Grève à l'hôpital : "Ils comptent le fric, on compte les morts", plus de 300 soignants manifestent à Nantes

Plus de 300 personnes ont manifesté au départ du CHU de Nantes et dans le centre-ville ce 7 juin suite à un appel national. Une délégation a été reçue à l'ARS, pour demander davantage de moyens et d'effectifs dans l'hôpital public.

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Dans la foule, quelques voix ne cachent pas leur déception sur la faible mobilisation du jour. Ce mardi 7 juin, un peu plus de 300 soignants se sont rassemblés devant l'Hôtel-Dieu de Nantes à 14 heures. Le rassemblement se tient dans le cadre de l'appel national de neuf syndicats pour demander davantage de moyens humains et matériel à l'hôpital public.

Ils sont déçus de leur nombre, mais ces manifestants, tous métiers confondus, font le même constat : leurs conditions de travail se détériorent et de nombreux services d'urgence ferment. Ce sera le cas des urgences de nuit d'Ancenis cet été et celles de Saint-Nazaire pourraient suivre, faute de vacataires.

"Ils comptent le fric, on compte les morts"

"On en a ras le bol. On a fait des efforts monstrueux pendant le Covid-19, et on n'a aucune reconnaissance," confie Antoinette Martin, secrétaire SUD.

Infirmière en service psychologique, elle et ses collègues remarquent que les jeunes qu'elles forment ne désirent plus être embauchés ou même être stagiaires. "Ils demandent fréquemment à faire une pause une fois leur formation terminée. Mais on leur vend quoi à ces jeunes ? Est-ce qu'on a envie de travailler toute notre carrière dans ces conditions ? À leur âge, on n'a pas forcément envie de lutter dès l'entrée sur le marché du travail !" regrette-t-elle.

Hors médecins, le CHU de Nantes a enregistré 613 départs de salariés en 2021 - dont 90 démissions - soit le triple des années précédentes. Et, preuve du malaise des salariés, la CGT a dénombré pour l'année 2021 un cumul de 260 000 jours d'arrêt de travail. Soit près d'un mois par salarié.

Je suis à la moitié de ma carrière. Aujourd'hui, je ne sais pas en quel politique je peux encore avoir confiance. Pendant ma formation, on m'a transmis les valeurs du service public. Tous les jours, on me demande d'écraser mes valeurs.

Antoinette Martin

Infirmière en service psychiatrique

"Tout a été organisé, depuis quelques années, pour que l'hôpital public s'effondre. On n'a pas fait ce qu'il fallait au niveau des formations et on institutionnalise la maltraitance, résume Olivier Terrien, secrétaire CGT.

Négociations à l'ARS

Le CHU de Nantes a perdu 900 lits en chirurgie et gynécologie-obstétrique et 230 lits en service psychiatrique entre 2015 et 2020. Selon Olivier Terrien, le projet de déménagement de l'hôpital va poursuivre cette diminution des capacités d'accueil.

Le projet est obsolète, le nouveau bâtiment est trop petit et on va à nouveau supprimer 63 lits en chirurgie et obstétrique. Ça ne répond pas aux besoins de santé de la région, qui connaît une forte croissance démographique. "Ils" comptent le fric et nous on compte les morts

Olivier Terrien

Secrétaire CGT-CHU Nantes

Par ce "Ils", le responsable syndical désigne ceux à qui il exige des réponses : le gouvernement, l'agence régionale de santé (ARS) ou encore les directeurs d'établissement. Justement : pendant que le cortège défile du CHU vers le château des Ducs de Bretagne et la préfecture, Olivier terrien est reçu à partir de 15 heures par l'ARS avec une délégation syndicale.

En fin d'après-midi, le dialogue social entre les syndicats et l'ARS était toujours en cours.

"L'exceptionnel d'avant est devenu régulier"

Parmi les manifestants, nombreux sont des soignants suspendus car non-vaccinés. Jean-Bernard Hunault, ambulancier, ne peut plus travailler depuis septembre 2021 et vit depuis avec le RSA. "Nous souhaitons la réintégration de ces salariés suspendus, l'abrogation de la loi du 5 août 2021 et l'arrêt de la vaccination, affirme ce membre du collectif Santé 44. Le gouvernement a d'ailleurs bien compris qu'il allait droit dans le mur en suspendant les soignants non-vaccinés : comme ils étaient déjà en défaut de personnel, ils n'ont suspendu personne après le 15 février."

Aujourd'hui, on se retrouve très facilement à flux tendu. Ce qui était exceptionnel avant est devenu régulier. Là, c'est devenu tellement régulier que ç'en est devenu inacceptable

Antoinette Martin

Infirmière en service psychiatrique

Faute d'avoir les effectifs pour s'occuper de futurs patients, Antoinette se surprend à les orienter vers d'autres structures. "C'est pas possible de continuer comme ça, on en devient mal. Lorsqu'on rentre chez soi le soir et qu'on se met à penser à tous les gens qu'on n'a pas pu aider comme il faut, c'est qu'il y a un réel problème."

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