À seulement 17 ans, Henora jongle entre le bac et sa passion pour l'ultimate. Sélectionnée pour la troisième fois en équipe de France, elle se prépare pour les championnats du monde U20 mixte à Birmingham cet été. Un sport méconnu aux défis financiers.
Henora Trossat à 17 ans est passionnée d'ultimate depuis quatre ans. Difficile cette année de se partager entre le baccalauréat et son sport préféré. Elle est sélectionnée pour la troisième année consécutive en équipe de France, et cet été, c'est pour les championnats du monde d'ultimate à Birmingham en Angleterre, catégorie U20 mixte.
Alors entre les entraînements dans son club, les regroupements de l'équipe de France à Blois et la préparation physique, le temps manque : "Au moins deux soirs dans la semaine, après le lycée, je dois faire mes prépas. C'est vrai que j'ai moins de temps pour les cours".
Un palmarès déjà prometteur
Henora a toujours pratiqué son sport dans le même club, le Bacus Ultimate à Bouaye, en Loire-Atlantique, créé en 2017. Et en seulement quatre ans, elle a su faire ses preuves.
- en 2020, 3ᵉ en compétition beach junior avec son club
- en 2022, vice-championne d'Europe U17 féminine à Wroclaw en Pologne
- en 2023, championne d'Europe U20 féminine à Padoue en Italie
Un petit regret pour cette année, ses deux copines du club ne sont pour l'instant que remplaçantes en équipe de France.
"Cette sélection m'apporte énormément techniquement. On rencontre de nouvelles personnes. Adultes ou juniors, on se retrouve tous et il y a une bonne ambiance", explique Hénora.
Ce qu'aime Henora avant tout, c'est courir. Elle a pratiqué l'athlétisme plusieurs années, mais a dû arrêter pour des douleurs aux genoux. "Le fait de jouer en intérieur, sur une plage ou de la pelouse, c'est trois milieux différents et c'est très intéressant parce qu'on doit jouer différemment."
Elle court vite, mais elle réunit d'autres qualités : "Henora a une qualité technique évidente. Quand elle a le disque en main, c'est rare qu'elle le perde. Elle a aussi une bonne vision du jeu. Elle ne va pas se précipiter lorsqu'elle va être dans une phase de jeu où il va falloir garder le disque. Elle a plutôt un rôle de meneuse", explique Cyrille Loiseau, entraîneur et président du club Bacus Ultimate.
Ses qualités techniques plus sa vision du jeu font que c'est une pièce essentielle dans une équipe.
Cyrille Loiseauentraineur et président du club Bacus Ultimate
Un sport délaissé
Contrairement à d'autres sports, l'ultimate manque de reconnaissance et c'est aux pratiquants de financer leur sélection en Équipe de France.
Le club prend en charge les 50 € de chaque stage de préparation à Blois. La fédération donne entre 100 et 150€ par joueur et la mairie de Bouaye participe.
Cette année, les championnats du monde sont à Birmingham en Angleterre. Alors pour financer le voyage, l'hébergement, et même la tenue, la famille d'Henora a décidé de mettre une cagnotte en ligne.
"Henora a fait le tour des entreprises locales pour essayer d'avoir une aide, mais économiquement, c'est difficile pour tout le monde en ce moment" reconnaît Stéphanie, la maman d'Henora. "1 200 € (c'est le budget nécessaire) c'est un coût important, alors on a sollicité la famille et fait une cagnotte parce que c'est un sport qui mérite d'être connu."
"Si ce sport pouvait être professionnel, je pense qu'il y a longtemps qu'elle aurait arrêté les études. Je suis super fière parce qu'elle se donne à fond ! C'est un sport qui est sain avec de belles valeurs", ajoute Stéphanie.
Il reste encore un dernier stage de préparation les 6 et 7 juillet prochains et ce sera le grand départ pour la compétition qui se déroule du 21 au 27 juillet.
Si l'envie vous prenez de suivre la compétition, les matchs seront diffusés en direct sur ulti.tv ou sur la page Facebook de la fédération.
Et quand on demande à Henora son rêve : "Les Jeux olympiques, ça serait beau !"
En attendant, cette triple sélection en équipe de France permet au club de rayonner auprès de la fédération française de flying disc. Pour la deuxième année, le club se voit confier l'organisation des phases finales des championnats de France juniors les 15 et 16 juin prochain. 50 équipes, soit 600 enfants, sont attendues à Bouaye pour vivre l'événement.
Un peu d'histoire
Walter Frederick Morrison est l'inventeur d'un engin volant en plastique nommé frisbee. Après quelques expériences infructueuses, en 1955, il dépose son modèle de "flyin saucer" (soucoupe volante). Il en vendra plus de 200 millions d'exemplaires.
En 1957, lors d'une démonstration, des étudiants disent s'amuser à lancer des moules à tarte en métal qui s'appellent "frisbie". Une petite erreur de l'entreprise de fabrication du "flyin saucer" et désormais l'engin s'appellera le frisbee.
En 1968, un groupe d'étudiants américains, décident de créer un nouveau jeu d'équipe en s'inspirant des règles de sports collectifs, mais avec un esprit différent. L'ultimate est né aux USA, mais il faudra attendre 1973 pour le voir en France.
Quelques règles
Un but est marqué lorsqu'un joueur réussit à attraper au vol, dans la zone de but attaquée par son équipe, le frisbee lancé par l'un de ses partenaires. L'équipe qui totalise le plus de points à la fin de la partie est déclarée gagnante.
Esprit du jeu : la particularité de ce jeu est qu'il se pratique sans arbitre. En effet, l'auto-arbitrage est de rigueur. Le fautif reconnaît son erreur au point de remettre en main propre le frisbee à son adversaire. Le fair-play est l'essence de ce jeu. En pratique, un enseignant aura un œil sur le jeu, il n'interviendra que s'il y a conflit et pour noter les scores.
Ce sport permet aussi d'éviter les blessures puisque les contacts sont interdits.
But du jeu : marquer plus de points que l'équipe adverse. Un but est marqué lorsqu'un joueur réussit à attraper au vol dans la zone d'en-but le frisbee lancé par l'un de ses partenaires. Le frisbee doit être uniquement déplacé par passes. Il est interdit de courir avec le disque à la main.
Espace de jeu : en extérieur, le terrain fait 40 m x 20 m. Les zones d'en-but sont larges de 5m. Deux équipes de 6 joueurs s'affrontent pendant 7 à 10 minutes.
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