Des amendes de 1.000 euros ont été requises mercredi à Nantes à l'encontre de 19 opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, jugés pour avoir entravé la circulation lors d'une opération escargot le 12 janvier dernier sur le périphérique nantais.
Cette "action concertée" et "revendiquée" était bien "une opération de blocage", à 07H30 du matin, avec des véhicules circulant "à 10 ou 20 km/h" sur deux voies, a estimé le représentant du ministère public, Thierry Rolland, qui a demandé une peine de 100 jours-amende à 10 euros pour chacun des prévenus, poursuivis devant le tribunal correctionnel pour "entrave à la circulation", un délit passible de deux ans d'emprisonnement et de 4.500 euros d'amende.
Si elle est prononcée, une peine de jours-amende implique que le ou la condamné(e) voit cette peine transformée en emprisonnement pour une durée correspondant au nombre de jours-amende non acquittés. Les 19 prévenus, âgés de 23 à 61 ans, comparaissent pour avoir circulé le 12 janvier à une vitesse extrêmement réduite à une heure de forte affluence, en groupe et en différents points du périphérique, à la veille d'une audience devant statuer sur l'expulsion de onze familles et quatre exploitants agricoles "historiques", vivant sur le futur périmètre de l'aéroport.
Cette opération escargot, organisée trois jours après le blocage du périphérique de Nantes par les opposants à l'aéroport, qui avait nécessité l'intervention des forces de l'ordre pour déloger des manifestants qui avaient refusé de quitter les lieux, avait eu des répercussions assez limitées sur le trafic, traditionnellement dense le matin. Il avait été décidé par les autorités de ne pas permettre cette opération escargot et d'interpeller les conducteurs et de procéder à la mise en fourrière des véhicules, a rappelé le président du tribunal, Bruno Sansen, à l'ouverture des débats. Dix-neuf personnes avaient été interpellées et placées en garde à vue, puis remises en liberté dans la journée, et leurs véhicules avaient été saisis et mis en fourrière.
Les prévenus ont tour à tour expliqué à la barre qu'ils avaient volontairement participé à cette mobilisation, et évoqué les "difficultés occasionnées" par l'immobilisation de leur voiture, depuis six semaines. Une centaine de personnes, accompagnées de trois tracteurs, se sont rassemblées dans le calme pendant l'audience devant le palais de justice, sous haute surveillance policière.
L'avocat de huit des prévenus, Stéphane Vallée, a dénoncé avant l'audience une "différence de traitement" entre les participants à cette opération escargot et celles menées par les chauffeurs de taxis ou les agriculteurs. "Il y a une volonté très nette de vouloir pénaliser le mouvement anti-aéroport, ça ne fait pas de doute", a-t-il estimé.
Le jugement sera probablement rendu dans la soirée.