Deux mois après avoir été poignardé en plein jour à Nantes, quai de la Fosse, le blogueur Mahammad Mirzali opposant au régime d'Azebaïdjan vit toujours cloîtré chez lui, sous les menaces.
Depuis mars, Mahammad Mirzali vit reclus. Journaliste indépendant réfugié en France depuis 2016, il dénonce régulièrement sur les réseaux sociaux et sur sa chaîne Youtube les travers du régime d'Azebaïdjan. Après deux tentatives de meurtre en six mois, et de nombreuses menaces de mort sur les réseaux sociaux, il ne sort quasiment plus de chez lui.
Cela fait une semaine que les intimidations s'intensifient. Mardi 1er juin, il retrouve sa voiture avec les vitres brisées. À l'intérieur, un message : "Ceci est pour toi".
En réaction, il tweete : "Je le sens. Bientôt, je serai tué par le régime d'Aliyev. Si je suis assassiné, il y aura deux parties à blâmer. Aliyev est le premier, bien sûr, et l'autre est l'indifférence du gouvernement français (...). Merci à tous ceux qui me soutiennent."
I’m feeling it. Soon enough I’ll be killed by the Aliyev’s regime. If I’m assassinated there’ll be two sides to blame. #Aliyev’s the first of course, and the other’s the #French government’s indifference. I still live at the same address. Thanks to everyone who support me. pic.twitter.com/cI7XKl4TOn
— Mirzali Mahammad (@Mirzali_FR) June 2, 2021
Le lendemain, il remarque par sa fenêtre des individus qui le prennent en photo. Le groupe aurait ensuite essayé de s'introduire dans son immeuble. Quand Mahammad Mirzali a crié en appelant la police, ils ont fui.
Victime de toutes ces violences, il a déposé plusieurs plaintes et des enquêtes sont en cours. En attendant le jeune journaliste indépendant de 27 ans se sent seul face aux menaces qui pèsent sur lui.
Il peut toutefois compter sur le soutien de Reporters sans frontières, qui dénonce une exportation sur le sol français de la répression de la liberté d’expression du régime azéri. "S’il arrive quoi que ce soit à Mahammad Mirzali sur le sol français, non seulement le président Aliev en sera tenu personnellement responsable, mais il devra aussi faire face à l'opprobre du monde et à sa mise au ban de la communauté internationale.”déclare le secrétaire général, Christophe Deloire, dans un communiqué de presse.
Le blogueur refuse de se taire. Sa chambre lui sert de studio d'enregistrement, il crée et partage régulièrement des vidéos critiques envers le régime dénoncant corruption et autoritarisme. Il ne veut pas s'arrêter là, d'autant plus qu'il est touche une large audience : ses vidéos sont vues jusqu'à 2 millions de fois. Il l'assure :"Jusqu'à mourir je vais parler".
Chronologie des faits
2012 : En Azerbaïjan, Mahammad Mirzali commence à dénoncer le régime. Il est arrêté pour la première fois.
2016 : Menacé, Mahammad Mirzali fuit l'Azerbaïjan
Mars 2020 : il reçoit un message de menaces de la part d'Adil Aliyev, vice- président du parlement azéri.
Octobre 2020 : tentative de meurtre au volant de sa voiture (fusillade)
Mars 2021 : chantage à la sextape. Une vidéo intime de sa soeur est rendue publique sur la messagerie Telegram
14 mars 2021 : Mahammad Mirzali est poignardé quai de la Fosse
1er juin 2021 : Mahammad Mirzali retrouve les vitres de sa voiture brisées, avec à l'intérieur un message de menace
2 juin 2021 : Mahammad surprend des inconnus en train de prendre en photo son appartement. Ils tentent de s'y introduire.