Suite à de nombreuses défections au sein du conseil municipal, de nouvelles élections sont organisées dans la commune de Vue, au sud de Nantes. Une liste s'est constiuée en quelques semaines. Problème, sur 1600 habitants une trentaine ne pourront pas voter ce dimanche 10 mars.
"Avec le mouvement des Gilets jaunes, on a bien vu le regain d'appétence des citoyens pour l'organisation de la chose publique. D'ailleurs de nombreux jeunes de 30 ans et moins ont rallié notre liste en vue de cette élection... cela fait bizarre de retrouver cette bonne volonté entravée par la machine administrative". Pascal Rabevolo est pour le moins circonspect.Seul prétendant à la mairie de Vue, il a, en quelques semaines, fédéré 19 habitants autour de sa candidature pour succéder à Christophe Bocquet.
Mais une subtilité du code électoral promet de gripper la machine à vote.
En vertu de la modernisation de la vie électorale, seuls les habitants inscrits sur les listes avant février 2018 pourront prendre part à ce vote, ce que confirme la préfecture de Loire-Atlantique :
"Dans le cadre de la réforme des modalités d’inscription sur les listes électorales, conformément à l'article 5 du décret n°2018-350 du 14 mai 2018, pour tous les scrutins dont le premier tour est organisé jusqu'au 10 mars 2019 inclus, il convient d'utiliser la liste électorale arrêtée le 28 février 2018 (par dérogation)".
Résultat, des habitants dûment inscrits sur les listes électorales, résidant depuis plus de six mois dans la commune et, pour certains, partie prenante de la liste candidate à l'élection, ne pourront pas voter..."c'est ubuesque, poursuit Pascal Rabevolo, quand on sait que le décret qui change les règles du code électoral sera appliqué dès le 11 mars..." à un jour près donc, ces électeurs auraient pu voter.
Le mécontentement du candidat tête de liste, est d'autant plus grand que ces électeurs privés d'accès aux urnes n'ont pas été informés.
"C'était en effet à l'ancienne municipalité de les en avertir, mais explique t-il, elle a refusé de le faire. Pour moi, il y a rupture de service public, cela concerne quand même une trentaine de familles...sur 700 foyers ça fait beaucoup".
Et voilà, une pierre de plus dans le jardin de l'ancien édile.
Car Pascal Rabevolo ne mâche pas ses mots, s'il se présente, dit-il "c'est pour reprendre en mains certains dossiers négligés par l'ancienne majorité municipale".
"En tant qu'ancien correspondant de presse, j'étais bien placé pour voir ce qui se passait à l'échelle de la commune, et deux gros dossiers notamment n'ont pas été menés à bien. Il s'agit du contournement de la commune par le trafic routier et la construction d'une salle polyvalente promise par l'équipe en place. Le travail n'a pas été fait".
Vue, précise encore le candidat, est encore l'une des seules communes de Loire-Atlantique à ne pas disposer de ce type d'infrastructure.
"Le budget pour construire ce genre d'équipement, a été abondé par des subventions conséquentes. Avec l'aménagement de la traversée de Vue,cela se monte à plus de deux millions d'euros. Or, si nous ne nous présentions pas, on courrait le risque de se retrouver sous gestion préfectorale (une tutelle administrative NDLR) rendant tout investissement impossible."