On ne parle plus de prolifération, mais d'invasion. La jussie, plante originaire d'Amérique du sud, adore notre climat, notamment nos zones humides. Dans le pays de Retz, en Loire-Atlantique, sa croissance est difficilement contrôlable dans les marais et les étangs. À Villeneuve en Retz, la fédération départementale de pêche a déployé les grands moyens pour au moins limiter cette prolifération.
Le phénomène est présent chez nous depuis près d'une trentaine d'années : parmi les espèces invasives arrivées en Pays de la Loire, souvent avec la mondialisation ou les gestes inconscients remettant dans la nature des espèces non endogènes, certaines parviennent à s'adapter, voire à proliférer.
C'est le cas de la jussie, qui adore notre climat et les zones humides, les mares et les marais.
À Villeneuve en Retz, une opération importante avait lieu lundi matin autour d'un des trois étangs de la commune qui s'apprête fin septembre à accueillir l'enduro de la carpe sur trois jours.
Un chantier s'imposait, vu l'étendue du problème. Avec les années de sècheresse, les gestionnaires s'étaient donné un peu de répit, la jussie en a profité pour prendre ses aises et occuper jusqu'à 10 % de la surface de l'étang.
Un appel aux bénévoles a été lancé pour prêter main forte aux techniciens de la fédération départementale de pêche de Loire-Atlantique.
300 à 400 kilos de jussie par m³
Savoir se mettre à l'eau et prendre le problème à bras-le-corps, telle pourrait être la devise de cette équipe qui s'attelle à arracher la jussie.
"On fait les berges, et après le camion vient et il pince tout. Et on fait toutes les finitions. Parce que si on en laisse, le problème, c'est que ça repousse tous les ans. Il faut vraiment enlever le plus possible", explique Carl Canivet, arracheur bénévole et pêcheur.
Cette plante invasive adore l'eau et colonise autant qu'elle peut dès qu'on a le dos tourné.
"Pour les banquettes qu'on est en train de traiter, on a des ports de 5, 6, 10, 12 mètres parfois, explique Laurent Thibault, chargé des travaux. Tout ça en une seule saison de végétation. C'est-à-dire que depuis le mois de mai, elle pousse, elle pousse et c'est inexorable malheureusement".
À la main pour amener la jussie vers la griffe du camion, et même à l'épuisette pour en recueillir les brins comme autant de boutures potentielles. Ce chantier demande de l'endurance.
"À la fin de la matinée, on va avoir vraiment l'impression d'avoir sorti énormément de masse volumique. Puisque grosso modo, il faut compter à peu près 300 à 400 kilos de jussie par m³. Et là, on estime à la matinée à peu près 80, 90 m³ d'extraits", raconte Laurent Thibault.
Redonner un environnement propice aux poissons
Pêcheurs ou promeneurs, une vingtaine de bénévoles sont venus donner un coup de main. Fin septembre, l'enduro de la carpe organisée par la Gaule Nantaise aura lieu ici.
"Quand les carpistes lancent, ils ramènent un poisson. Parce que là, vous avez quand même des poissons qui font 9, 10 kilos, 15 kilos, 16 kilos. Je ne sais même pas s'il n'y a pas des 20 kilos dedans, explique Jacques Gaudin, président de l'association la Gaule nantaise. Donc quand ils ramènent le poisson, le poisson va dans la jussie et casse. Ils ne peuvent plus pêcher".
"Le poisson, il va trouver son environnement, il va être bien. Il va pouvoir gratter, manger. Un environnement propice", se félicite Carl Canivet.
Éradiquer la jussie n'est même plus envisagé. Il est désormais admis que faute de prélèvements naturels de cette plante invasive, des chantiers réguliers seront nécessaires.
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