Ville de départ ou arrivée d'étape du Tour de France, Nantes a vécu des courses mythiques entre 1948 et 2008, avec des étapes marquées d'anecdotes. À la veille du départ du Tour qui, cette année, boude les Pays de la Loire, nous vous proposons de revenir sur cinq grandes dates à Nantes.
Le cyclisme est devenu, année après année, un sport national. Le comité régional des Pays de la loire compte aujourd'hui 9 486 licenciés. Cela représente près de 10 % de licenciés en France. Un chiffre éminent, à l'image du développement du sport dans la région nantaise.
Et, de manière assez surprenante, le Tour semble plus intéressé par d'autres régions de la France, comme les Pyrénées et les Alpes, étapes mythiques de la grande boucle.
Cela étant dit, à Nantes et notamment, au 20ᵉ siècle, de nombreuses courses marquent les esprits.
La cité des Ducs a été le départ ou l'arrivée de belles étapes du Tour au cours desquelles les grands champions ont pu briller.
Pour faire évoluer le parcours du Tour de France, la direction de l'événement a presque - pour ne pas dire totalement oublié - la ville de Nantes sur sa carte de France.
7 Juillet 2008 : Saint-Malo - Nantes
La dernière virée date de juillet 2008. Depuis Saint-Malo, Samuel Dumoulin ne le sait pas encore, il s'apprête à remporter sa seule victoire d'étape au Tour de France. Du haut de ses 1,59 m, le coureur Cofidis tire la marge sur ses poursuivants, jusqu'à prendre 13 min d'avance sur le peloton.
"C'était aujourd'hui ou jamais", confie-t-il alors à France Télévisions. Décidée à rester, la pluie a accompagné les coureurs durant une bonne partie de l'étape. Arrivé à Nantes, Samuel Dumoulin vient livrer un sprint final de haute couture, avec William Frischkorn et Romain Feillu.
Depuis, Nantes n'a plus accueilli le Tour. Une aubaine pour rappeler le contre-la-montre de 2003.
26 juillet 2003 : Contre-la-montre Pornic - Nantes
L'année du centenaire de la grande boucle - la 19e étape donne son départ à Pornic, la commune balnéaire du sud Loire.
Lance Armstrong, en maillot jaune, domine outrageusement le circuit. Mais, ce jour-là, l'Allemand Jan Ullrich, dauphin de cette édition 2003, le Britannique David Millar, vainqueur de l'étape à Nantes et l'Américain Tyler Hamilton, font barrage à la providence.
Mais, à hauteur de Bouguenais, près de Nantes, Jan Ullrich arrive à toute vitesse sur un rond-point. La pluie est battante et fait chuter le coureur, sur plusieurs mètres. Les secondes s'écoulent et scellent définitivement l'identité du vainqueur sur les Champs-Elysées : Lance Armstrong.
2 juillet 1990 : Poitiers - Nantes
Le 2 juillet 1990, des centaines de coureurs quittent Poitiers, en direction de Nantes. Quelques heures après le départ, arrivés à Saint-Gemme, les cyclistes du Tour sont invités à ralentir, sur une distance donnée. Concrètement, que se passe-t-il ? Au 85ᵉ kilomètre, une manifestation paysanne prend possession des lieux et oblige la direction du Tour de France à arrêter la course, jusqu'à Breuil-Chaussée, au km 112.
Cette manifestation d'agriculteurs exige le renforcement de la sécurité des coureurs. La direction n'a pas d'autre choix que de rajouter 5 km supplémentaires, à l'étape du jour : de 228 km à 233 km, pour arriver à Nantes.
10 juillet 1953 : Nantes - Bordeaux
En 1953 - pour les 50 ans du Tour - l'étape 8 est la course la plus longue de la grande boucle. Départ à Nantes, en direction de Bordeaux, des centaines de coureurs prennent part à ce défi marathonien : 345 km.
Beau temps, atmosphère de fête. La résistance de l’ouest publie des caricatures, dans toute la ville, des organisateurs locaux, dont Emmanuel Latard, le dirigeant cycliste bien connu pour son rôle de speaker au vélodrome.
Acteurs des grandes folies, parfois éteints par la fatigue et la sueur, les cyclistes sont observés de très près pour leurs efforts surhumains. La télévision essaie, en parallèle, de mettre à l'honneur le paysage français. Une occasion de voyager, de voir la France autrement. La Rochelle, Saintes, Bordeaux, le Tour de France est un fin guide touristique.
Sur un sol assez plat et un temps sec, les coureurs ne semblent pas embêtés par le temps. Au contraire, partis dès l'aube, ils ont pu bénéficier de la fraicheur du matin.
Une dernière attaque à quelques kilomètres de l'arrivée et Jan Nolten file seul au stade municipal de Bordeaux. Des milliers de personnes, en fanfare, accueillent le Néerlandais et le reste des coureurs, qui longent le circuit d'athlétisme pour finalement poser pieds et saluer le public.
3 juillet 1948 : Dinard - Nantes
Et, enfin, pour boucler la boucle, l'édition 1948 ravive des souvenirs à tout passionné du Tour. Trois ans après la guerre, le peuple souhaite revivre des émotions, perdues par la guerre.
C'est donc une première à Nantes, avec la manière. À 23 ans, Louison Bobet, alors maillot jaune, devient le champion d'une ville. De Dinard, au nord de la Bretagne, à Nantes, l'ambiance est dans les fossés, dans les ruelles, dans les villes transitoires, cette étape du 3 juillet 1948 marque les esprits sportifs, mais aussi de toutes les générations.
À Nantes, des milliers de personnes sortent dans les rues et viennent acclamer le nom de Bobet. Des cris de "Vive la Bretagne", des applaudissements, de la musique, le Tour est célébré. Le soir, un feu d'artifice est tiré au bord de la Loire et vient conclure une journée pour l'histoire du sport.