En ville, en été, la chaleur rend parfois l’air irrespirable. Pour faire retomber le thermomètre, la peinture blanche s’invite sur les toits des écoles, des bâtiments publics, mais aussi chez les particuliers, qui sont de plus en plus nombreux à sauter le pas pour gagner quelques degrés à l’intérieur de leur domicile.
Au bord de la Méditerranée, on peint les maisons en blanc depuis des siècles. C'est beau, mais pas seulement. Le blanc renvoie la chaleur du soleil au lieu de l'absorber.
Face au dérèglement climatique, et aux craintes de voir les canicules s'intensifier, à Rezé, près de Nantes, comme dans d'autres villes françaises, certains habitants s'inspirent de cette technique millénaire pour moins souffrir de la chaleur en été.
Cette peinture blanche ou peinture réflective, est également connue sous le nom de "cool roof". Elle représenterait un réel gain en matière d'efficacité énergétique et de durabilité.
Moins 4 à 6 degrés
Amandine Cabarat-Goaziou habite à Rezé. Elle a peint elle-même le toit de son extension en gris clair au printemps dernier. "Pour une surface de 25 mètres carrés, ça nous a coûté dans les 600 euros", explique la Rezéenne.
"L'idée, c'était vraiment d'éviter la climatisation. On avait envie d'avoir moins chaud, mais aussi de faire un geste au niveau écologique".
Amandine Cabarat-GoaziouHabitante de Rezé, près de Nantes
Selon certaines estimations, les économies réalisées sur les factures énergétiques peuvent atteindre 30 %.
Et ça marche. Une couche d'un centimètre de cette peinture isole aussi bien qu'un mur d'un mètre de large en pierre. Les spécialistes sont formels.
"Le gain qu'on va avoir, ce que nous disent les clients, c'est entre 4 et 6 degrés de gain dans le bâtiment qui est en dessous, ou dans le logement qui est en dessous", explique Maxime Claval, chef d'entreprise et ingénieur thermicien.
Une barrière contre la chaleur
Mais attention, on ne peut pas appliquer n'importe quelle peinture blanche sur son toit. Si celle de l'ingénieur thermicien est efficace, c'est parce qu'elle contient des aérogels de silice, des sortes de microbilles en verre qui forment une barrière contre la chaleur.
L'ingénieur propose de faire le test avec un sèche-cheveux sur sa main. "On commence à me chauffer la main, sans aérogel. On attend un peu, et là, j'ai vite trop chaud. Je ne sais pas de combien de degrés je suis monté, mais clairement, ça me brûlait. Maintenant, si on fait le test avec la peinture appliquée sur un gain en silicone sur ma main. On chauffe et je ne sens plus rien. C'est marrant parce que ça me chauffe autour, là, où il n'y a pas la peinture. Mais là, ici directement, au niveau de la peinture, je n'ai pas de problème de températures."
Solution d'avenir ?
D'après certains experts, la peinture réflective offrirait également une protection mécanique à la toiture, prolongeant ainsi sa durée de vie et renforçant son imperméabilité. Elle peut servir de barrière contre les intempéries, la surchauffe due au rayonnement solaire et d'autres formes d'agressions environnementales.
En réduisant les températures, elle pourrait avoir un impact sur les températures, elle peut contribuer à créer un environnement de travail plus confortable, en entreprise.
Enfin, en diminuant le besoin de climatisation, on réduit la consommation d'énergie et, par conséquent, les émissions de CO2.
Risques d'éblouissements de la faune
La technologie séduit de plus en plus de clients, mais des contraintes persistent.
La plupart des plans locaux d'urbanisme interdisent de peindre son toit en blanc. Et pour Thomas Leduc, chercheur au CNRS, cette technique n'est pas sans conséquences.
"Si nos villes sont peuplées de bâtiments qui deviennent des espèces de miroirs, imaginez bien que la nuit, les bâtiments seront peut-être moins chauds, mais ces miroirs se mettront à réfléchir toute la lumière venue des lampadaires ou d'autres sources de lumière. Et ça, ça aura un impact réel et très conséquent sur toute la faune nocturne qui peuple nos villes".
D'autres couleurs de peinture, moins éblouissantes pour les animaux, existent pour tous les revêtements de toits, mais elles sont moins efficaces que le blanc.
Le reportage de Carla Butting, Laura Striano. Montage: Mariano Zadunaisky