Témoignage. Daniel a travaillé avec son père pour Louis de Funès

Le château du Cellier en Loire-Atlantique était le refuge de Louis de Funès. Loin de Paris, l'acteur aux 150 films aimaient venir s'y ressourcer en famille. C'est là que Daniel Coquet l'a côtoyé. Son père était le menuisier du couple et il venait régulièrement au château pour l'aider dans ses travaux. Il nous confie ses souvenirs de cette époque.

"La première fois que j’ai vu monsieur de Funès, on était dans la salle du billard. C’est là que j’ai découvert son vrai nom de famille : Louis de Funès de Galarza. Je me le rappelle très bien parce que je me suis pris les pieds dans le tapis alors que je portais la boîte de pointes bien rangées de mon père qui se sont retrouvées par terre. J’ai eu droit à une soufflante juste avant de faire la connaissance de M. et Mme de Funès".

René Coquet, le père de Daniel, était le menuisier de la famille de Funès au château du Cellier, de 1976 jusqu’à la mort de l’acteur, le 27 janvier 1983, il y a 40 ans.

"Mon père avait les clés du château, car, quand l’acteur partait en tournage, ça pouvait durer plusieurs mois, et il fallait bien que les travaux continuent".

Daniel avait 14 ans, fin 1976, quand il allait, en dehors des heures d’école, donner un coup de main à son père qui n’avait pas d’ouvrier. "Une fois, M. et Mme de Funès revenaient de l’aéroport en taxi. Ils avaient oublié la clé du portail. Comme mon père l’avait, il est venu leur ouvrir. Nous les avons aidés à porter leurs valises. Je nous revois dans la cour du château avec les bagages. On se serait cru dans un film".

Des anecdotes, Daniel en a quelques-unes. Comme le jour où Jeanne de Funès lui avait donné 200 francs pour qu’il aille s’acheter un sac à dos pour son camp de vacances. Et elle lui avait donné 100 francs de plus comme argent de poche. Daniel et son père avaient beaucoup de respect pour le couple et réciproquement.

Au lendemain de la mort de Louis d’un infarctus à seulement 69 ans, René Coquet avait aussitôt rapporté les clés du château, marquant la fin d’une époque. Aux obsèques, Daniel se souvient d’une foule immense. "C’était très impressionnant".

À la mort de René, en 2011, Daniel a tenu à en avertir la famille de Funès. Il a reçu en retour un mail du fils, Olivier, qui disait ceci : "Nous sommes très peinés par cette nouvelle, sachant que notre père avait un immense respect pour votre papa. Il aimait en effet les personnes qui effectuent leur métier avec élégance. Qu’ils soient chirurgiens ou menuisiers, il ne faisait aucune différence de statut social. Il aimait tout simplement la performance, quelle qu’elle soit. Celle de l’homme qui réalise de belles choses. Nous vous transmettons toutes nos condoléances et surtout notre admiration pour votre père. Sachez que notre réponse est extrêmement sincère. Il nous disait souvent : Coquet est un mec formidable. Ce n’est pas de la menuiserie, c’est de l’art".

[Article initialement proposé en janvier 2023]

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