Un plan d'eau de quatre hectares et son écosystème pourraient disparaître au profit d'une déchetterie géante dédiée aux rebuts du BTP. Le propriétaire du site a obtenu l'aval de la préfecture de Loire-Atlantique. À Donges, les élus de la municipalité veulent faire annuler l'arrêté préfectoral, mais s'opposent sur la méthode à adopter.
Elle n'est plus exploitée depuis des lustres et a été reconquise par la nature... La carrière du Revin est bien connue des habitants de Donges, près de Saint-Nazaire.
D'abord parce que c'est devenu un lieu de promenade et de pêche, mais surtout parce qu'il y a sept ans la population s'était déjà opposée à un projet de réhabilitation du site.
Son propriétaire, le groupe Charier CM, envisage depuis plusieurs années de vidanger le plan d'eau, et d'entreposer ici des rebuts de ses chantiers.
150 000 tonnes par an de béton, de briques ou encore de gravats à la place de l’eau, de la faune et de la flore, un scénario cauchemardesque pour Laëtitia Coëffic,riveraine et présidente du collectif " Stop Carrière Revin".
"Si on est venus vivre ici et pas sur la côte, ce n'est pas par hasard. On a envie de se retrouver dans un endroit calme, sain, vivant, avec des espèces qu'on peut protéger. Enfin,
Je rappelle quand même qu'on est ici en zone Natura 2000, dans le Parc de Brière, c'est un non-sens pour nous, ce n'est pas possible.
Laëtitia CoëfficRiveraine, présidente du collectif " Stop Carrière Revin"
Sacrifier un site redevenu naturel, une aberration pour les opposants au projet. Alors que le changement climatique est amorcé, que les températures augmentent et que la sécheresse gagne, chaque point d'eau mérite d'être protégé. Celui-ci pourrait servir de réserve en cas d'incendie dans les marais.
Une opposition unanime, mais des élus divisés
En 2017, un projet identique avait été rejeté par le conseil départemental qui avait catégoriquement refusé d’aménager la route pour permettre à une quarantaine de camions de déchargement d’accéder au site chaque jour.
L'autorisation d'exploiter cette déchetterie géante délivrée pour 12 ans, six ans après l'enquête publique, par la préfecture de Loire-Atlantique suscite donc l'incompréhension des riverains comme des élus. Pourtant, le dossier divise au sein de la mairie. Majorité et opposition s'affrontent sur les moyens de faire annuler cet arrêté.
Les élus de l’opposition municipale dénoncent un cavalier seul du maire sur cette affaire.
"Au dernier conseil municipal, au mois de juin, j'ai fait la proposition à monsieur le maire de pouvoir travailler ensemble, de pouvoir créer une commission municipale. C'est un dossier qui nous tient à cœur, il le sait, on l'a interpellé plusieurs fois là-dessus, on lui a tendu la main pour pouvoir travailler ensemble avec lui...j'espère que cela va se faire au mois d'octobre", souligne Mickaël Delalande, élu d'opposition sur la liste " Mieux vivre à Donges"
Du côté de l’hôtel de ville, le maire François Chéneau assure avoir saisi un cabinet spécialisé dans le droit de l’environnement pour attaquer l’arrêté devant le tribunal administratif, et balaye les critiques…
"Moi, ce n'est pas la polémique avec l'opposition qui m'intéresse. De toute façon tous les sujets sont polémiques ici. Ce qui m'intéresse, ce sont les résultats.
Notre objectif, c'est de défendre cette zone qui est devenue une zone remarquable et de faire en sorte qu'on prenne en compte pour une fois la nature face à des intérêts privés qui se croient comme souvent tout permis".
François ChéneauMaire (DVD) de Donges
Contactées, ni la préfecture, ni l’entreprise Charier, propriétaire du site, n’ont souhaité s’exprimer.
Reportage de Mathieu Guillerot, Vincent Calcagni et Christophe Person
S.Gadet avec Mathieu Guillerot