d'opposition, Laurence Garnier, a demandé à la maire de Nantes de faire nettoyer les marches.
"Il n'est pas opportun d'importer à Nantes le conflit israélo-palestinien"
"C'est une fresque qui pose problème", estime Laurence Garnier, conseillère municipale LR. Celle qui est aussi sénatrice estime qu'en n'ayant pas fait enlever cette peinture, la maire de Nantes, Johanna Rolland, prend parti dans le conflit israélo-palestinien.
"Il n'est pas opportun de prendre parti dans ce conflit, dit-elle, d'importer à Nantes le conflit israélo-palestinien. C'est important de respecter chacun."
Laurence Garnier regrette que "l'on choisisse un camp contre l'autre" et s'inquiète des conséquences de ce symbole qui, selon elle : "heurte les uns pour faire plaisir aux autres".
"Le Hamas, ce n'est pas le peuple palestinien"
De son côté, la maire de Nantes répond que cette polémique lancée par son opposante est une "instrumentalisation" des souffrances et critique la posture de Laurence Garnier.
"Autant j'ai condamné dès le 7 octobre l'effroyable acte terroriste du Hamas, déclare Johanna Rolland dans un communiqué, autant l'hyperviolence indiscriminée ordonnée par le Gouvernement Netanyahu est bouleversante et révoltante. Je la condamne très clairement. Je demande la libération des otages pour laquelle la Ville avait illuminé le théâtre Graslin en octobre dernier aux couleurs du drapeau d’Israël. Il faut un cessez-le-feu immédiat pour arrêter le massacre de civils innocents à Gaza, ce que symbolise ce drapeau palestinien sur l'escalier. Le Hamas, ce n'est pas le peuple palestinien... les enfants sont les mêmes dans les kibboutz et à Gaza. La morale, c’est de ne pas avoir d’indignation à géométrie variable."
"Il y a d'autres moyens de s'exprimer"
Au pied de l'escalier, Vincent, un jogger habitué des lieux, ne veut pas juger la cause exposée par cette peinture, mais, regrette, dit-il, "l'irrespect des biens publics".
Valérie, pense, elle aussi, que la fresque dénature le monument. Tout comme Pascal : "Il y a d'autres moyens de s'exprimer", dit-il.
A l'inverse, Marianne est satisfaite que les couleurs n'aient pas été enlevées.
"On ne peut pas laisser faire ce qui se passe en ce moment, c'est affreux, déclare-t-elle. C'est très important qu'on marque plus que notre solidarité, qu'on empêche ce génocide. II ne s'agit pas de nier les crimes qui ont été commis le 7 octobre, mais là, vous avez une population affamée. Les gens ne peuvent pas sortir, ne peuvent se nourrir, ne peuvent pas vivre, ne peuvent pas se faire soigner… heureusement qu'à Nantes, on a ça. Je suis contente de voir que ça n'a pas été effacé."
Inquiétude dans la communauté israélite de Nantes
De son côté, le Consistoire Israélite de Nantes a envoyé un courrier au Préfet de Loire-Atlantique et à la maire de Nantes, dans lequel il précise qu'il n'est pas insensible à ce qui se passe à Gaza, mais souhaite rappeler que cela fait suite aux massacres perpétrés le 7 octobre par le Hamas et aux prises d'otages.
"Nous considérons, écrit René Gambin, le président du Consistoire, que ce drapeau palestinien peint sur le sol de notre ville est le signe redoutable d'une inscription qui ne peut qu'attiser les haines dans une période où l'antisémitisme est partout présent et qui, de ce fait, met notre communauté en grand danger".
►Voir le reportage de Guillaume Perrot, Cyril Dudon et Mattéo Gaudin.
Olivier Quentin avec Guillaume Perrot
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