Disparus des amphithéâtres depuis 2004, les cours de breton seront de retour à l'université de Nantes en février.
"Le breton est enseigné de Harvard à Cambridge en passant par Moscou, mais pas dans l’université de la cité des Ducs de Bretagne". Un paradoxe qui n'a pas échappé à Florian Le Teuff, adjoint à la maire de Nantes et délégué aux enjeux bretons. La langue y est absente des programmes depuis 2004.
L'élu a organisé des réunions à l’Hôtel de Ville avec des associations pour le développement de la langue bretonne, pour convaincre l'université de l'enseigner à nouveau, conformément au programme de Johanna Rolland pour les municipales en 2020.
L'initiative née d'une volonté politique a fini par convaincre Nantes Université. "Nous ne travaillons pas sous contrainte. Ce collectif que nous avons rencontré à deux reprises nous a fourni des éléments démontrant qu’il y a une dynamique nouvelle d’un intérêt croissant pour l’apprentissage de cette langue", affirme Arnaud Guével, vice-président Formation et éducation ouverte à Nantes Université.
Sur le campus, des cours du soir d'1 h 30 par semaine seront ouverts à tous, et pas seulement aux étudiants, dès le mois de février. Le recrutement du professeur est en cours.
Le breton : une langue d'avenir ?
Le groupe favorable au retour du breton sur les bancs de la fac a misé sur deux principaux arguments : d'une part, l'intérêt de la population pour cette langue. Une étude sociolinguistique pilotée par la région Bretagne en 2018 auprès de l’institut TMO démontrait que dans la Bretagne historique, y compris à Nantes, 73 % des personnes sondées réclament davantage d'enseignement du breton à l'école.
D'autre part, la ville de Nantes s'est engagée à doubler le nombre d’écoles publiques à Nantes qui comprennent une filière bilingue français-breton, en les portant à 6. L'objectif serait alors de former les futurs enseignants de ces écoles.
Pourquoi une si longue absence ?
La langue fait son retour après 18 ans d'absence. Selon Arnaud Guével, de Nantes université, les volontaires manquaient à l'appel : "Nous sommes obligés de regarder la réalité de façon pragmatique. Lorsque certaines de nos formations ne rencontrent plus de public étudiant, il faut les interrompre".
Avec le retour des cours de breton, l'université entre dans une phase d'expérimentation. Même si les cours ne rencontrent pas le succès escompté ce premier semestre, l'université envisage de le maintenir en septembre pour laisser au cours le temps de s'installer et de trouver son public.