Dimanche en politique vous donne rendez-vous Place Graslin à Nantes, devant l’Opéra du même nom, théâtre pendant plus de 100 jours et en pleine crise sanitaire d’une mobilisation d’intermittents du spectacle. Virginie Charbonneau et ses invités s'y intéressent ce dimanche 12 septembre à 11h25.

La culture fait partie des secteurs qui ont le plus souffert de la crise sanitaire. Selon les secteurs et les métiers, les conséquences sont variables. Selon les festivals aussi…

Car pour le Hellfest par exemple, l’annulation de deux éditions consécutives a été difficile à vivre… Mais elle ne met pas en péril l’avenir du festival metal de Clisson. Pour une raison essentielle : seuls 1% des spectateurs ont demandé à se faire rembourser leurs billets ! Le festival n’a donc pas eu à faire face à une perte considérable de trésorerie.

Mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir la fidélité du public du Hellfest et sa solidité financière.

Ainsi une centaine de structures culturelles ont répondu à un collectif de fédérations de musiques actuelles. L’étude montre qu’en Pays de la Loire, leur budget a baissé d’1/3 en moyenne en 2020. Les producteurs de musique sont les plus affectés. Heureusement, les aides de l’Etat, chômage partiel et fonds de solidarité, et aides des collectivités locales, ont amorti le choc.

Selon Vianney Marzin, directeur du Pôle des musiques actuelles en Pays de la Loire, "on n’a pas assisté à des faillites d’entreprises culturelles. Mais la suite va être compliquée. C’est dans 6 mois, un an que les problématiques de trésorerie vont arriver. Le moral des équipes est également atteint, les aides ont fait leur effet mais les gens ne peuvent pas se projeter dans l’avenir".

 

"Think bigger" au Hellfest

Mais au Hellfest, on croit résolument à un retour à la normale. Et pour Ben Barbaud, il faut adopter la méthode américaine « : "Think bigger", penser plus grand pour rebondir… En 2022, le festival à Clisson s’étalera donc sur deux week-ends, et non plus un seul, et sur 7 jours de concert ! 460 000 personnes sont attendues !

Avec une affiche historique… Deep Purple, Gun’s roses, Scorpions… Et surtout Metallica ! Seul risque : que les groupes étrangers, contraints encore par la pandémie dans leur pays ou par des quarantaines qui pourraient être imposées dans d’autres pays de leur tournée, annulent leurs déplacements… La question se pose légitimement quand on sait que 85% des groupes qui se produiront au Hellfest viennent de l’étranger…

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©France Télévisions

 

Mais le public du festival veut y croire… Les Pass restants se sont vendus en quelques heures début juillet. Et attention prévient Ben Barbaud : "Il n’y a qu’une seule plateforme de revente officielle, celle de notre site Internet, qui propose des billets de la même valeur que ceux vendus à l’origine, soit 289€ . En acheter sur d’autres sites, c’est prendre un risque de se faire arnaquer. Chaque année, on voit arriver des gens au festival avec des faux billets, et qui sont refoulés". Actuellement on peut trouver sur des sites de revente des billets à vendre au prix de 1800€… Prudence donc…

Le plus dur à venir pour les Intermittents ?

Le Hellfest sera une bouffée d’oxygène pour les artistes mais aussi pour les centaines d’intermittents qu’il emploie. Car leur situation reste difficile.

Selon Chloé Langeard, maitre de conférence en sociologie à l’Université d’Angers et spécialiste des questions culturelles, « les artistes du spectacle vivant sont ceux qui ont le plus souffert de la crise sanitaire. Le secteur du chant et de la musique en particulier ont été très impactés car ils n’ont pu fournir aucune prestation pendant plusieurs mois. Leur précarité s’est accentuée ».

Mais l’année blanche pour les intermittents a permis de limiter les dégâts. "Une mesure exceptionnelle,  rappelle Chloé Langeard, qui n’existe pas partout dans le monde et qui a été reconduite jusqu’au 31 décembre"

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©France Télévisions

 

Au-delà des intermittents, les collectivités aussi ont joué leur rôle d’amortisseur. La Ville de Nantes a fait voter un budget d’aide d’un million d’euros en avril 2020, et à nouveau un million d’euros en 2021.

Sommes fléchées vers :

  • le soutien à l’emploi, à la chaine économique locale
  • Le retour du public vers de nouvelles propositions culturelles
  • La création d’une cellule de veille pour aider les structures face à la "jungle" de la règlementation

Et acte quasi unique en France, avec la ville de Lyon : des compagnies de théâtre 100% privées ont été directement aidées. 4 au total à Nantes, pour 200 000€. "Une aide historique" pour Mathilde Moreau, qui dirige la Compagnie du Café Théâtre, mais logique pour Aymeric Seassau, l’adjoint communiste à la culture à la ville de Nantes.

 

"Privé ou public, ca reste de la culture et c’est essentiel".

Aymeric Seassau, l’adjoint communiste à la culture à la ville de Nantes

Voir ou revoir L'émission 

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©France Télévisions

Un avant et un après crise covid pour la culture

Une chose est sûre : il y aura pour la culture un avant et un après crise covid. "Il faut qu’elle évolue, estime Chloé Langeard,  vers des propositions de formes d’art + légères, au contact des habitants. Actuellement, pour les structures, il vaut mieux avoir une grosse production programmée dans une scène labellisée. Il faut que ça évolue car la culture a besoin de revenir au cœur de notre projet de société. L’un des enjeux, ça va être celui du lien et de la cohésion sociale, complètement ébranlés par la crise sanitaire. Et la culture y a toute sa place"

Alors pour Aymeric Seassau, il faut que "la culture soit une grande cause nationale. On a eu des débats qu’on pensait réglés depuis Malraux, sur la culturelle essentielle ou pas. Il doit y avoir un avant et un après avec l’Etat car l’équilibre n’est plus tenable. Il faut un nouveau pacte de financement entre Etat et collectivités, qui dépensent 3 à 4 fois + en part budgétaire pour la culture que l’Etat".

Et si les lieux de culture sont restés longtemps fermés, cela ne veut pas dire que les Français ont moins "consommé" de culture… Ils l’ont fait différemment, en se tournant notamment vers les plateformes de streaming et de téléchargement : elles ont enregistré +17% d’abonnement pendant le 1er confinement !

Face à cette nouvelle concurrence, la culture doit donc réinvestir l’espace public.Faisons confiance aux artistes pour cela, car ils ont su s’adapter pendant la crise, en improvisant des spectacles dans des lieux inédits, extérieurs, sur des formats plus courts, plus spontanés. Et cette nouvelle forme de culture a aussi su trouver son public.

 

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