Des moutons dans la ville. Onze ovins sont en transhumance à Nantes pendant quatre mois

Un troupeau de moutons et de brebis de Belle-Île parcourt la ville de Nantes du 15 mars au 12 juillet. Menés par une dizaine de personnes, ils vont de parc en parc. Cette transhumance est issue d'une collaboration entre la municipalité et la ferme de la Chantrerie pour sensibiliser aux bienfaits de l'éco-pâturage en milieu urbain.

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La brebis noire n'a pas l'air décidée à quitter le parc de l'Hippodrome de Nantes. "Aller viens ma fille !", l'encourage Déborah Biret, intervenante en médiation animale.

La "bergère" attend plus loin, talonnée par dix moutons moins têtus. Récalcitrante, la brebis continue à sautiller sans céder, comme si elle se jouait des nerfs des humains directifs qui l'admonestent.

Elle refuse de franchir le fil de barrière électrique posé à terre. Jusqu'à ce qu'il ne soit coupé et que l'animal rentre enfin dans les rangs.

Déborah est la cheffe d'orchestre de la transhumance du troupeau jusqu'à leur nouvel enclos à l'Arboretum Cimetière situé un peu plus au nord de la ville.

Accompagnée d'une dizaine de personnes, agents de la ville et amis volontaires, elle guide les moutons d'un parc à l'autre pour qu'ils puissent y pâturer dans le cadre de la Transhu'Nantes. Une transhumance urbaine entre le 15 mars et le 12 juillet, pensée pour développer l'éco-pâturage en ville.

Tartine, Ollie et Tayada 

"On est partis", "Resserrez ", "Ralentissez derrière, ça va trop vite" : la jeune femme rythme l'avancée de l'escorte, bâton à la main. 

"Le bâton permet de fixer des limites aux moutons, sans les frapper. La main, je l'utilise pour les caresser et leur donner à manger, je préfère faire la distinction", confie Déborah. 

Après avoir traversé l'hippodrome, le cortège mi-humains mi-moutons s'arrête dans un enclos pour faire le point avant de se lancer sur la route.

"Il faut faire attention avec Tartine, qui a la tête jaune. Elle a peur donc il faut la pousser vers les autres. Ollie est vite impressionnée, elle peut s'arrêter pour regarder donc n'hésitez pas à la faire repartir, détaille Déborah, et puis il y a aussi Tayada, qui a des taches blanches au niveau des yeux. Elle n'a plus trop peur des hommes, vous avez vu elle a foncé dans les jambes de Julien, donc il faut la canaliser.”

Moutons sur passages piétons

La marche redémarre, sportive, à travers coulées vertes, trottoirs, allées d'immeubles et ronds-points.

"On emprunte au maximum des coulées vertes et des espaces verts, mais parfois on est obligés de passer par la voirie", explique Bruno Berthelot, régisseur au service Espaces verts de la mairie de Nantes C'est lui qui a planché sur les parcours de transhumance, une tâche ardue en ville, où les obstacles sont nombreux. 

Bruno communique par talkie-walkie avec Jonathan Mainguy, coordinateur animal pour la ville de Nantes. Sur son VTT, ce dernier est en éclaireur à l'avant du cortège pour arrêter les voitures.

"On les suit maman ?" : voir des moutons trottiner sur un passage piéton ou sur des lignes de tramway ne laisse ni enfants ni adultes indifférents. "Rendez-vous pour l'Aïd !", lance un garçon en riant. 

Les têtes se tournent, et les automobilistes patientent, amusés, pour céder le passage au convoi sans jouer du klaxon. "Les gens sont assez respectueux et compréhensifs", assure Bruno.

Une transhumance sans chien de berger

Les 6 femelles et 5 mâles qui composent le troupeau ont l'air d'apprécier la balade. Ils s'arrêtent de temps à autre brouter un bout de lierre et sentir une poubelle, mais sont vite rappelés à l'ordre par leurs gardes du corps.

"Je n'ai pas de chien, parce que ce n'est pas le même métier qu'en montagne, explique Déborah, nous travaillons beaucoup sur la domestication". Pendant plusieurs mois, Bruno et elle ont travaillé à désensibiliser les moutons.

Ils les ont exposé aux bruits de la ville, aux objets qui peuvent s'y trouver, à des enfants et à des chiens..."Je venais en voiture, j'allumais l'autoradio ou je klaxonnais", raconte Bruno.

À force, les ovins n'ont plus peur de grand chose, jusqu'à s'emballer et faire de petites échappées vers l'avant, comme s'ils connaissaient le chemin.

Première édition de la Transhu'Nantes

Après moins d'une heure et demi de marche, l'Arboretum Cimetière apparaît. Dans leur nouvel enclos, les moutons se jettent sur l'abreuvoir, et leurs accompagnateurs sur leurs gourdes, ou sur le tapis d'herbes hautes.

Le troupeau va rester une semaine pour brouter l'herbe de la zone délimitée par la clôture qui les entoure. Ils rendent ainsi service à la ville et à la biodiversité en tondant naturellement la pelouse de cette partie du parc, sans machine. 

C'est tout l'objectif de la première édition de la "Transhu'Nantes" que de montrer les bienfaits de cette pratique, l'éco-pâturage, dans les espaces verts des villes. Le projet est le fruit d'une collaboration depuis un an et demi entre la ferme pédagogique de la Chantrerie, où travaille Déborah, et la Ville de Nantes. 

Plusieurs ateliers pédagogiques ont lieu les dimanches, celui de l'Arboretum se déroulera le dimanche 9 avril, dimanche de Pâques. Bande dessinée, mobilier pédagogique et intervention de Déborah Biret sont au programme pour découvrir les animaux et connaître les raisons de leur périple. 

Au total, le 11 juillet, les moutons auront séjourné dans 9 parcs de Nantes. Après l'Arboretum, ils seront successivement au parc de la Gaudinière (12 avril-2 mai), au parc de Procé (3 au 16 mai), au parc des  Oblates (17-30 mai), au Château des Ducs de Bretagne (31 mai-13 juin), au parc de la Roche (14-27 juin), et finiront par le parc du Grand-Blottereau (28 juin-11 juillet) avant de regagner la ferme de la Chantrerie. 

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