Vincent Rebourgeon n'a peur de rien, il s'est mis en tête de rejoindre la mer en kayak en partant de chez lui à Saint-Germain-des-Fossés (Allier) à 650 km, tout là-haut sur l'Allier. Il n'avait jamais fait de kayak avant de partir, en hiver, les mains dans les gants, et sac à dos !
Vincent Rebourgeon n'a peur de rien ! Il aime l'aventure et les défis personnels. Ce jeune homme âgé de 26 ans est un sportif enférocé, il a pratiqué le basket et le krav maga, et préfère désormais le parchute, la moto, et le parapente... Pourquoi est-il parti de chez lui en plein hiver pour rejoindre la mer ? "Je m'ennuyais un peu chez moi, rien de prévu et un peu de temps devant moi, je n'avais jamais fait de kayak alors je me suis dit que je pouvais essayer !" Simple ! Non ?
Retourné au bout de 10 minutes
Vincent, qui a déjà rallié la Crête en moto, traversé l'Atlantique à la voile, et qui est allé en auto-stop jusqu'au Cap Nord, a juste fait quelques essais avec son kayak sur l'Allier... Et le voilà parti, sans autre forme de préparation que d'avoir repéré sur le web les endroits ou l'Allier, puis la Loire, pourraient lui réserver quelques difficultés.
Parti sur l'eau, et même sous l'eau ! "Je suis parti le 9 janvier de chez moi à Saint-Germain-des-Fossés, au bout de 10 minutes je me suis trouvé devant les rapides au Pont-de-Billy ! J'ai observé, j'ai tenté. Je me suis retourné, j'étais trempé, il faisait -6° ! Je me suis dit que je n'étais peut-être pas prêt... Arrivé sur la berge, j'ai marqué un temps d'arrêt, et finalement je suis reparti !"
L'hiver, le froid, le courant du fleuve ne l'impressionnent pas plus que ça : "J'aime me lancer des défis, le fleuve est gros et fort en ce moment, mais en même temps c'est un avantage, le courant va plus vite ! Le froid ? J'ai une petite combinaison de plongée, les deux premiers jours j'ai eu un peu froid, et puis je me suis habitué, je me suis accoutumé".
La neige et le serpent d'Océan
Vincent a cependant vite renoncé à se fixer un objectif de temps, seul le voyage et la destination comptent pour lui, laissant la place à l'improvisation. "En partant je m'étais fixé l'objectif d'atteindre Moulins-sur-Allier le premier jour... je n'ai pas réussi ! J'ai laissé la vie faire les choses. Chaque matin je repars sans savoir où je dormirai le soir. En général, vers 17 heures je sonne aux portes. Les gens ouvrent, et n'ont pas de crainte, j'ai mon kayak derrière moi !" Il rit franchement. "Une seule fois j'ai dormi dans ma petite tente à Langeais". Et puis, entre baroudeurs on se reconnait, "un couple âgé de presque 80 ans m'a hébergé, ils ont l'habitude de voyager à cheval". Comme quoi en 2021, motivé et avec le sourire, l'aventure et ses rencontres généreuses existent encore !
L'Allier puis la Loire, des images plein la tête de ces deux colosses liquides, qui foncent, impétueux, vers l'océan. Et quelques bons souvenirs, poétiques : "Pagayer sous la neige entre Dampierre-en-Burly et Sully-sur-Loire. Le château avec ses toits blancs..." Ou encore, sportifs : " Descendre au milieu du fleuve, c'était à la confluence de la Maine et de la Loire, dans des creux de plusieurs mètres comme en plein océan !"
J’ai appris à comprendre comment avance le fleuve, le mouvement du courant, à pagayer avec ma tête, avant de le faire avec mes bras." Vincent Rebourgeon
Souvenirs sportifs encore, mais au rang des moins bons, le pire du voyage sera la fin ! "En arrivant vers l'océan, pendant deux jours, je me suis battu contre la houle, la tempête et la marée. Dimanche 24, j'étais triste d'arriver. Et j'étais fatigué". D'autres auraient sans doute dit épuisé, après avoir passé 16 jours au fond d'un si petit kayak ! "Je n'avançais plus. Je suis allé jusqu'au Serpent d'Océan, à Saint-Brévin-lesPins, faire la photo. Photo que j'ai publiée sur Insta, et c'est ce qui m'a permis de trouver un hébergement".
Acheter un vélo et rentrer
C'est Benoît, il se reconnaitra, qui a accueilli le navigateur durant deux jours. Et lui a permis de se transformer en cycliste ! "Nous sommes allés acheter un vélo. Toujours dans l'improvisation, il me fallait un moyen de transport pour rentrer avec mon kayak sur une remorque que j'avais bricolée".
Tchao Benoît, salut le Serpent d'Océan, Vincent est déjà reparti vers l'amont, mais pas en super forme finalement. "À Couëron, je n'étais vraiment pas bien, j'ai cherché un hébergement pour la nuit et je suis resté une grande journée pour me remettre". La Covid ? "Il rigole, non fébrile pas plus !" Mais le sort s'acharne encore. "En repartant une des roues de ma remorque a crevé. J'ai essayé de la réparer. En vain. Je me suis dit que comme je n'avançais à rien avec cette remorque, 6 ou 10 à l'heure pas plus, le mieux était de laisser le kayak. Je reviendrai le chercher".
Vincent repart, un tout petit sac sur le dos, à fond toujours, mais cette fois sur son vélo, minimaliste, sans garde boue. Il a prévu de s'arrêter à Sancerre pour retrouver des kayakistes rencontrés lors du voyage vers l'aval...
Mais pour l'instant, ce jeudi de pluie et de vent, il traverse Nantes, filant de la rive nord, par la passerelle Schœlcher, vers la rive sud à travers l'île, pressé de retrouver la nature sauvage du fleuve. "Seul, j'avance à 20 km/h, je devrais faire une centaine de kilomètres par jour". Il sourit, rien ne lui fait peur, "on ne peut pas savoir si c'est possible sans avoir essayé". Une devise, comme philosophie de vie en somme !
Suivre Vincent sur les réseaux sociaux
Vincent raconte son périple sur les réseaux sociaux, parti avec moins de 300 followers, "mes amis en fait", il en comptait plus de 800 à Saint-Brévin.
Pour suivre les aventures de Vincent Rebourgeon : page facebook : Vince Jackson ; compte Instagram : @vincjackson Intothelife