Journée mondiale de lutte contre le SIDA. "La fin de l'épidémie, j'y crois" dit le président de AIDES Pays de la Loire

Ce vendredi 1er décembre est la journée mondiale de lutte contre le SIDA. Alors que l'on sait désormais très bien soigner cette maladie, la lutte contre sa transmission se poursuit. À la permanence AIDES de Nantes, on écoute, on informe, on dépiste.

En Pays de la Loire, 111 nouveaux cas de sida ont été répertoriés en 2022. Près de la moitié en Loire-Atlantique. Le Maine-et-Loire arrive en deuxième puis la Sarthe et, en bas du tableau, la Vendée et la Mayenne. 

Des données, qui, pour leur représentativité, suivent la logique des bassins de population.

Si ce chiffre de 111 nouveaux cas est en hausse par rapport à 2020, c'est parce que, cette année-là, l'épidémie de la Covid-19 avait entravé ce travail de dépistage du sida. En comparaison avec les chiffres d'il y a 15 ans, la maladie est bel et bien en régression.

"La fin de l'épidémie (en France) pour 2030, j'y crois, nous dit Florian Valet, le président de AIDES Pays de la Loire. Si tout le monde fait l'effort et joue le jeu", s'empresse-t-il d'ajouter. 

Une France sans nouvelle contamination

Ce que le président régional de AIDES attend, c'est que les pouvoirs publics fassent les choix nécessaires pour soutenir la prévention de la maladie. Que les moyens soient donnés notamment au dépistage du sida mais aussi à la PrEP, un traitement préventif antirétroviral qui évite d'être contaminé.

"C'est possible de voir une France sans nouvelle contamination" affirme-t-il.

Florian Valet conditionne également cet objectif à la lutte contre la discrimination que vivent certaines communautés, ce qui entretient un climat défavorable à ce que ces personnes prennent soin d'elles et aient accès aux soins médicaux.

La population étrangère, réfugiée, est fragile face à cette maladie. Les femmes particulièrement, qui, dans leur parcours pour survivre et trouver un pays d'accueil, croisent la maladie. Parfois lors de viols, parfois lorsque, parvenues à destination, elles sont contraintes à se prostituer pour se nourrir ou se loger.

Cette population fait partie des communautés que vont rencontrer les bénévoles de l'association AIDES de Nantes.

Alexandre Malenfant est salarié de l'association, depuis 2017. C'est à Paris qu'il a commencé à travailler pour elle, avant de venir s'installer à Nantes.

"J'y ai trouvé une place assez rapidement, raconte-t-il. Trouver un travail avec du sens est assez compliqué aujourd'hui. Avec AIDES, on a cette chance."

Dans les locaux de la rue Baron, il assure les permanences avec trois ou quatre bénévoles, le jeudi de 18h à 21h et chaque premier samedi du mois de 11h à 14h.

Les migrants sont une population identifiée comme prioritaire dans la lutte contre le sida, mais pas seulement eux. Il y a les "HSH", les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes, les trans, les consommateurs de drogues, les détenus et anciens détenus, les travailleurs(euses) du sexe...

Des autotests de dépistage

Dans la salle qui donne sur la rue Baron, l'association AIDES dispose de banquettes pour recevoir les visiteurs et de toutes les brochures nécessaires pour les renseigner. On y trouve du matériel de "réduction des risques", préservatifs et autotests.

Des tests gratuits que l'on peut emmener et faire chez soi, mais après avoir eu un échange avec un des membres de l'association.

"On explique que, si vous avez pris un risque, il faut attendre trois mois pour faire l'autotest, précise Alexandre. On essaye de voir avec la personne si elle sait comment se transmet le VIH. Et si le test est positif, si elle est capable de recevoir cette positivité, et si elle sait quoi faire ensuite."

C'est souvent le moment d'expliquer, si besoin, que les traitements permettent aujourd'hui de réduire la charge virale au point de rendre la maladie intransmissible.

Lutter contre la sérophobie

Il arrive aussi à Alexandre de pratiquer lui-même le test sur la personne, avec son accord, dans une petite pièce à l'écart et d'engager une conversation plus personnelle, plus intime. Ces entretiens, les membres de l'association les mènent également à l'extérieur des locaux de la rue Baron, lorsqu'ils vont à la rencontre de populations les plus concernées, dans certains quartiers, dans des saunas, des bars...

"On parle des préservatifs, comment on le met. Du fait que le VIH ne se transmet pas par la salive. Ça permet de déconstruire les représentations et de lutter contre la sérophobie (la peur de ceux qui portent le virus)."

L'association est également active sur les réseaux numériques, là où se font les rencontres. 

"Ce qui est compliqué, avoue Alexandre, c'est d'entrer en contact avec les hétéro-curieux" ces hommes qui ne se définissent pas comme homosexuels, mais tentent un rapport, et prennent un risque s'ils ne se protègent pas. Un risque pour eux-mêmes et pour leur partenaire habituelle.

"On a tous les moyens pour mettre un terme à l'épidémie, estime Alexandre Malenfant, mais il faut trouver les personnes qui ne connaissent pas leur statut (de porteur du VIH)."

La pandémie de Covid a gêné la lutte contre le VIH

C'est en effet tout l'intérêt de "l'aller vers", aller à la recherche de ceux qui ont des comportements à risque et qui ne se dépistent pas encore.

"En France, c'est très rare qu'une personne détectée (porteuse du VIH) ne prenne pas de traitement, note Alexandre. Mais c'est sur la découverte, le dépistage qu'on n'est pas bons".

L'argent est, là aussi, le nerf de la guerre. Avec plus de moyens, souligne-t-on à AIDES, il pourrait y avoir plus de dépistage, plus de distribution gratuite de matériel de prévention.

La pandémie de Covid a un gêné la lutte contre le VIH, d'où l'intérêt de la journée mondiale du 1er décembre. Une journée qui permet aussi de lutter contre la peur que continue d'inspirer un porteur du virus à son entourage.

"On a l'impression que c'est plus facile d'annoncer un cancer à des amis qu'un VIH, constate Alexandre. Alors que l'espérance de vie est plus grande quand on a un VIH traité."

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