Après la détection d'un nouveau foyer de contamination dans un établissement à Laval, ce sont désormais trois abattoirs de la région des Pays de la Loire qui sont sous surveillance. Trois questions à François Meurens, professeur en immunologie et virologie à l'Ecole Vétérinaire de Nantes
Professeur Meurens, pourquoi selon vous les abattoirs apparaissent comme un foyer de contamination privilégié par le coronavirus ?"Déjà ce sont des lieux qui le plus souvent sont clos. Ensuite ce sont des endroits où l'atmosphère est froide, ne serait-ce que pour la bonne conservation de la viande". (NDLR: il fait en moyenne quatre à huit degrés dans un abattoir).
"Enfin ce sont des endroits où on utilise pas mal d'eau pour le nettoyage des surfaces notamment. Ces deux éléments, le froid et l'humidité, sont favorables à la persistance du virus dans l'environnement".
"On sait maintenant qu'un virus si on le met dehors, dans un environnement sec, exposé à la lumière et aux ultraviolets il va perdre beaucoup plus rapidement son pouvoir infectieux que dans ce type d'environnement là, froid et humide".
A part la température et l’humidité quels sont les autres facteurs de risques particuliers aux abattoirs ?
Dans un abattoir il y a aussi du personnel qui peut être nombreux. Avec, suivant les dispositions de chaque site, des contacts plus ou moins importants. Avec des personnes qui viennent de divers horizons (NDLR: les abattoirs emploient généralement de nombreux intérimaires en provenance d'autres pays européens, notamment de l'est de l'Europe) "et plutôt naïves par rapport à l'exposition à ce virus"
"Ce qui fait que si les protections ne sont pas optimales à un moment et que les contacts sont plus nombreux entre les personnes alors le virus, qui est persistant dans ce type d’atmosphère, aura plus de possibilités de passer d'une personne à l'autre".
"Ou alors tout simplement une personne pourra se contaminer sur un objet lui-même contaminé par exemple"
"Il y aussi la présence de ce qu'on appelle les aérosols : lorsqu'on a un jet d'eau relativement puissant on projette de l'eau et on va avoir des micro -gouttelettes . Si on dirige le jet d'eau vers une surface contaminée avec le virus on peut alors mettre en suspension le virus sur ces micros-gouttelettes".
« Enfin dans un environnement humide les masques, chirurgicaux ou de type FFP2 ont tendance à se dégrader plus vite »
Dans l’industrie de la viande, les règles sanitaires sont strictes. Masques, gants, blouses, charlottes, bottes et lavage des mains font partie du quotidien, même en dehors des périodes épidémiques. A votre avis quelles mesures de prévention supplémentaires faudrait-il mettre en place pour éviter de nouvelles contaminations dans d'autres établissements ?
« Il y a tout ce qui est contact du personnel entre eux. Par exemple dans les salles de pause c’est très important de maintenir les distances de sécurité."
« Tout ce qui est en amont même de l’abattoir, il faut essayer de limiter les contacts au niveau personnel. A l’intérieur du site, il y a certains postes où les personnes sont seules. Mais il y aussi des postes où il y a de l’interaction et là il faut être particulièrement vigilant à ce que les distances soient ,dans la mesure du possible, maintenues. Et que les mesures de protection personnelless soient suffisantes et régulièrement contrôlées et remplacées ».
« Les mesures de distanciation et de protection restent valables dans l’ensemble de la société mais évidemment dans un abattoir ca reste crucial car le risque est plus grand »
"Il faut aussi préciser que les abattoirs étant sous les feux des projecteurs, pas qu'en France mais aussi dans d'autres pays, on teste plus probablement les personnes qui travaillent dans ce type d'environnement. Ça ne veut pas dire qu'il y a d'autres types de soucis dans d'autres types d'environnement professionnels".
Enfin concernant les risques posés par la consommation de viande, pas d'inquiétude à avoir, rassurent les spécialistes : aucune infection par voie digestive n'a pour l'heure été identifiée. Généralement, la cuisson suffit à écarter tout risque éventuel.
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— Ministère des Solidarités et de la Santé (@MinSoliSante) April 3, 2020
Peut-on tomber malade en mangeant un aliment contaminé ❓
À ce stade, il n'existe pas de preuve de contamination par voie digestive.
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