Une femme est décédée en Indre-et-Loire, le 12 août durant un stage de jeûne hydrique, une pratique en développement qui consiste à se priver de nourriture pendant une à six semaines et à ne boire que de l'eau. Ce jeûne était organisé par un naturopathe de Saint-Jean-des-Landes en Vendée.
Une femme, âgée de 44 ans, est décédée le 12 août 2021 durant un stage de jeûne hydrique au château de Brou, à Noyant-de-Touraine en Indre-et-Loire, au sud de Tours. Une information judiciaire a été ouverte par le procureur de la République de Tours pour "homicide involontaire".
L'animateur du stage réside et travaille en Vendée, il y est connu comme naturopathe à Saint-Jean-des-Landes. Il se défend d'être responsable de quoi que ce soit du décès de la stagiaire. Pas l'avis de "Franck" (prénom modifié à sa demande) qui a contacté la rédaction de France 3 à Nantes, pour raconter le calvaire enduré.
Pas de suivi, pas de soutien, pas de médecin
"Nous étions un groupe de 25 personnes, certaines présentant des maladies auto-immunes, des cancers, ces personnes étaient là espérant être sauvées". Franck, qui réside dans le sud de la France, fait partie de ces personnes qui se posent des questions sur son mode de vie. Le jeûne comme façon de se soigner, "je veux changer mon rapport à la bouffe". Il a déjà pratiqué des périodes de jeûne sérieusement encadrées, pas comme celui-ci.
Avec ses deux amis "survivants" Franck ne dénonce pas la pratique du jeûne, seulement les conditions dans lesquelles ils ont fait ce stage, de même que l'absence de prise de conscience des encadrants après la mort de la curiste. "On prend les constantes, on se pèse, on prend nous-même notre tension, notre rythme cardiaque, on le note sur une feuille et on doit le dire au point jeûne quotidien à 9 heures".
Au bout d'une semaine les premiers effets secondaires du jeûne commencent à se faire sentir, "aucun des organisateurs ne vient prendre de nos nouvelles si on ne se rend pas au point quotidien, ou si on n'envoie pas de mail. Et quand on finit par revenir et qu'on explique qu'on a été malade, qu'on cherche à comprendre, ils nous expliquent que c'est nous qui n'avons pas réussi à lâcher nos émotions, alors que c'est franchement un mal physique".
Un système très verrouillé
"Quand moi-même je me suis senti très mal, en grande souffrance, j'en ai parlé à Éric Gandon, il m'a regardé et n'a rien dit. Je vomissais de la bille j'ai eu beaucoup de mal à me décider à partir. J'arrivais à peine à faire ma valise. Il ne m'a jamais demandé comment j'allais". Alors, pourquoi ayant fait ce constat ne pas avoir quitté le stage ?
Franck indique que le système est très verrouillé. L'hébergement se fait dans le parc d'un joli château, moyennant 3200 euros de participation pour quatre semaines. Les stages de jeûne sont proposés pour une à six semaines, "mais Éric Gandon insiste beaucoup pour que la durée soit de quatre semaines".
Ensuite, Franck, contrairement à d'autres cures effectuées par le passé a constaté un abandon total de l'organisateur. "On est épuisé par le jeûne, il y a l'effet de groupe qui fait qu'on se range à l'avis des autres, les frais engagés comptent aussi, on nous fait signer une décharge contre toute demande de remboursement en cas d'abandon. Même si on est en grande souffrance on persiste".
Un naturopathe anti-vaccin
Selon nos informations Éric Gandon n'est pas médecin, ni même formé à la médecine. Sollicité via sa page Facebook, il nous a fait répondre "qu'il ne s'exprimerait plus sur ce sujet". À nos confrères de Marianne, il indique que : "le décès de cette quadragénaire en bonne santé est dû à la vaccination contre la COVID-19", ce que rien ne permet d'affirmer. Il le sait "par une information de la famille de la victime".
Sur sa page Facebook, Éric Gandon ne fait pas mystère de ses convictions anti-vaccin, reprenant toutes les théories publiées sur le web. Il y écrit : "On nous fait peur avec un méchant virus et on nous fait croire que le vaccin va nous sauver. Les conséquences peuvent être mortelles ou endommager notre santé sur le long terme de manière irrémédiable". À nos confrères de France Inter il indique "vouloir poursuivre en diffamation toute personne qui porterait atteinte à son image".
Sans attendre le résultat de l'enquête et de l'autopsie pratiquée, le préfet d'Indre-et-Loire a pris un arrêté pour faire interrompre ce stage de jeûne dès le lendemain du décès.