Timothée et Fabian hébergent un jeune sans abri. "Ce n'est pas si compliqué" disent-ils

Adhérents de l'association Repairs 44, ce couple de Nantais a voulu tenter l'expérience d'héberger un jeune, mineur, sans abri. Cela fait cinq mois, que grâce à eux, Fahim a un toit.

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 Fahim était un cas d'urgence pour l'association Repairs 44. Il fallait rapidement lui trouver un toit, il risquait de se retrouver à la rue. Après en avoir discuté entre eux, Timothée et Fabian, un couple de Nantais du quartier proche du rond-point de Rennes a décidé de l'accueillir, d'abord pour quelques jours, sans obligation de durée. Cinq mois plus tard, la relation s'est construite avec Fahim, un Bangladais de 17 ans. Le jeune est toujours là et heureux d'avoir trouvé une chambre où dormir lorsqu'il rentre de sa formation.

C'est Timothée qui, le premier, a exprimé le souhait d'utiliser ainsi la chambre vide de leur maison. Membre de l'association Repairs 44 depuis trois ans, ce salarié d'une société spécialisée dans l'informatique, a aperçu une annonce de l'association sur son compte Facebook demandant des volontaires pour accueillir des jeunes sans solution de logement.

"On ne voulait pas s'engager sur une durée."

Fabian, son mari, était tout d'abord dubitatif. Mais le couple a décidé de tenter l'aventure.

Timothée a pris son téléphone, appelé l'association et a demandé tout d'abord quelques renseignements sur ce à quoi ils s'engageaient. Ils ont donné leur accord, mais avec quelques conditions.

"Comme on est souvent absents le soir, dit Timothée, on ne pouvait pas s'occuper des repas. On ne voulait pas non plus s'engager sur une durée, pouvoir arrêter du jour au lendemain."

Leur accord donné sous ces conditions, ils ont eu immédiatement une sollicitation : Fahim, 17 ans, arriverait chez eux dans les jours qui suivraient.

Repéré dans la rue par Médecin du Monde

C'est ainsi que Fahim a débarqué dans leur maison, le 30 décembre dernier.

"Je me souviens, dit Fahim dans un Français très approximatif, c'était un vendredi." Très souriant, le jeune homme est reconnaissant, il sait que cette générosité lui a évité, peut-être, de passer sa fin d'année et sans doute plus, dans la rue. Car, son statut de mineur non accompagné n'est pas établi. La procédure est toujours en cours pour préciser l'âge de ce jeune, parti en 2021 du Bangladesh et passé entre-temps par l'Inde, la Grèce, l'Italie, avant d'arriver en France, où il a été repéré par Médecin du Monde et orienté vers les services sociaux, les associations. La réalité de son âge posant question. Il ne pouvait donc être pris en charge par le Département. Et d'ici à ce que le doute soit levé, il sera devenu majeur.

40% des jeunes SDF étaient des enfants placés

Repairs 44 est l'antenne locale de l'association nationale Repairs, créée en 2015 en région parisienne par des personnes qui avaient elles-mêmes été suivies par l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE). Ces personnes mettent en avant le fait que 40 % des jeunes SDF ont été placés dans leur enfance par l'aide sociale. 

Alissa Denissova, cofondatrice de Repairs 44, avait, elle aussi, été placée dans son enfance.

Afin d'offrir de meilleures chances dans la vie à ces jeunes qui, une fois majeurs, sortent du jour au lendemain de l'aide sociale à l'enfance, Repairs fait appel à des hébergeurs solidaires, disposés à loger chez eux un jeune, souvent pour quelques jours, parfois plus.

"C'est usant pour le jeune de construire un nouveau lien à chaque fois, mais c'est mieux que rien" explique Brice Pasquier, coordinateur de Repairs 44.

Chez Timothée et Fabian, Fahim a trouvé ses marques. Il a pris l'habitude de faire ses courses et de se préparer lui-même ses repas. Il n'est pas à la charge du couple, bénéficiant d'un petit revenu pendant la formation en alternance qu'il a obtenue.

"Ça permet de relativiser notre vie"

Timothée

Hébergeur solidaire association Repairs 44

La barrière de la langue reste importante. Fahim bredouille quelques mots de Français. Ce qui a été difficile pour Fabian au début de cette relation. 

"Je projetais sur lui mon exigence d'apprendre le Français, dit-il. Il échappait à la conversation, ça ne prenait pas." 

Mais les semaines ont passé et le lien s'est créé.

"On s'est adaptés"

"On fait plein de choses ensemble, raconte Timothée, on a fait un gâteau dimanche, on a planté un arbre. Dans un premier temps, on a établi des règles de vie, mais en fait, on s'est adaptés. Ça s'est fait petit à petit."

Fahim apprécie aussi de jouer aux jeux vidéo avec Timothée et de parler Français avec lui.

"Mes parents sont venus le week-end dernier, raconte Fabian, et ont rencontré Fahim. Ça a changé leur regard sur les choses !"

"Si ça doit s'arrêter, on va chercher le jeune"

L'association, une des neuf antennes en France de Repairs, dispose d'une vingtaine d'hébergeurs solidaires. Ils n'accueillent un jeune, souvent, que pour quelques jours. Repairs 44 peut aussi proposer, en secours, des nuits d'hôtel, mais pas beaucoup. Une centaine de jeunes sont suivis par l'association, pour la plupart, de jeunes majeurs.

"On n'est pas une grosse association, précise son coordinateur, Brice Pasquier. Mon équipe ou moi nous déplaçons pour rencontrer les hébergeurs, pour voir leur domicile, créer une rencontre avec le jeune pour que chacun puisse se positionner. Si ça doit s'arrêter, on va chercher le jeune et on cherche un autre hébergeur. On fait attention aussi, on évalue le jeune. On n'envoie pas un jeune avec des troubles psychiques importants dans une famille."

Des rencontres avec d'anciens enfants placés

L'action de l'association va au-delà d'un hébergement. Elle accompagne aussi les jeunes vers une formation, un travail, une régularisation si c'est un étranger. Elle organise aussi des rencontres avec des adultes qui avaient été placés par l'Aide Sociale à l'Enfance.

Pour montrer qu'on peut s'en sortir et construire quelque chose de solide et de durable.

1000 mineurs non accompagnés suivis par le Département de Loire-Atlantique.

Selon les données fournies par le Département de Loire-Atlantique :" 1 000 MNA (mineurs non accompagnés) sont pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).  Une prise en charge qui ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années. Plus de 500 mineurs non accompagnés devenus majeurs continuent d’être pris en charge par le Département dans le cadre des contrats jeunes majeurs."

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