Les tribunaux de la région ont tourné au ralenti ce mercredi après-midi, avec de nombreux reports d'audiences, des rassemblements, des actions symboliques, pour une journée de mobilisation des avocats contre le projet de loi de programmation pour la justice.
Le barreau de Nantes a décidé de "suspendre la participation des avocats à quelque audience que ce soit", de "suspendre toute intervention au titre des permanences" et de "fermer l'ensemble des cabinets d'avocats". En début d'après-midi, près de 250 avocats se sont rassemblés dans la salle des pas perdus du Palais de justice de Nantes. Pour le bâtonnier du barreau de Nantes, Jean-René Kerloc'h "Le projet de loi se résume en trois mots : "déjudiciarisation, externalisation et automatisation". Il craint "de voir disparaître ce qui fait l'essence de notre profession : la défense des droits du citoyen".
Dans son appel à la mobilisation daté du 17 Mars, le Conseil National du Barreau, le CNB, réaffirme son opposition au projet de loi de programmation de la justice 2018-2022, et "exige du gouvernement d'être immédiatement associé à la rédaction des projets d'ordonnances et de décrets", "Nous étions dans une logique de concertation, jusqu'à ce que nous découvrions le projet de loi le 9 Mars, qui ne reprend pas des propositions auxquelles nous avions donné notre feu vert", "La déjudiciarisation n'est pas la solution. Avec cette réforme, on retire sa place au juge. Au pénal, on va créer des plateformes de résolution des litiges fondées sur des algorithmes". On assiste selon le CNB à un projet de "justice sans avocats, sans juges, sans citoyens".
Les avocats des Pays de la Loire ont suivi massivement ce mouvement de grève. Ils estiment que " la justice ne peut pas être réformée sans une concertation totale et transparente avec l'ensemble des acteurs". Il s'agit, pour eux, de faire pression sur le gouvernement avant que le projet ne soit présenté au conseil des ministres du 18 avril prochain. Selon le bâtonnier de Nantes "la lutte risque de durer un certain temps".