Sécheresse, grêle, inondations, le changement climatique est déjà en marche et se remarque dans les Pays de la Loire. Plus d'épisodes critiques sont à prévoir dans les décennies à venir, selon les spécialistes.
Une voiture avec de l'eau jusqu'au capot en octobre 2019 dans une rue piétonne de Laval en Mayenne. Les étals d'un marché en plein air emportés par un vent soudain, des cultures ravagées par des orages de grêle. En quelques minutes des quartiers, des villages, se retrouvent sinistrés. Les phénomènes météorologiques inhabituels se répètent de plus en plus souvent dans les Pays de la Loire.
Des canicules tous les ans ?
Le réchauffement climatique est à l'œuvre. La température moyenne dans notre région a augmenté d'un degré en seulement 60 ans.
"D'ici à 2035 nous aurons en moyenne dix à quinze jours supplémentaires de journées à plus de trente degrés. Il faut imaginer qu'entre 2035 et 2050, ce qu'on a connu en 2003 comme une canicule exceptionnelle entraînant près de 1 000 morts dans les Pays de la Loire, va être quasiment récurrent chaque année ou tous les deux ans", explique Antoine Charlot, le directeur du Comité 21 en Pays de la Loire.
Les fortes sécheresses sont de plus en plus fréquentes, elles pèsent sur le revenu des éleveurs et des cultivateurs. Rien que dans les Pays de la Loire, l'aléa climatique représente chaque année près de 9 milliards d'euros, trois points de PIB et touche jusqu'aux industriels qui subissent par exemple la pénurie de composants électroniques.
Le partage de l'eau
Jean-Louis Bertrand est professeur de finances et membre du GIEC régional, il évoque un conflit d'usage avec l'eau entre industrie et besoins vitaux. "Une partie de la baisse de la production est liée au fait qu'il y a eu des périodes de sécheresse extrêmement importantes. On a un conflit d'usage sur l'eau, on a besoin d'énormément d'eau pour fabriquer ces composants électroniques, il a fallu imposer aux entreprises de réduire de moitié pour que les populations puissent boire tout simplement" !
À l'aide des forêts
Dans les forêts, les premiers dépérissements des arbres ont été constatés après la sécheresse de 1976, depuis, le phénomène accélère. Au centre régional de la propriété forestière, Patrick Blanchard en fait le constat et propose des pistes pour adapter les forêts.
"L'arbre va survivre un certain nombre d'années, certains vont pouvoir se refaire une santé s'ils n'ont pas été trop impactés, mais la plupart vont dépérir et mourir. Il faut envisager de renouveler les peuplements et de remplacer les arbres qui sont existants par de nouveaux, mais par des arbres qui peuvent supporter le climat que nous avons actuellement et qui pourront aussi supporter le climat futur, dans 20, 50 ans, et dans le siècle qui vient".
Si rien ne change, une ville comme Saumur pourrait en 2100 avoir le climat de Lisbonne, mais avec une multiplication des épisodes extrêmes. Sur les côtes, les tempêtes comme Xynthia pourraient se reproduire tous les deux ans.