A Nantes, le tunnel Saint-Félix relie l'Erdre à la Loire. Pendant deux semaines, en avril, il a été inspecté de fond en comble. Il s'agissait de faire le point sur le vieillissement de l'ouvrage. C'est un scaphandrier qui est allé réaliser ce diagnostic.
La canal Saint-Félix à Nantes daterait du VIème siècle. Mais le tunnel lui-même, qui relie l'Erdre au canal Saint-Félix a été construit entre 1929 et 1933. Ces travaux ont été réalisés par l'Allemagne, au titre des dommages de la première guerre mondiale. Il s'agissait de combler l'Erdre qui passait au niveau de l'actuel Cour des 50 Otages et de le dévier plus à l'est, sous les cours Saint-Pierre et Saint-André.
C'est ce tunnel qui fait donc la jonction entre l'Erdre et le canal Saint-Félix, devenu un port de plaisance, qu'il s'agissait de diagnostiquer. La partie aérienne avait été contrôlé en 2019, la partie immergée restait à faire.
730m de long
Sur le quai, l'équipe demeure en communication permanente avec Wayan Lalet, le scaphandrier. Si elle était interrompue, le scaphandrier devrait remonter, question de sécurité. Maxime Pelmoine, le chef d'équipe est à l'écoute des besoins de Wayan, notamment pour lui donner plus ou moins de narguilé, ce tube qui lui apporte l'air. Maxime gère également les données de plongée, temps, profondeur et sécurité en surface.
Dans les eaux du tunnel, Wayan inspecte et cartographie les 730 mètres de l'ouvrage.
"Il y a plein de choses là-dessous, nous dit Wayan à sa remontée. Il y a des poutres de renfort, des pieux en béton et au dessus, des poutres d'encorbellement qui soutiennent la dalle (du tunnel)."
Pas facile de réaliser une telle mission, dans un lieu sombre, lorsque la visibilité n'est que de 40 centimètres. Sans lampe, c'est le noir complet.
"Avec Romoeuf, on est habitué à des chantiers avec de gros moyens maritimes, explique Wayan. On peut faire du découpage, de la soudure, du bétonnage. Ce genre de chantier (dans le tunnel Saint-Félix) c'est plus facile. On fait simplement de l'inspection pour faire du compte-rendu."
"Il n'y a pas de défauts majeurs"
Cette inspection commandée par le Département de Loire-Atlantique subaquatique n'avait jusqu'à présent jamais été faite.
"On analyse les défauts pouvant endommager l'ouvrage ou entraîner un mauvais fonctionnement, détaille Maxime Pelmoine. Dans l'ensemble, l'ouvrage est correct. Il n'y a pas de défauts majeurs qui impactent la structure. Mais, dans les années à venir, il faudra peut-être nettoyer le tunnel, il y a des déchets au fond."
Le scaphandrier a également trouvé des voûtes que l'équipe ne s'attendait pas à voir. Elles ne figuraient pas sur les quelques archives mises à disposition de l'équipe.
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"A l'instar des ouvrages routiers, il faut préventivement faire des inspections, nous confirme Philippe Jahan, responsable des voies navigables du département de Loire Atlantique. On a souhaité le faire en dehors de la période où il y a le plus de navigation. Sur cette voie d'eau, la navigation est essentiellement touristique pendant la période estivale."
Le bilan qui a été fait semble rassurant, l'ouvrage a été jugé sain et en bon état.
"A la lecture de ces deux rapports, (aérien en 2019 et subaquatique cette année), nous confirme-t-on au Département, les services du Département établiront un programme d’intervention avec des échéances plus ou moins longues suivant les impératifs techniques. A priori, il ne devrait pas y avoir de travaux conséquents : quelques reprises d’épaufrures (éclat de pierres) à prévoir en aérien et pour la partie subaquatique, pas ou peu de remarques de la part des plongeurs."
Le trafic des bateaux a pu reprendre dans le tunnel du canal Saint-Félix.