INTERVIEW. Tri Yann a fait ses adieux à la scène, entretien avec les 3 comparses

Le groupe Tri Yann a donné son tout dernier concert à la Cité des Congrès de Nantes ce samedi 11 septembre. France 3 s'est entretenu avec les trois musiciens pour revenir sur une aventure bretonne qui aura duré pas moins de 51 ans.

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Cette ultime représentation à Nantes est la dernière d'une longue série, d'une tournée débutée... en décembre 1970 à Plouharnel, dans le Morbihan.

Les trois jeunes hommes, qui ne s'appellent pas encore Tri Yann, chantent alors la "Pastourelle de Saint Julien Maraichine" devant une poignée d'amis. 51 ans plus tard, Jean Chocun, 72 ans, Jean-Paul Corbineau, 73 ans et Jean-Louis Jossic, 74 ans, tirent leur révérence car "physiquement, il y a un moment où il faut être raisonnable".

Retour sur cette épopée musicale qui a fait chanter plusieurs générations. 

 

  • Comment est venue l'idée de s'appeler "Tri Yann" ? Solution de facilité ? 

"Disons qu'on a choisi nos prénoms en fonction du fait qu'on allait faire un groupe qui allait s'appeler Tri Yann", plaisante Jean-Louis Jossic. Les rires fusent. Jean-Paul Corbineau le reprend :"Nan... il y a un copain qui est venu voir notre première interprétation et qui connaissait nos prénoms. Il s'est dit 'oh les Tri Yann ! Les Tri Yann an Naoned à l'époque d'ailleurs, ce qui voulait dire les Trois Jean de Nantes. Mais au fait, Tri Yann c'était plus facile".

  • Avec vous, tout commence à Nantes et tout se termine... à Nantes. Nantes : la ville centre du monde pour vous ?

Pour Jean Chocun, "c'est la ville la plus importante de Bretagne"."C'est notre ville. On est né à Nantes. Tous les trois", le complète Jean-Paul Corbineau. Jean-Louis Jossic insiste : "O a débuté à Nantes, alors pour nous c'était symboliquement nécessaire et indispensable de finir à Nantes. On pouvait faire l'Olympia à Paris avant, mais après, il fallait aller à Nantes".

  • Vous êtes les ambassadeurs de la culture et de l'ouverture bretonne, est-ce qu'au bout de 50 ans, vous arrivez à parler breton ? 

"Lorsqu'on chante en breton, lorsque l'on fait une chanson en breton, on y met beaucoup de coeur. C'est-à-dire qu'on sait ce qu'on est en train de raconter. Dieu sait que j'étais pas le meilleur en breton, loin de là, reconnaît Jean-Paul Corbineau, mais lorsque j'apprends une chanson en breton, je vais chez notre professeur préféré qui rectifie, qui nous aide à avoir la bonne prononciation. On est très très sérieux quand on chante en breton, mais on ne le parle pas c'est vrai". Son camarade lui chante des louanges : "t'étais peut-être pas le meilleur au départ, mais maintenant t'es le meilleur en breton!" 

  • On revient sur l'un de vos tubes, La jument de Michao, petite révélation... ce n'est pas vous qui l'avez écrite 

"Ah nan du tout ! C'est Michao !" "On se demande même si la jument aurait pas joué un rôle, d'ailleurs", s'interroge Jean-Paul Corbineau, hilare. Jean-Louis Jossic analyse son succès : "ce qu'il y a d'étrange dans ce titre, c'est que ce sont deux titres ! Il y a le petit poulain et j'entends le loup, le renard et la belette. Ce sont deux morceaux différents et le fait de les avoir collés ensemble fait que c'est moins lassant, moins répétitif et c'est pour ça que ça a marché. Cette idée, ce n'est pas nous qui l'avons trouvée. On l'a entendue dans les bals bretons." 

  • Les Tri Yann, c'est une discographie de dingue, vous êtes aussi un groupe de scène, quel rapport avez-vous avec votre public ?

"On a un rapport avec les gens qui est d'une simplicité évidente, considère Jean Chochun. On n'a pas de grande distance. On n'a pas une équipe de sbires qui nous protègent de tout le monde. On est prêts des gens." Les autres acquiessent : "certainement que Tri Yann n'existerait pas comme ça si on n'était pas un groupe de scène. C'est d'abord ça qui a fait qu'on existe. Lorsqu'on croise des gens et qu'on leur demande 'connaissez-vous Tri Yann', ils vont certainement répondre 'oui, je les ai vus'. Ça ne veut pas dire qu'ils ne nous écoutent pas mais bon... La scène, c'est ce qui nous a portés. Et c'est certain que c'est ce qui me manquera le plus, à un moment donné ou à un autre. C'est le contact avec les gens, c'est le frisson en scène", avoue Jean-Paul Corbineau.

Kenavo, les Tri Yann ! 

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