Un collectif de trois associations a sondé les piétons de 200 villes de France. Nantes remporte un D et obtient la troisième place des villes "marchables". Un podium en demi-teinte donc, car si la ville est relativement bien classée, selon ses usagers elle peut mieux faire. (Article initialement publié en septembre 2021)
"Il n'y a pas de ville idéale, pas de ville parfaite pour les piétons" prévient d'emblée Anne Faure, la présidente de Rue de l'Avenir, l'une des trois associations à l'origine du premier baromètre des villes marchables de France.
"Cette étude est d'abord le moyen de dresser un état des lieux de la circulation piétonnière et de faire ressortir les points noirs et les améliorations à apporter pour favoriser la marche dans les villes".
Rue de l'avenir, 60 millions de piétons et la Fédération Française de Randonnée ont compilé les données recueillies auprès de 70 000 personnes afin de sonder leur ressenti de marcheurs.
Sécurité, confort, aménagements, partage de la rue, végétalisation, de multiples critères ont été pris en compte pour évaluer la qualité des déplacements pédestres dans les villes.
Et le résultat de cette étude conforte les revendications que portent les associations depuis de nombreuses années.
Les piétons sont les grands oubliés de l'aménagement des villes et des pouvoirs publics
Anne Faure, présidente de Rue de l'Avenir
"Beaucoup d'efforts ont été faits envers les cyclistes et nous nous en réjouissons, maintenant on aimerait qu'un grand plan piéton soit mis en place pour favoriser la marche, dit Anne Faure, le piéton occupe tout l'espace public, il a besoin de mobilier urbain, comme des bancs pour pouvoir faire des haltes, de toilettes publiques, de fontaines ou encore d'ombre !"
"Certes, le piéton est exigeant mais n'est pas suffisamment considéré. On a mis en place des pistes cyclables et c'est très bien, réfléchissons maintenant à des cheminements piétonniers fluides et dédiés aux marcheurs !".
Malgré ce bilan en demi-teinte, quelques villes sortent leur épingle du jeu.
Parmi les plus grandes (plus de 200 000 habitants), Nantes se classe troisième derrière Strasbourg et Rennes...un podium à relativiser car si les deux pemières métropoles sont classées C par les piétons, Nantes, quant à elle, obtient un D.
Nantes est "moyennement appréciée par les marcheurs"
Si la ville a fortement limité la possibilité de se déplacer en voiture en son centre, favorisé la mobilité douce ( tram, vélos, trottinettes ) et instauré des zones où la vitesse ne doit pas dépasser les 30 km/h, il existe de nombreux conflits d'usage sur la voie publique, notamment avec les cyclistes ," essentiellement dus aux comportement des gens " précise Maryvonne Dejeammes, correspondante de Rue de l'Avenir pour le grand Ouest.
"Il y a une grande confusion entre les pistes cyclables et les espaces marchable. Les pistes cyclables ne devraient pas être prises sur les trottoirs"
C'est l'encombrement en tout genre sur les trottoirs qui gêne le plus le piéton nantais : travaux, poubelles, poteaux, voitures (mal) garées, et... terrasses.
"La place donnée aux étals des commerces et des terrasses ne respectent pas toujours les 1M40 de large légalement dévolus aux piétons, par exemple place du Bouffay ou le long de la ligne de Tram (allée Baco), c'est d'autant plus compliqué pour les personnes aveugles ou malvoyantes, celles qui se déplacent en fauteuil ou encore les personnes âgées".
L'autre point noir, c'est le stationnement des vélos. "Il n'y a pas suffisamment de lieux dédiés pour garer son vélo, détaille Maryvonne (qui est aussi cycliste), il faut souvent zigzaguer, quand on marche en ville. De nouveaux arceaux pourraient être installés sur les places de stationnement des voitures...en tout cas c'est à réfléchir "
Toutes les villes d'Europe sont loin de se ressembler et certaines ont déjà pris en compte les besoins des marcheurs.
"La ville de Bruxelles, par exemple, a travaillé en coordination avec la région et la métropole pour mettre en place un plan général de circulation des piétons, baptisé "Good Move", c'est à mon sens l'exemple à suivre et dans la méthode et dans le résultat " indique encore Anne Faure.