Il y a 80 ans, l'exécution des "Cinquante Otages" : "Je m’excuse de la peine immense que je vais te causer, je vais mourir"

Le 22 octobre 1941, 48 des 50 otages choisis par le gouvernement de Vichy, sur ordre d'Hitler étaient fusillés à Paris, et en Loire-Atlantique à Nantes et Châteaubriant. Loin d'être anodin, cet événement a bouleversé l'avenir politique de la ville de Nantes, celui des mouvements résistants en France et des vies de famille et de descendants d'otages.

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20 octobre 1941, à Nantes, trois jeunes communistes parisiens abattent de deux balles le lieutenant-colonel Karl Hotz, chef de la Kommandantur locale.

Leur but, sur ordre du Parti Communiste : faire entrer la France en résistance.

En représailles, Hitler ordonne l'exécution de 50 otages. 48 sont fusillés deux jours plus tard… 16 à Nantes et 27 à Châteaubriant dans une carrière, où un musée leur est désormais dédié.

Les otages savent très bien qu’ils vont être exécutés dans quelques heures mais jamais ils ne s’apitoient sur leur sort. Dès la première phrase, Poulmard qui s’adresse à son épouse Laurence, dit "je m’excuse de la peine immense que je vais te causer, je vais mourir".

Tous étaient militants communistes, internés au camp de Choisel. Le plus jeune, Guy Môquet avait 17 ans, sa dernière lettre fera le tour du monde…

Xavier Aumage, archiviste précise que "Guy Môquet s’inquiète de ses affaires personnelles qui, pour lui, doivent revenir à son jeune frère, Serge. On retrouve dans les lettres des éléments liés à la vie matérielle, quotidienne, tout ce qu’il se passera, après leurs décès, et le sentiment d’avoir lutté pour ses idées, d’être mort pour ses idées."

Yves Quiniou est l'un des 8 petits enfants de Jules Auffret fusillé à Châteaubriant et dont le nom figure aussi sur le monument nantais à la mémoire des 50 otages. Dans la famille, l'événement fut vécu comme un drame, mais un héritage fort à transmettre. 

"Nous avons conservé les idées véhiculées par mon grand-père. Nous nous sommes engagés, par graine dans le syndicalisme. Actuellement, on voit un développement de l’extrême droite qui met en péril tout ce qui a été conquis après la guerre, il faut rappeler tout ça aux enfants car lutter, c’est important."

À l'époque, la mort des otages réveille les consciences politiques et citoyennes en France et à l'étranger. Les Nantais aussi commencent à se révolter contre la barbarie allemande et le régime de Vichy.

Le 11 novembre 1941, 20 jours après l'exécution, le Général de Gaulle décerne à la ville de Nantes l'insigne de Compagnon de la Libération. 

Didier Guyvarc'h, historien universitaire nantais souligne : "La ville a reçu le label de ville résistante, alors qu’on a vu qu’elle n’était pas plus résistante que certaines autres villes françaises, donc c’est vraiment un peu le hasard des choix des jeunes communistes qui déclenche cette construction du mythe, à Nantes."

L'événement marquera aussi fortement l'identité politique de la ville. À Nantes, l'église catholique, très implantée, dénoncera les actions des résistants communistes.

"Après la seconde Guerre Mondiale, le PC (Parti communiste NDLR) va avoir du mal à s’installer dans la ville, il ne sera jamais une force considérable, sauf au plan symbolique, le monument des Cinquante otages, ici, et le cours des 27, à Châteaubriant."

Le Cours des 50 otages sera inauguré sur l'ancien lit de l'Erdre le 22 octobre 1944.

Une cérémonie officielle du souvenir est organisée ce vendredi 22 octobre à Nantes.

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