20 ans plus tard, le 11 septembre n'a pas quitté nos mémoires, loin de là. Et pour cause... il a bouleversé nos vies et nous en voyons encore aujourd'hui les conséquences, comme en Afghanistan récemment. Entretien avec l'historienne Jenny Raflik, enseignante à l'université de Nantes.
Le 11 septembre 2001 marque le début d'une nouvelle aire, la fin d'une certaine insouciance après la guerre froide. Les intervetions militaires en Irak et en Afghanistan se sont soldées par des échecs et la menace terroriste a fait irruption dans nos sociétés. Retour sur cet héritage du 11 septembre avec la spécialiste du terrrorisme Jenny Raflik, enseignante en histoire contemporaine à l'université de Nantes.
- En quoi le 11 septembre a-t-il marqué un tournant dans nos vies ?
JR : "Il y a un 'avant' et un 'après' d'abord dans les mentalités dans les consciences collectives. Chacun d'entre nous se souvient ce qu'il faisait le 11 septembre et ça illustre la rupture que ça a pu marquer dans les opinions publiques. La conscience, le sentiment d'entrer dans une nouvelle aire : celle du terrorisme. La précédente était plutôt celle de la fin de la guerre froide, où l'on a pu avoir un sentiment de victoire en pensant que les Etats-Unis et le camp occidental dans son ensemble avait gagné. Le 11 septembre vient, lui, rappeler que les Etats-Unis sont vulnérables, sur leur propre territoire d'ailleurs - car ils n'avaient jamais été attaqués pendant la guerre froide - et que le monde occidental présente des failles et des faiblesses et qu'il peut être mis en danger dans sa vie quotidienne".
- Sommes-nous toujours en guerre ?
JR : "Nous sommes encore à la fois dans l'idée de faire la guerre au terrorisme, dans le sens de la métaphore, c'est-à-dire que l'on lutte contre le terrorisme, mais je ne crois pas qu'aujourd'hui l'on soit prêt à continuer de faire la guerre au terrorisme au sens militaire. Les événements d'Afghanistan et l'échec de cette guerre d'Afghanistan a remis en cause l'ensemble de ce scénario."
- Comment lutter contre la menace terroriste ?
JR : "Le contexte dans lequel se déroule ces commémorations est celui du départ des Etats-Unis d'Aghanistan, un départ qui ressemble à une fuite : une image de défaite. On a le sentiment que tout ça n'a servi à rien. 20 ans après, on voit que les attentats n'ont pas disparu mais surtout qu'ils se sont multipliés, qu'on a été attaqué bien plus après 2001, en Occident et sur l'ensemble du Moyen-Orient. Après 2001, et surtout après 2003, date du début de la guerre en Irak.
Alors il ne faut surtout pas se résigner à vivre avec le terrorisme mais il faut peut-être envisager de lutter contre le terrorisme avec d'autres armes, d'autres moyens, avec d'autres politiques, qui ne soient pas exclusivement militaires. Le procès des attentats du 13 novembre 2015, qui a lieu en ce moment-même est déjà une première piste. Répondre à la barbarie et à la violence des terroristes par la justice, l'Etat de droit, la démocratie et la légalité."