Passages piétons bordés de bandes arc-en-ciel tagués à Laval, Marches des Fiertés dégradées, plainte d'un citoyen contre ce même escalier de la rue Beaurepaire à Nantes, les association LGBTQI+ constatent partout cette homophobie systémique.
À Nantes, un citoyen ulcéré par les remises en état successives des Marches des Libertés, cet escalier de la rue Beaurepaire dont les marches sont peintes aux couleurs du drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBTQI+, et régulièrement dégradées, se dit atteint dans son sens de la moralité, et a porté plainte contre la ville et l'association Nosig qui réunit à Nantes la communauté LGBTQI+.
À Laval, la municipalité, pour la journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie le 17 mai, a fait ajouter des bandes arc-en-ciel de part et d'autre des passages piétons. Toutes ont été systématiquement taguées. La ville les a pudiquement repeintes en blanc.
"Nous les avons repeintes en blanc en nous disant que nous avons d'autres moyens d'afficher notre volonté d'encourager le vivre ensemble", affirme Marie-Laure Lemée-Clavreul, l'adjointe au maire en charge de l'éducation, de l'égalité homme femme et de la lutte contre les discriminations à la mairie de Laval.
Les jeunes "fiers de l'action de la ville"
La mairie par exemple porte les couleurs du drapeau arc-en-ciel devenu symbole de tolérance et d'ouverture aux autres. "Quelle que soit leur identité les Lavallois ont leur place à la maison commune. Nous voulons que ce message d'ouverture soit reçu par la jeunesse qui est en attente", poursuit l'élue.
À Nantes comme à Laval, on souligne que ces actes sont le fait d'individus isolés.
Les Lavallois ont réagi en soutien, les jeunes rencontrés nous disent être fiers de l'action de la ville. La génération qui vient est ouverte sur le monde, elle est curieuse et respectueuse de la diversité, elle considère que c'est une chance
Marie-Laure Lemée-ClavreulAdjointe au maire de Laval
Dans ces deux villes, les associations déplorent les dégradations fréquentes dont font l'objet leurs locaux. À Nantes, les pavois arc-en-ciel disposés sur le Cours des 50 Otages ont été arrachés avec une belle obstination.
"Outre les marches de l'escalier de la rue Beaurepaire, il y a aussi à Nantes le passage piéton arc-en-ciel rue Joffre à proximité de l'association Nosig. Et nos locaux font l'objet d'attaques régulièrement", précise Émeric Migaise, l'animateur de Nosig.
"Chaque dégradation nous coûte en peinture, mais ne nous atteint pas le moral. Bien au contraire, moralement ça nous détermine à poursuivre notre action de visibilité", poursuit Émeric.
Homophobie systémique
Chaque jour, de nouveaux faits d'homophobie sont enregistrés dans les commissariats. Le ministère de l'Intérieur estime que seulement 20 % des victimes de menaces ou de violences "anti-LGBT", et seulement 5% des victimes d'injures "anti-LGBT", déclarent avoir porté plainte en moyenne sur la période 2012-2018. Plus de la moitié de ces atteintes, 53%, ont été enregistrées dans les agglomérations de 200 000 habitants et plus.
"Il est toujours quasiment impossible de marcher main dans la main dans la rue pour un couple de filles ou de garçons, pour le logement le travail, nombre de personnes sont discriminées en fonction de leur orientation sexuelle", constate désabusé Émeric Migaise. Qui ajoute : "Même si les nouvelles générations sont plus respectueuses", rejoignant l'élue lavalloise.
Cette homophobie systémique est le fait d'une minorité violente. Et de plus en plus violente. Les crimes et délits "anti-LGBT+" enregistrés touchent majoritairement les hommes, 73% en 2021, et les jeunes de moins de 30 ans, 51% toujours selon le ministère de l'Intérieur.
Ce contribuable nantais qui a porté plainte en justice sous des prétextes divers contre les Marches des Fiertés de la rue Beaurepaire, se dit soucieux du budget de la Métropole, du respect des marchés publics, évoque le fait que cet escalier aux couleurs contraires à sa moralité le prive d'un cheminement libre. "Autant de prétextes pour déplacer l'homophobie dans le champ judiciaire par les groupes religieux traditionalistes", remarque Violette Cordaro, la présidente de l'association Nosig.
Le tribunal n'a pas donné raison au plaignant en première instance, l'appel a été examiné le 17 mai, le rendu est attendu dans trois semaines. Les associations sont optimistes pour la suite.
Municipalités, associations doivent elles aussi porter plainte à leur tour. La municipalité de Laval ne laisse pas passer les insultes dont ont fait l'objet les employés municipaux lors de la "colorisation" des passages piétons. "Nous avons un devoir de soutien aux agents de la villes agressés verbalement. Les propos homophobes sont un délit sans équivoque", conclut Marie-Laure Lemée-Clavreul.