Procès Caouissin Troadec à Nantes : l'épilogue d'une affaire hors normes

Hubert Caouissin a été condamné à 30 ans de réclusion pour le quadruple meurtre de la famille Troadec par la cour d'assises de la Loire-Atlantique le 7 juillet 2021, sa compagne Lydie Troadec à trois ans de prison dont un avec sursis.

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Hubert Caouissin, désormais âgé de 50 ans, a été condamné mercredi 7 juillet à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Loire-Atlantique pour le quadruple meurtre de la famille Troadec à coups de pied de biche, le 17 février 2017, à Orvault, près de Nantes.

Après 7 heures 30 de délibéré, la cour d'assises a retenu l'altération du discernement de l'accusé, lui faisant ainsi bénéficier d'une atténuation de peine. L'avocat général avait requis la réclusion criminelle à perpétuité assorti d'une peine de sûreté de 22 ans à l'encontre de Hubert Caouissin.

Son ancienne compagne, Lydie Troadec, âgée 52 ans, comparaissait libre. Elle a été condamnée à trois ans de prison, dont deux ferme, pour modification de scène de crimes et recel de cadavre. Elle a été incarcérée à l'issue de l'audience.

Un délire paranoïaque à deux

Hubert Caouissin avait avoué les faits lors de sa seconde garde à vue. Il reconnaissait avoir tué les membres de sa belle-famille à leur domicile d'Orvault, près de Nantes, dans la nuit du 16 au 17 février 2017: Brigitte et Pascal Troadec âgés de 49 ans et leurs deux enfants Charlotte âgée de 18 ans et Sébastien âgé de 21 ans.

Dans sa ferme du couple, située à Pont-de-Buis dans le Finistère, l'ancien ouvrier de l'arsenal de Brest avait ensuite dépecé minutieusement les corps au couteau de cuisine pendant trois jours, jetant les muscles et les viscères dans des ronciers pressé par le temps, dans l'espoir qu'ils soient mangés par des animaux sauvages, et incinérant les os, la peau et le gras dans sa chaudière.

Ses avocats, Me Larvor et Me Fillion, avaient demandé aux jurés de ne pas condamner l'accusé à la perpétuité et de lui accorder l'atténuation de peine prévue par le code pénal en cas d'altération du discernement. M. Caouissin souffre en effet d'un "délire chronique de type paranoïaque en secteurs", ayant entretenu le couple dans un délire à deux, reconnu unanimement par les quatre experts psychiatres et deux experts psychologues. Le Docteur Zaguri a fait valoir que ce cas d'école de "délire à deux" méritait d'être enseigné aux jeunes étudiants en psychiatrie tant il lui paraissait extraordinaire. "L'un nourrissant la folie de l'autre".

Hubert Caouissin

Au moment des faits, l'accusé était convaincu que Pascal Troadec avait subtilisé un trésor familial de lingots d'or découvert à Brest, vestige de l'or de la Banque de France évacué vers le Canada au début de la Seconde guerre mondiale. M. Caouissin a raconté s'être rendu à Orvault pour récolter des "informations" sur le vol de ce trésor imaginaire.

Aux enquêteurs lors de sa seconde garde à vue il avait livré un long récit des faits, qu'il a reproduit lors d'une reconstitution sur place au domicile de la famille Troadec à Orvault. Les experts en morpho-analyses n'ont pas contredit sa version des faits, à défaut de la confirmer.

Hubert Caouissin indique depuis sa seconde garde à vue, répète au juge d'instruction, et répète encore devant la cour avoir été assailli par son beau-frère alors qu'il était éntré dans la maison, profitant de la porte du jardin restée ouverte pour le chat. Jusqu'à la fin de son procès, il a maintenu avoir tué ses victimes pour se défendre.

"114 pages de bobards ?"

Égrenant les différents rapports d'expertise rendus durant l'instruction, Me Fillion, défenseur d'Hubert Caouissin a décompté "114 pages d'expertise". "114 pages de bobards, monsieur l'avocat général ? C'est ça que vous dites? Ce sont des bobards, des salades ?", reprochant à l'avocat général les propos mêmes qu'il avait tenus la veille, dans son réquisitoire.

Selon lui, c'est "la folie qui a poussé" l'accusé à faire le déplacement à Orvault "ce soir de février 2017". Convaincu que son beau-frère avait volé un trésor imaginaire de lingots d'or, l'accusé a raconté s'être rendu chez sa belle-famille pour obtenir des "informations" sur cette spoliation supposée.

Ses deux défenseurs, Me Patrick Larvor d'abord, s'est attaché à mettre en pièce un par un, les arguments des deux avocats généraux entendus la veille. Puis, dans une longue et brillante plaidoirie, Me Thierry Fillion avait supplié la cour de ne pas condamner Hubert Caouissin à la perpétuité, craignant pour sa vie. "Hubert Caouissin est dans une cage, il est dans une cage mentale, dans une cage d'obsession et de délire. Il n'a pas choisi de tuer ses victimes. Il n'était pas libre, il était pris dans cette paranoïa atroce. Vous devez en tenir compte", avait lancé la voix tendue Me Fillion, à l'intention de la cour d'assises de Loire-Atlantique.

Au terme de deux semaines de débats, l'accusé, ancien ouvrier à l'arsenal de Brest, a dit regretter "infiniment ce qui s'est passé à Orvault et ce que j'ai fait après", juste avant que la cour ne se retire pour délibérer. Ajoutant : "Je demande pardon à tous ceux qui ont été affectés. Je demande pardon à Sébastien, à Charlotte, à Brigitte et à Pascal".

Lydie Troadec

Les avocats de Lydie Troadec, Me Crestin et Me Cabioch, avaient eux demandé à la cour de prononcer une peine assortie du sursis à l'encontre de leur cliente. La peine maximale, trois ans de prison ferme, avait été requise la veille. "Elle n'a jamais souhaité la mort de son frère. Elle n'a jamais souhaité la mort de sa famille", avait plaidé Me Alexis Crestin, soulignant l'importance qu'elle reste en liberté pour son fils, qui fête ses 13 ans ce jeudi 7 juillet.

Lydie Troadec qui a déjà passé quatre mois en prison au moment des faits, y est retournée après l'audience. Le juge des libertés statuera sur l'aménagement de sa peine.

Retrouvez ci-dessus toutes les vidéos des 2 semaines du procès de Hubert Caouissin et de Lydie Troadec

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