Carine Bernault a été élue ce mercredi 1er juillet présidente de l'Université de Nantes, succédant à Olivier Laboux. Cette juriste spécialiste de la propriété intellectuelle veut développer l'université nantaise mais aussi lutter contre la précarité qui touche une partie des étudiants.
Loin du costume cravate de Olivier Laboux, son prédécesseur, Carine Bernault arrive à sa première conférence de presse de nouvelle présidente de l'université de Nantes habillée d'un tee-shirt blanc, d'un jean orné d'un motif fleuri et de chaussures légères. Une page est-elle tournée ?
Pour le savoir, il faudra attendre d'abord de connaître l'équipe qu'elle a mise en place autour d'elle pour diriger cette institution qui accueille quelques 37 000 étudiants, équipe qui sera présentée au conseil d'administration le 10 juillet.
Mais Carine Bernault n'est pas tout à fait nouvelle dans l'organigramme. Elle y est apparue en 2016 comme membre du conseil d'administration puis vice-présidente en charge de la réforme de l’université et enfin première vice-présidente.
Auparavant, celle qui s'est spécialisée dans la propriété intellectuelle (droit d'auteur), avait dirigé l’Institut de Recherche en Droit Privé.
"les questions de formation, de recherches et d'innovation sont primordiales"
Pas simple d'arriver à la tête d'une université en pleine crise sanitaire. Mais Carine Bernault voit dans les semaines passées une motivation de plus pour travailler au développement de l'enseignement supérieur."La crise sanitaire a démontré que les questions de formation, de recherches et d'innovation sont primordiales, dit-elle. L'université est un lieu où l'on forme les esprits des citoyens et le monde où nous vivons."
Première priorité pour cette femme qui a réalisé toutes ses études à Nantes, poursuivre le développement de cette université et notamment la création de la "Nouvelle université", cette entité baptisée "Nantes Université" et qui doit réunir l’Université, le CHU et l'Inserm. Elle attend d'ailleurs de rencontrer Philippe El Saïr, le directeur du CHU nouvellement nommé. Quant à l'Ecole Centrale, qui a claqué la porte de ce projet, "Mon seul souhait, dit-elle, c'est qu'arrive à la direction de l'Ecole Centrale un nouveau directeur ou une nouvelle directrice qui soit prêt à s'engager pleinement avec nous dans ce projet".
Reste à savoir si l'Etat reviendra aussi dans le financement de ce dossier après la décision en décembre 2019 du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche de retirer ses subventions.
Une maison des solidarités pour les étudiants
Parmi les autres priorités évoquées par Carine Bernault, l'aide aux étudiants qui souffrent de la précarité. Une maison des solidarités sera créée comme point d'entrée unique pour ceux qui voudront avoir accès à différents types d'accompagnement."Les étudiants vont avoir du mal à trouver des jobs d'été cette année, constate la présidente de l'université, il y aura des difficultés à la rentrée pour certains."
La nouvelle présidente, élue au premier tour du scrutin pour quatre ans, souhaite également développer la démocratie au sein de l'université. "L'enjeu démocratique ne doit pas reposer uniquement sur cette élection qui a eu lieu" explique Carine Bernault qui a sollicité son collègue politologue Arnault Leclerc pour qu'il lui fasse des propositions "pour faire vivre cette démocratie".
Quant à la rentrée de septembre, la présidente de l'université estime qu'il y a "de bonnes chances de pouvoir accueillir tous nos étudiants et que les cours se déroulent normalement. Mais notre responsabilité, c'est de savoir ce qu'on met en place pour affronter une éventuelle deuxième vague (de covid-19)".
Le syndicat SNESUP-FSU, attend d'ailleurs Carine Bernault sur la question de l'enseignement à distance. Pas question de se faire imposer des cours en distanciel annonce le syndicat qui constate de fortes incitations pour des cours hybrides, en partie à distance.
"Si l'université s'apprête à mettre en place des formations à distance, déclarent Taklit Samy et Marie David, deux représentantes du SNESUP-FSU, ce n'est pas lié au coronavirus, c'est à la mode, c'est une incitation du gouvernement."
"Il n'y a rien de pire qu'un campus sans étudiants"
Le syndicat rappelle également son opposition à ce qu'il appelle "l'établissement expérimental" en parlant du projet de nouvelle université et espère bien que "les décisions ne se prendront plus désormais de façon pyramidale mais collective.""Carine Bernault était première vice-présidente d'Olivier Laboux, rappelle Marie David, elle était déjà en responsabilité depuis plusieurs années. Vraisemblablement, c'est le changement dans la continuité."
De son côté, Carine Bernault a tenu à préciser que l'enseignement à distance existait déjà avant la crise du Covid et "qu'il n'y a pas de raisons que ça devienne la norme. Il n'y a rien de pire qu'un campus sans étudiants."
Carine Bernault juriste et cinéphile
Née en Alsace, Carine Bernault a grandi en Lorraine avant d'arriver à Nantes à l'adolescence puis d'y faire toutes ses études.Son père aujourd'hui retraité etait ingénieur "à la grande époque d'Alcatel" précise-t-elle. Sa mère était mère au foyer.
Célibataire, elle dit avoir toujours voté mais sans jamais prendre sa carte dans un parti.
La nouvelle présidente de l'université de Nantes dit n'avoir jamais fait grève en tant qu'enseignante mais elle se souvient avoir participé au mouvement contre le CIP lorsqu'elle était étudiante.
Cinéphile, elle a fait sa thèse de doctorat sur le droit d'auteur appliqué au cinéma. Elle compte bien transférer les affiches de film de son bureau de première vice-présidente dans son nouveau bureau de présidente.
Ses films préférés : le cinéma américain et français des années 40 et 50, Hitchcock, Truffaut...