COUP DE COEUR. Ada Oda : quand le rock belge prend des couleurs italiennes

Ils sont bruxellois, viennent de sortir leur premier album et commencent à faire parler d'eux avec un répertoire alliant l'énergie du rock et la musicalité de la langue italienne, les Ada Oda seront en concert à Nantes, Laval et Angers ces prochains jours, ils sont d'ores et déjà en interview ici...

Pas facile de se trouver un nom qui sonne dans notre ère numérique mondialisée. Eux l'ont trouvé, simple, efficace et tellement facile à googliser. Tapez Ada Oda sur votre moteur de recherche favori et vous tomberez sur leur compte Facebook dès la première ligne de résultat. Le début de la gloire...

Et s'il n'est pas facile de se trouver un nom, il l'est encore moins de SE faire un nom. Et là, je vous le jure sur mon plat de lasagnes du jour, Ada Oda ne peut que faire un carton, et pas un carton à pizza, non, un vrai. Il suffit de lui laisser encore quelques semaines pour digérer la sortie de son premier album, Un Amore Debole, roder ses concerts à travers notre belle Europe et dérouler un peu de promo pour que la mayonnaise (à l'italienne) finisse par prendre. Tutto è bene quel che finisce bene, comme on dit de l'autre côté des Alpes.

À l'initiative du groupe, on trouve Cesar Laloux à la composition, déjà connu pour avoir officié au sein des BRNS, et Victoria Barracato au chant, accompagnés sur scène de Marc Pirard à la basse, Alex de Bueuger à la batterie et Aurélien Gainetdinoff à la guitare.

Ah oui j'oubliais. La chanteuse Victoria Barracato chante en italien parce qu'elle a du sang italien, sicilien même. Comme son père, Franco Barracato dit Frédéric François, oui ce fameux chanteur crooner qui a fait chavirer tant de cœurs dans la deuxième moitié du XXe siècle. Interview...

Du rock venu de Bruxelles chanté en Italien et qui trouve ses racines profondes quelque part dans le Périgord, c'est plutôt atypique comme carte de visite. Pouvez-vous nous expliquer tout ça ? Comment est né Ada Oda. Et pourquoi avoir choisi la langue de Dante et d'Adriano Celentano plutôt que celle de Shakespeare et des Clash ?

César Laloux. Ada Oda prend racines à Vicq, un petit village coincé entre Bergerac, Sarlat et Périgueux entre mars et mai 2020. Je décide de suivre ma copine de l’époque en confinement chez sa maman. On pensait débarquer pour quinze jours et on y restera finalement près de deux mois. Comme il n’y avait pas grand-chose à faire et que j’avais pris mon ordinateur et un clavier midi, je me suis mis à composer de manière assez frénétique des petites maquettes sans vraiment savoir ce que j’en ferai et sans prendre de direction claire. Quand je rentre, deux mois plus tard, je trie, rassemble, et me met à la recherche d’un.e partenaire pour poser une voix. Je me souviens de Victoria, cette fille rencontrée sur Tinder un an auparavant avec laquelle on avait un peu parlé de musique. Je lui envoie les maquettes et vu la consonance de son nom de famille « Barracato », je lui demande, amusé, si elle ne veut pas tenter quelque chose en italien. Elle me répond que c’est possible et c’est comme ça qu’on commence à bosser ensemble.

Plutôt que de chanter, Victoria Barracato scande, hurle, un peu comme si elle entrainait l'équipe de foot locale mais avec un arrière-fond finalement assez mélodique et frais. Un sacré grand écart…

César Laloux. Oui, c’est la rencontre hasardeuse entre nos deux énergies et notre modus operandi qui a donné lieu à cela. Pour la plupart, les morceaux de l’album ont été pensés à la base sans chant. Donc les morceaux devaient être en soi intéressants mélodiquement…Les parties spoken words ont été ajoutées pour éviter de surcharger mélodiquement les compos tandis que les compos avec les parties plus chantées sont venues par la suite pour équilibrer l’ensemble et le rendre moins monotone.

Que racontent vos textes ? L'amour ? Le soleil ? Les spaghettis au pesto ?

César Laloux. Au risque de contredire tes impressions de paroles optimistes, ce sont essentiellement des textes qui parlent de relations conflictuelles entre les gens et de nos vies respectives à ce moment T. On était à l’époque dans des situations assez instables tant professionnellement qu'affectivement et c’est souvent cette insécurité qui transparaît dans nos paroles. C’est vrai que le fait de chanter en italien avec un certain aplomb pourrait faire croire à la dolce vita mais ça n’est pas du tout cela qu’on a voulu raconter ici.

À ce propos, pouvez-vous nous dire comment vous êtes reçus en Italie ?

César Laloux. On est tout de même un peu surpris mais c’est en fait le pays où on est le plus attendu et où on a eu le plus d’articles de presse lorsque l’album est sorti. Notre album a été numéro 3 de l’année du site Rockit, qui est une sorte d’Inrocks transalpin et on a été invité au Mi Ami festival en mai, le grand festival incontournable du nord de l’Italie. Pour eux, il y a visiblement un côté assez frais à entendre de l’Italien chanté/crié par une voix à l’accent exotique. Un peu comme lorsque Jane Birkin chante en Français pour nous, j’imagine. Ils n’arrivent pas à identifier véritablement d’où on vient et cela titille leur curiosité. Et apparemment l’Italien n’est pas souvent porté par ce genre d’esthétiques musicales, ce qui nous rend spéciaux aussi…

On sent une certaine filiation avec Wet Leg ou Dry Cleaning dans cette façon de mettre la voix en avant. Vous approuvez ? 

César Laloux. C’est deux groupes qui sont apparus au moment où on avait déjà commencé à travailler sur le projet. Je me rappelle très bien de la claque reçue la première fois où j’ai entendu Magic of Meghan de Dry Cleaning. Je me suis dit « trop cool « mais en même temps, « merde, quelqu’un a eu la même idée que nous avant nous ;-) « Bien sûr on aime bien, on comprend la comparaison et on est content que des groupes comme eux, et je pense aussi surtout à un groupe comme Gustaf, ouvrent la voie pour nous…

Plus précisément, quelles pourraient être vos influences ou du moins l’influence commune du groupe ?

César Laloux. Difficile à dire car nous avons un background assez différent Victoria et moi. Je dirais qu’Ada Oda est un mélange de rock des années 2000, de post-punk des années 80 et contemporain, de musique traditionnelle sicilienne et de variété italienne…

Votre premier album, Un Amore debole, est sorti en novembre 2022 mais vos morceaux ont maintenant deux ans d'existence. Pas d'essoufflement de votre part ? Toujours la même envie de les vendre, la même énergie ?

César Laloux. Nous avons la chance de pouvoir tourner beaucoup dans des endroits différents, il y a toujours cette envie de vouloir convaincre/surprendre un public avec des chansons qu’il entend pour la première fois. Je pense que si on ne jouait que dans un rayon de 30 km autour de Bruxelles uniquement devant nos potes, ça ne serait pas la même histoire. Par contre, pour ne pas s’endormir on se remet à composer et on intègre régulièrement des nouveaux morceaux à la set liste.

Les concerts font partie de votre ADN ?

César Laloux. Oui, c’est un peu la raison d’être du groupe. Je ne pense pas qu’on se donnerait tant de mal à faire des clips et de la promo s'il n’y avait pas la carotte des concerts au bout. C’est quand même génial de déloger pour aller rencontrer des gens qui se bougent pour venir écouter ta musique ;-)

Que diriez-vous à ceux qui ne vous connaissent pas pour les faire venir à vos concerts ?

César Laloux. Apparemment, d’après des reviews récentes, les gens ressortiraient de nos concerts avec la banane…;-)

Un Amore debole et après?

César Laloux. On va encore continuer à tourner un petit temps et essayer d’aller jouer dans les pays où on n'est pas encore passés afin de préparer de nouveaux publics pour le deuxième album qui espérons-le devrait arriver quelque part en 2024.

Merci César, merci Ada Oda. Propos recueillis le 2 mars 2023

Ada Oda sera en concert vendredi 10 mars à Lune Froide à nantes puis La Carène à Brest le 11 mars, Party Teuf à Laval le 12 mars, Le Garage à Angers le 14 mars, Le Chato'Do à Blois le 16 mars, au Chantier des Frances à La Rochelle le 24 mars...

Plus d'infos sur Ada Oda ici

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