Economiser l'énergie, cela passe aussi par la limitation des déchets technologiques. Faire réparer une voiture, un fer à repasser ou un four plutôt qu'en changer, c'est souhaitable pour la planète, c'est aussi bon pour le portefeuille. Surtout quand on passe par des ateliers de co-réparation.
Depuis le 15 décembre dernier, il est possible de toucher un "bonus réparation" pour l'électroménager, allant de 10 euros pour un grille-pain à 45 euros pour un ordinateur portable.
Objectif : inciter les Français à ne pas jeter mais à remettre en état.
Aujourd'hui, 90% des équipements réparables vont directement à la poubelle.
Fort de ce constat, de nombreuses structures naissent dans la région.
Le Repair-Café de Saint-Nazaire
Premier exemple à Saint-Nazaire au Repair-Café de Saint-Nazaire, situé au sein de la Maison de Quartier Chesnaie-Trébale.
Ici on répare les objets mais aussi le lien social.
Jouer de la clef de 6, ou du tournevis, ça dépanne l'électroménager, et ça resserre les liens.
"La tête des gens quand ils sont contents que leur appareil fonctionne" se réjouit Pierrick Danilo avec un regard pétillant.
Cet ancien électrotechnicien fait partie des bénévoles du Repair-Café de Saint-Nazaire.
"Des fois des trucs qui ont 50 ans ça repart mais ils sont contents ! C'est agréable" rajoute cette cheville ouvrière du Repair-Café nazairien, un tournevis en main.
Aspirateur en carafe, micro ondes en vrac, tourne disque rendu aphone par une araignée...
Depuis 6 ans, Rémi et Pierrick en voient de toutes les couleurs.
80% des problèmes viennent des connectiques
Les deux bénévoles, experts en bricole, adorent qu'on leur donne du fil à retordre où à souder.
"80% des pannes sont des problèmes de connectique ou de connexion" explique Rémi Danilo, ancien informaticien et responsable du Repair-Café de Saint-Nazaire.
"Très souvent ce sont des problèmes de soudure, de fils coupés, d'oxydation; ça c'est très fréquent" rajoute Rémi.
Objectif d'un Repair-Café : échanger, apprendre, bénéficier d'un service gratuit.
Et, surtout, lutter contre le gaspillage.
Moi je trouve ça honteux l'obsolescence programmée. Dans l'industrie on prévoit de renouveler le matériel tous les cinq ou six ans. Mais il faut faire vivre ce qu'on a. On a plus de matières premières sur la planète! Il faut faire quelque chose. Et ce quelque chose passe par la réparation.
Rémi DaniloBénévole au Repair Café de Saint-Nazaire
Le système D plutôt que la casse auto
Depuis plus de 40 ans, à Nantes, l'atelier associatif propose une autre manière de pratiquer la mécanique.
Trois permanents encadrent les adhérents.
Des néophytes les mains dans le cambouis comme Gauthier, tombé amoureux de cette voiture. Une Mini plutôt haut de gamme et mignonne mais capricieuse.
"C'est une chouette voiture mais elle a plein de pannes" souligne l'apprenti-mécano.
"Notamment des pannes liées à tout le système électrique. Mais pas que. Il y a l'usure des pièces. Elle a vingt ans donc c'est une vieille voiture". soupire Gauthier Le Chaffotec, adhérent depuis trois ans.
"Il y a plein de choses qui tombent en panne et je ne sais pas pourquoi. C'est pour ça que je viens là pour m'éclairer sur le sujet" ajoute Gauthier.
Une aide à l'autonomie
300 000 bornes au compteur, Daniel, un vieux de la vieille ici, termine la distribution de son Scénic.
"C'est là que le coup de main des mécanos est important" dit-il, la pièce à la main déposée aux côtés du moteur ouvert.
Premier check up de son van récemment acheté, Anthony n' y connait pas grand chose, mais il est motivé.
"L'adhésion a un certain coût après c'est aussi une dynamique solidaire sur l'atelier" note ce nouvel adhérent.
"La main d 'œuvre chez Volkswagen c'est pas donné, donc si je peux le faire moi-même et qu'il n'y a que les pièces à payer c'est pas mal" lâche Anthony avec un grand sourire.
AnthonyRéparateur amateur
"C'est souvent une des premières portes d'entrée. Les personnes qui viennent ont un gros souci avec leur véhicule, pas beaucoup d'argent et ils viennent voir ici, explique Emilie Bertrand, mécanicienne à l'Atelier de Nantes, il y en a qui résolvent ce problème là et qui s'en vont. D'autres qui découvrent autre chose ici : le lien social, le fait de pouvoir se rencontrer d'autres gens, d'échanger sur plein d'autres choses. Et qui restent pour plein d'autres raisons que celle pour laquelle ils sont venus"
Avec Les ZFE (pour « zones à faibles émissions ») la plupart de ces voitures ne pourront plus circuler en agglomération dés 2025.
Place aux véhicules récents, hybrides, ou électriques, qui ont aussi leurs détracteurs.
Une mise au rebus institutionnalisée, qui relève aussi de l 'obsolescence programmée.
Vincent Raynal avec Vincent Calcagni