La justice a validé l'expulsion de centaines de migrants installés sur le square Daviais, à Nantes, ce mercredi. Elle avait été demandée par la préfecture ce mardi. Le juge a motivé sa décision par les "conditions de salubrité publique dégradées" qui constituent "un péril sanitaire".
Environ 400 migrants demandeurs d'asile vivent depuis plusieurs semaines sur le square Daviais à Nantes, faute d'hébergement. Assignés en justice par la préfecture de Loire-Atlantique ce mardi 17 juillet, ils devront bientôt quitter les lieux. C'est ce qu'a décidé, ce mercredi, le juge des référés du tribunal administratif de Nantes, qui a rendu sa décision.
Le magistrat a en effet validé l'expulsion des migrants demandée par les services de l'État, et leur demande de partir "sans délai" et "avec l'ensemble des tentes, matériels, marchandises, véhicules leur appartenant". Il a motivé sa décision sur plusieurs pages et considère notamment que "les conditions de salubrité publique sont particulièrement dégradées", évoquant 283 tentes pour un seul point d'eau et un seul sanitaire, la présence de rats et 12 suspicions de gale. Ce "péril sanitaire, réél" qu'il souligne rend l'évacuation "urgente", d'après lui.
La préfecture a annoncé avoir trouvé "90 à 100 places d'hébergement d’urgence sur l’ensemble de la région, soit en Loire-Atlantique, Sarthe, Vendée et Maine-et-Loire", mais n’a pas pu "s’engager sur la durée" de ces places. Elle a également déclaré que la priorité pourraient aller aux femmes, enfants et personnes âgées qui sont plus vulnérables.
À la suite de cette décision, le collectif "Uni-e-s contre une immigration jetable" (UCIJ), composé d'une vingtaine d'associations, partis et syndicats, ont saisi le défenseur des droits, Jacques Toubon, ont-ils annoncé dans un communiqué. Ils y soulignent les "difficultés systémiques" auxquelles sont confrontés les demandeurs d'asile dans l'agglomération nantaise.
► Voir le reportage en intégralité d'Éléonore Duplay, de François Bobet et de Stéphane Hérel.
Démunis, ces migrants sont aidés depuis le début par les locaux, les associations comme le Secours populaire et la Croix Rouge, et depuis vendredi dernier, par Médecins du Monde, qui ont installé trois tentes pour assurer les premiers soins, après le début d'une épidémie de gale.
Les avocats des migrants ont demandé un renvoi de l'audience. Ils ont estimé le laps de temps trop court pour préparer "dignement et décemment" la défense de 376 personnes.
À l'origine de cette crise, un appel du pied des associations envers les pouvoirs publics, mercredi 11 juillet, sur le risque de "crise sanitaire grave" au square Daviais, demandant plus de places d'hébergement. Lundi 16 juillet, la préfecture écrivait dans sa requête en référé : "Compte tenu de l’urgence à faire cesser cette situation au regard du danger imminent pour la salubrité publique et la santé de ces personnes, j’ai demandé par lettre du 13 juillet à la Maire de Nantes de prendre toutes les mesures utiles pour faire cesser l’occupation illicite de ce campement. (…) Celle-ci ne s’étant pas exécutée dans le délai fixé, je suis contrainte de faire usage de mon pouvoir de substitution".
Vendredi dernier, le délégué de Médecins du Monde Mathieu Quinette dénonçait "une politique de non accueil indigne de la France".
► Voir le reportage en intégralité de Céline Dupeyrat et Christophe Amouriaux :