Le réalisateur Jean-Xavier De Lestrade l'a confirmé lui-même. Le tournage de la mini-série pour France 2 inspirée par l'affaire Laëtitia se fera ailleurs qu'à Pornic. Ce projet révélé à l'automne dernier avait choqué les proches de la jeune fille assassinée en 2011.
"Ce drame a tellement marqué les gens qu'il n'est pas possible de tourner à Pornic." C'est par ces mots que le réalisateur Jean-Xavier De Lestrade a annoncé à France 3 Pays de la Loire qu'il renonçait à venir filmer sur les lieux du drame dans le cadre d'une série de 4 x 52 minutes pour France 2. Pour éviter toute polémique avec les proches de Laëtitia Perrais, il a décidé de déplacer ses caméras dans une région éloignée, dans la baie de Somme.Début 2011, la jeune Laëtitia avait été sauvagement assassinée par Tony Meilhon. Âgée de 18 ans, elle vivait à Pornic et travaillait dans un hôtel-restaurant à La Bernerie-en-Retz (44). Sa disparition dans un premier temps puis les circonstances de sa mort avaient ému un pays tout entier. Son meurtrier l'avait enlevé, agressé sexuellement et tué en la démembrant. Pour ses faits, l'homme a été condamné à la prison à perpétuité en 2013.
La petite annonce polémique
Le drame de Pornic est revenu dans l'actualité en octobre dernier lorsqu'une annonce de casting de cinéma pour trouver 2 soeurs jumelles de 17 à 20 ans a été relayée dans la presse. Sans avoir été informée en amont de ce projet TV, la famille Perrais demande aussitôt l'annulation du tournage. Delphine Perrais la tante de Laëtitia lance une pétition en ligne "Non à la série Lætitia" qui recueille plus de 2.000 signatures. Face à cette mobilisation, le réalisateur Jean-Xavier De Lestrade décide alors de se rapprocher et rencontrer plusieurs membres de la famille ainsi que Me Cécile de Oliveira, l'avocate de la soeur jumelle de Laëtitia, pour préciser sa démarche. Le dialogue s'instaure, les repérages des lieux de tournage se poursuivent mais face au cadre émotionnel encore très présent sur place, 7 ans après les faits, l'auteur finit par abandonner tout projet de tournage dans le pays de Retz.Un documentariste multi-récompensé
Jean-Xavier De Lestrade est un cinéaste français d'envergure, récompensé d'un Oscar du meilleur film documentaire en 2002 pour Un coupable idéal, l'histoire d'un adolescent noir américain accusé à tort du meurtre d'une touriste en Floride. Il décroche aussi le Prix Albert Londres pour son enquête sur le génocide rwandais.
Spécialisé dans les magazines d'information TV à ses débuts en 1990, ce réalisateur de documentaires indépendant s'intéresse à la société et ses tabous comme la violence sexuelle ainsi qu'aux dérapages de la mécanique judiciaire.Dans deux de ses productions, il filme à partir de faits-divers marquants comme l'affaire Véronique Courjault et l'affaire Suzanne Viguier. Plus que les faits juridiques, il privilégie à l'image le parcours, l'émotion et le passé de ces personnes centrales.
Après le livre, une série
Pour cette série, Jean-Xavier De Lestrade adapte le livre de l'historien et écrivain Ivan Jablonka paru en 2016 : Laëtitia ou la fin des hommes, prix Médicis.Le réalisateur confirme qu'aucune scène ne sera tournée dans la région des Pays de la Loire. La diffusion de cette mini-série en 4 épisodes est prévue pour le premier semestre 2020 sur France 2.