Deux députés Nupes de Loire Atlantique, Andy Kerbrat et Ségolène Amiot ont usé du droit accordé à tout parlementaire de se rendre sans prévenir dans un lieu de détention. Objectif : constater par eux mêmes les conditions de vie et de travail sur place.
C'est un droit peu connu et surtout peu utilisé par les parlementaires que celui qui à conduit ce mercredi 7 septembre les deux parlementaires au sein de l'établissement pénitentiaire pour mineurs d'Orvault et à la maison d'arrêt de Nantes.
Une loi carcérale en préparation
"Moi je suis en commission des lois et on va avoir une loi carcérale qui va arriver, c'est ça la réalité" annonce Andy Kerbrat devant le centre pour mineurs d'Orvault prés de Nantes qu'il vient visiter ce mercredi 7 septembre 2022.
"Et au vu des préannonces qui vont être faites, ça risque d'être un modèle encore plus répressif" ajoute l'élu.
Des inégalités majeures pour les détenus mineurs
Le député LFI Nupes est accompagnée de sa consoeur députée Ségolène Amiot qui elle, a déjà effectué des visites similaires en prison depuis cet été.
"C'est après ma première visite en milieu carcéral que j'ai pris conscience que pour l'un des pays les plus riches du monde, le pays des droits de l'homme, on est très très loin malheureusement des conditions de vie et de travail dignes" explique Ségolène Amiot.
Après deux heures de visite de cet établissement qui accueille des mineurs son constat est implacable.
"Je me rends compte qu'il y a des inégalités qui sont exactement les mêmes que l'on retrouve chez les adultes" explique la député de la 3éme circonscription de Loire-Atlantique.
'Le fait par exemple de devoir payer un euro la minute de communication téléphonique et plus encore pour les outremers. Il y a un vrai frein au maintien du lien avec la famille, les amis, la société. Rompre ce lien c'est un frein à la réinsertion" affirme la députée.
Il y a aussi le manque criant de personnel qui revient établissement après établissement. Les personnels sont en souffrance et les détenus peinent à exercer leurs droits à cause de ce manque de surveillants. Quand par exemple on a pas accès à des soins médicaux parce qu'il faut attendre qu'il y ait un surveillant de disponible pour pouvoir être amené à sa consultation. Ou encore lorsque certaines activités de réinsertion sont annulées faute de surveillants pour les encadrer.
Ségolène Amiotdéputé Nupes-LFI de la 3ème circonscription de Loire-Atlantique
Un manque d'effectifs choquant
De son côté le député Andy Kerbrat se rend pour la première fois dans un lieu de privation de liberté.
Il a le franc-parler de reconnaitre que pour une première visite "c'est choquant oui, il faut aussi avaler ce qui est cette réalité que les gens ne voient pas".
Le député LFI-Nupes de la deuxième circonscription de Loire-Atlantique sait que pourtant l'établissement pour mineurs d'Orvault près de Nantes "ce n'est pas l'établissement le plus insalubre, le moins bien doté. On a visité la médiathèque et le service de santé par exemple" explique-t-il.
L'établissement compte actuellement 39 mineurs pour 59 places.
"Mais ensuite derrière il faut les hommes et les femmes qui sont le vrai lien pour permettre la réhabilitation et la réinsertion" continue Andy Kerbrat.
Or affirme l'élu pendant sa visite de l'établissement "on a été énormément interpellé par les agents et par les médecins sur le manque d'effectifs".
Le député LFI n'hésite pas à parler de "maltraitance institutionnelle".
Il y a une casse réelle du service public. Car c'est un service public, on n'est pas aux Etats-Unis, ce n'est pas entièrement privé. On fait du mal et on empêche la réparation ce qui est , pour nous à gauche, l'idée que l'on se fait de la peine de prison
Andy Kerbratdéputé Nupes-LFI de la deuxième circonscription de Loire-Atlantique
Des suicides dans les prisons nantaises
Après cette visite de l'établissement pour mineurs d'Orvault dans la matinée les deux élus se sont rendus dans l'après-midi à la maison d'arrêt de Nantes.
Il y a un mois, la députée Ségolène Amiot visitait l'établissement après une série de suicides.
Deux nouveaux drames ont eu lieu depuis.
Après s'être emparée de la question en demandant fin août une enquête auprès de l'Inspection générale de la Justice, elle souhaitait faire le point sur place avec les responsables de l'établissement.
"Ce que je constate c'est une équipe qui est un peu démunie" explique Ségolène Amiot.
"Une équipe qui a mis énormément de choses en place, qui continue de mettre des choses en place et pourtant le résultat n'est pas là" constate la députée.
"Donc on va les aider à trouver d'autres solutions" termine l'élu Nupes-LFI.
Depuis le moi de mai 2022, six détenus se sont suicidés dans les prisons nantaises.