Comment les musées enrichissent-ils leurs collections ? On vous explique tout

D'un musée à l'autre, les budgets d'acquisition varient mais il y a aussi les dons et les mécénats. "Il faut être malin" nous dit la directrice du Musée d'Arts de Nantes.

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"C’est la vitalité de la politique d’acquisition qui fait la puissance d’un musée" affirme Sophie Lévy, la directrice conservatrice du Musée d'Arts de Nantes.

Et pour assurer ce dynamisme, elle s'appuie sur ses quatre conservateurs qui chacun ont leur domaine d'expertise. L'art ancien, le 19ème, les collections modernes (1900-1960) et l'art contemporain.

Notre stratégie, c’est de viser le renforcement de nos axes de force plutôt que de compléter nos axes de faiblesse.

Sophie Lévy, Directrice du Musée d'Arts de Nantes

Le Musée d'Arts de Nantes dispose d'une enveloppe annuelle de 100 000 € votée par la ville de Nantes pour enrichir ses collections. "C'est à la fois beaucoup d'argent et pas énormément au regard des marchés de l'art, dit la directrice Sophie Lévy. Ça nous oblige à être malins."

"Avant, le musée était un mini Louvre"

Être malin, c'est d'abord avoir une stratégie d'acquisition. Au Musée d'Arts de Nantes, on a fait le choix de privilégier l'art surréaliste.

"Un musée a plus de saveur, d’originalité, de force, quand il a des spécificités propres, explique Sophie Lévy. Au 18ème siècle, le musée était un mini Louvre, il devait être encyclopédique. Aujourd’hui, la force d’un musée, c’est sa saveur, sa singularité."

Ce musée a pu enrichir ses collections grâce, entre autres, aux dons d'artistes.

"Seton Smith, une artiste américaine, raconte Sophie Lévy, s’est posée la question du devenir de ses œuvres. Elle s'est souvenue que le musée de Nantes lui avait consacré une exposition au début des années 80 qui a compté pour elle. Et elle a souhaité offrir au Musée des Arts une sélection de ses œuvres."

Une œuvre de 150 000 euros offerte

Les dons sont une opportunité importante pour les musées. Ce que confirme l'adjoint à la culture d'Angers, Nicolas Dufetel. Sans donner plus de détails, ils nous apprend qu'une collection importante devrait rejoindre prochainement le musée d'Angers. Un don. Mais on n'en saura pas plus pour le moment.

Il faut que les œuvres fassent sens dans la vie du musée.

Nicolas Dufetel, adjoint à la culture et au patrimoine d'Angers

Une terre cuite "Le triomphe de Flore" de Jean-Baptiste Carpeaux (sculpteur du XIXème) d’une valeur de 150 000 € a également été offerte à la ville d'Angers pour ses collections. Le généreux donateur a souhaité rester anonyme.

Donner pour protéger

Sophie Lévy raconte aussi ces histoires de famille qui peuvent être bénéfiques pour les musées.

Parfois, les enfants des collectionneurs détestent la collection accumulée par leurs parents. Une collection qu’ils estiment être l’enfant préféré du père ou de la mère qui y a trop consacré de temps ou d'argent à leur goût. Le risque alors est grand de voir la collection dispersée à la mort de son propriétaire.

"Les enfants prennent en grippe la collection et le collectionneur préfère donner à un musée dont les collections sont inaliénables. On ne revend jamais nos collections" précise Sophie Lévy.

La prison d'Angers deviendra centre d'arts

Le musée des Beaux-Arts d'Angers a vu son budget d'acquisition augmenter lors de ce mandat, passant de 50 000 € à 80 000 €. Comme à Nantes, on évite de "saupoudrer" ce budget.

"Un élu est là pour donner le cap et arbitrer" estime Nicolas Dufetel.

Ainsi, l'Artothèque qui permet aux Angevins qui s'y abonnent d'accueillir chez eux des œuvres, s'est donnée pour objectif de promouvoir les artistes contemporains vivants. Et la ville a pour projet de transformer l'actuelle maison d'arrêt en centre d'arts, d'où les acquisitions actuelles qui devront y  trouver leur place.

"Ce ne sera pas pour ce mandat" prévient Nicolas Dufetel. Il faudra en effet attendre le déménagement de la prison et la restauration des bâtiments de la place Olivier Giran, très dégradés.

Des émissaires discrets dans des ventes publiques

Être malin pour Sophie Lévy, c'est aussi effectuer une veille sur internet pour être à l'affût des ventes publiques.

"L’achat en ventes publiques reste le moyen le plus économique d’acheter une œuvre d’art, constate la directrice du Musée d'Arts de Nantes. Quand on achète à un marchand d'arts, il ajoute sa marge."

Il faut donc être présent, mais discrètement, sur les ventes où une œuvre intéressante est proposée. Car les musées d'État ou territoriaux, comme celui de Nantes, peuvent préempter. C'est à dire, qu'à la fin de la vente aux enchères, le représentant du musée a le droit d'emporter l'œuvre au prix de la dernière enchère. Il a une priorité.

Mais il faut être discret, ne pas se faire repérer, car si l'on sait qu'un musée est intéressé, cela peut influencer les enchères.

"On envoie des jeunes conservateurs dont le nom n’a pas circulé dans les médias, précise Sophie Lévy. Mais on fixe à l’avance une limite de prix." C'est en effet plus raisonnable.

De généreux mécènes

Enfin, pour enrichir les collections d'un musée, il y a les mécènes. Il faut savoir que les deux tiers des dons sont défiscalisables. Cela peut être un don d'un particulier ou d'une entreprise.

"Récemment, raconte Sophie Lévy, une dame, pour remercier les musées pour les bonheurs qu’ils lui ont offert tout au long de sa vie, a fait des dons qui ont permis à des musées de faire des acquisitions. Le Musée des Arts de Nantes a ainsi pu acheter un rayogramme de Man Ray et une grande toile des années 50 de Shirley Jaffe."

C’est parfois des débats assez vifs. La ville est décideuse des achats, les acquisitions sont votées en conseil municipal.

Sophie Lévy, directrice du Musée d'Arts de Nantes

Mais au fil des acquisitions, les réserves finissent par déborder.

"Les réserves ne peuvent que grossir, avoue la directrice du Musée d'Arts de Nantes. On fait des prêts, on met en dépôt dans d’autres musées."

La richesse d'un musée, c'est aussi pouvoir ressortir des œuvres oubliées, méconnues.

"On a une relecture assez régulière de ce qui est intéressant à montrer, fait remarquer Sophie Lévy. Ça arrive que des œuvres qui n’avaient aucune valeur il y a 30 ans refassent surface."

De bonne réserves sont aussi un gage de bonnes relations avec les autres musées.

"On ne vous prête que si vous avez des œuvres intéressantes à prêter" conclut la directrice du Musée d'Arts de Nantes.

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