Le photographe Suisse Mario Del Curto nous propose son regard avec son exposition au Lieu Unique "Humanité Végétale". Sous ce titre, un regard pointu nous donne à voir des images qui nous questionnent sur la place de l’homme dans la nature.
Il est très difficile de classer Mario Del Curto dans un genre photographique, il est un tout, à la fois photo-journaliste, documentariste, plasticien, militant, un tout comme notre planète.
Patrick Gyger, directeur du Lieu unique et commissaire de cette exposition, connait son travail depuis de nombreuses années.
"Je lui ai fait la proposition de travailler sur les jardins, principalement sur les "jardins utopiques". C’est, en quelque sorte, la manière de reconstruire le monde sur une petite surface autour de sa maison principalement, c’est une façon pour les gens de contrôler une partie de l’environnement à leur image. En tirant sur ce fil, Mario Del Curto est arrivé à beaucoup d’autres choses comme l’écologie, la question des origines, du vivant et des plantes, la question de la propriété privée, de la conservation des semences. Le projet est devenu un projet plus global : le lien entre les êtres humains et la nature."
Le choix d’exposer cet artiste effectué par le Lieu Unique à Nantes n’est pas anodin pour Patrick Gyger.
"Le projet devait se faire à Nantes en 2013 lorsque Nantes était "capitale verte de l’Europe", et oui aujourd’hui il y a toutes ces tensions autour de la minéralisation de la ville, mais en même temps il y a cette volonté politique de la ville affichée de verdir la ville par du jardin urbain et cette exposition vient questionner cela et elle ne va pas dire que c’est une bonne ou une mauvaise chose."
Mario Del Curto, l’artiste suisse, a commencé ce travail depuis plus de dix ans, l’appareil photo en main il a ainsi arpenté une partie de notre vaste monde et nous offre maintenant ses images.
"C’est une exploration photographique en zigzag à partir de ce projet qui est vague, divisé entre plusieurs thèmes : les jardins utopiques, la relation entre la science et le végétal, le jardin dans la ville, les jardins modestes, les jardins des morts, les jardins sacrés, la relation avec l’alimentation et l’homme" nous confie-t-il.
Cette exploration photographique n’est pas seulement artistique, son regard est aussi documentaire et militant, une position que Mario revendique.
Un engagement politique ? "Oui je pense, nous sommes dans un moment charnière, c’est sans doute la première fois dans l’histoire de l’humanité où l’enjeu est de mettre, non pas l’homme au centre d’un développement ou d’un modèle de société, mais c’est plutôt de mettre le vivant en avant et de mettre l’homme à sa place, il n’est qu’un des acteurs du vivant en interaction dans un ensemble, nous sommes un élément du vivant".Une démarche documentaire oui ! Je cherche plus la force dans la réalité, il y a vraiment une force et une beauté que j’essaie de transmettre
"C’est peut-être une solution pour résoudre cet inquiétant avenir qui se profile, le réchauffement climatique, la pollution, les nanoparticules de plastique qui envahissent tous les endroits de la planète. Mettons le vivant au centre de toutes réflexions !", ajoute-t-il.
"La covid -19 a un effet miroir et révélateur sur notre monde pour une petite partie de la population, dit l'artiste, je pense que nous devrions utiliser cette situation qui est assez perturbante pour se poser les bonnes questions et ne pas vouloir relancer une économie de consommation prédatrice pour imaginer un futur".
"On estime qu’en 2050 à peu près 80 % de la population de la planète habitera dans des grandes villes, qu’est ce que cela veut dire au niveau de l’organisation sociale, du contrôle, de la gestion des eaux usées, de l’alimentation, cela va poser des problèmes énormes, il y a des mégapoles qui font 40 ou 50 millions d’habitants. Si ce travail peut participer un tout petit peu à la réflexion, c’est parfait."
L’exposition l’humanité végétale est visible jusqu’au 31 août au Lieu Unique à Nantes.
Mario Del Curto a aussi actuellement une autre exposition à Arles "Les graines du monde, L'Institut Vavilov" c’est à la Chapelle du Méjan, jusqu’au dimanche 30 août 2020.