Sans fait nouveau ni piste à suivre, le parquet de Nantes a annoncé ce jeudi qu'il stoppait l'enquête pour harcèlement suite au suicide du maire de Rezé en février 2022.
Le 11 février 2022, on retrouvait dans les locaux de la mairie de Rezé, le corps du maire, Hervé Neau, 58 ans, mort par pendaison. Le suicide ne faisait aucun doute. Quelques jours auparavant, le parquet de Nantes avait été prévenu que des lettres anonymes, potentiellement diffamatoires pour Hervé Neau, avaient été envoyées à diverses personnes.
L'enquête commençait, confiée à la direction territoriale de la police judiciaire de Nantes.
Plusieurs courriers anonymes relatant des faits et gestes de sa vie privée
Un an plus tard, l'enquête est au point mort, elle est officiellement stoppée.
"Dès le lendemain du décès, expliquait ce jeudi le procureur de la République Renaud Gaudeul lors d'une conférence de presse à laquelle ont assisté Mathieu Guillerot et Juliette Poirier pour France 3 Pays de la Loire, nous avons ouvert une enquête du chef de harcèlement moral. L'intéressé avait laissé un courrier manuscrit dans son bureau expliquant exclusivement son geste par le fait qu'il avait reçu depuis le début du mois de janvier 2022 plusieurs courriers anonymes relatant divers faits et gestes, et notamment certains éléments concernant sa vie privée."
Certains courriers avaient également été adressés à d'autres personnes, des fonctionnaires de la mairie de Rezé et à la rédaction de Ouest-France. Des lettres, truffées de fautes d'orthographe, volontaires ou non s'interroge le parquet de Nantes, et envoyées par la Poste.
"Dans son bureau, à proximité de l'endroit où se trouvait sa lettre manuscrite, ont également été trouvés huit courriers anonymes, tous dactylographiés, ajoute Renaud Gaudeul. Les investigations ont été menées sur divers axes, notamment l'entourage professionnel, politique, amical et familial de Monsieur Neau."
Hervé Neau, dans sa lettre manuscrite, avait donné le nom de celui qu'il pensait être le corbeau mais cette piste a été très vite abandonnée par les enquêteurs. Une dizaine de personnes ont été auditionnées pour tenter d'identifier le ou les auteurs de ces 14 courriers anonymes.
Une très bonne connaissance du fonctionnement et de l'organisation de la mairie
"C'est une personne qui avait une connaissance précise, directe ou indirecte de la vie privée et de la vie professionnelle du maire de Rezé, ajoute le procureur de la République. Et une très bonne connaissance du fonctionnement et de l'organisation de la mairie de Rezé."
Ni empreintes ni trace d'ADN sur les lettres du corbeau. Un élément aurait pu aider les enquêteurs : toutes les lettres ont été éditées sur une seule et même imprimante, une HP color LaserJet CP 1515. Un modèle relativement courant. De nombreuses perquisitions ont été menées pour tenter de mettre la main sur cette imprimante mais en vain.
Concernant ce que contenaient ces lettres anonymes, pas de détails donnés par le parquet de Nantes mais une précision : la plupart des éléments factuels évoqués dans ces courriers sont exacts mais non constitutifs d'une infraction.
"Nous n'avons plus de pistes à explorer"
Quasiment à la date anniversaire de ce drame, le parquet de Nantes constate que toutes les pistes envisagées ont été suivies mais n'ont rien donné. L'enquête va donc s'arrêter là.
"Nous n'avons plus de pistes à explorer, conclut Renaud Gaudeul, de sorte que les investigations sont aujourd'hui au point mort. Elle ne pourront reprendre que si nous sommes destinataires d'éléments nouveaux nous permettant d'explorer de nouvelles pistes."
Si les investigations sont closes, le dossier n'est pas pour autant classé mais le délai de prescription de six ans à compter des dernières investigations a commencé à courir.
Le samedi 11 février prochain, la municipalité de Rezé organise un hommage à Hervé Neau.