Tandis que se poursuit le procès d’Air France et d’Airbus pour "homicides involontaires", treize ans après l’accident du vol Rio Paris qui a fait 228 victimes, Teddy Robert, le frère du copilote, témoigne de ses années de souffrance et espère que le constructeur et l’avionneur reconnaissent enfin leur responsabilité.
"C’était un lundi. Je reçois un coup de fil de mon papa qui m’annonce que l’avion n’a pas atterri. À ce moment, on a toujours l’espoir qu’il s’en sorte. Et à mesure que les jours passent, on perd espoir".
Teddy Robert repense à ce 1er juin 2009 où son frère, David, copilote du vol Air France 447 Rio Paris, sombre dans l’océan Atlantique avec 216 passagers et 11 autres membres d’équipage. "David faisait régulièrement la rotation Rio-Paris. J’ai eu la chance une fois de l’accompagner et de découvrir son métier" explique son frère cadet qui se souvient que "très vite, les pilotes ont été pointés du doigt, même avant de retrouver la boîte noire".
Confrontés à des défaillances techniques par mauvais temps, les pilotes ont perdu le contrôle de leur A330. En cause : le givrage des sondes Pitot. Ce sont elles qui servent à mesurer la vitesse de l'avion. Teddy et ses proches doivent alors faire le deuil de leur frère et supporter ce poids, car c’était "un membre de notre famille qui était aux commandes de cet avion".
Teddy et ses sœurs quittent Paris
Teddy, qui tenait alors une pharmacie en Seine-St-Denis, devient rapidement "le frère de". La pression est trop forte. Comme ses sœurs, il décide de quitter la région parisienne. Lui opte pour Nantes, où il peut retrouver de la sérénité, plus éloigné de ses proches, mais toujours aussi soudés.
Puis arrive le premier procès qui accouche d’un non-lieu pour Airbus et Air France en 2019. Une faute de pilotage serait à l’origine de l’accident. "L’association Entraide et Solidarité AF 447 a tout fait pour qu’il y ait appel de ce procès, ce qu’on a obtenu cette année, où les seules personnes incriminées sont Airbus et Air France, commente Teddy. Il était bien écrit que les pilotes n’avaient ni été formés ni s’attendaient à ce type de problème dans l’avion. Ils étaient donc complètement innocentés".
Un non-lieu au premier procès
Le 10 octobre dernier s’est ouvert le 2e procès au tribunal correctionnel de Paris. Airbus et Air France sont jugés pour homicides involontaires.
“J’ai ce besoin de réhabiliter la mémoire de mon frère, qui a été bafouée pendant au moins 13 ans, comme celle des deux autres pilotes”.
Teddy Robert
Au deuxième jour, "j’ai beaucoup hésité à y aller parce qu’on entendait quand même des voix d’outre-tombe, et surtout la voix de mon frère. J’avais peur d’entendre ça et d’en faire des cauchemars". Les parties civiles ont pu écouter la boîte noire. "C’était important que l’on puisse entendre ce qui s’était passé pendant ces 4 minutes 30 dans le cockpit. On entendait des alarmes dans tous les sens, des pilotes qui ont tout fait, tout essayé, qui se battaient contre la machine, et qui ont tout fait pour comprendre ce qui leur arrivait. On imaginait aussi toutes ces familles qui étaient derrière, assoupies, et qui n’ont, je pense, pas eu le temps de savoir ce qui se passait, alors que les pilotes, eux, savaient. Ça a été un moment très très fort".
Teddy Robert attend surtout d’Airbus qu’il reconnaisse ses erreurs. "Il aurait été tellement simple qu’ils disent : ça faisait 13.000 heures que les sondes étaient en circulation, on savait qu’elles gelaient, on aurait dû les enlever avant, on a fait une erreur. Au lieu de ça, ils continuent d’affirmer que c’est la faute des pilotes".
Verdict attendu le 8 décembre.
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