À peine son concert au VIP de Saint-Nazaire annoncé, la billetterie avait été saturée puis déclarée KO, du jamais vu ! Qu'à cela ne tienne, Zaho de Sagazan et son équipe avaient rajouté une date in extremis. Tant et si bien que ces dimanche 4 et lundi 5 février, Saint-Nazaire a vibré au son de son artiste fétiche.
Le rendez-vous pour l'interview avait été pensé : à deux pas du VIP, salle de concert, et juste en face du Petit Maroc, le quartier où Zaho de Sagazan a grandi, entre le calme de ce quartier historique et portuaire de Saint-Nazaire et les notes de musique du festival Les Escales qu'elle a fréquenté à partir de ses 3 ans et demi.
Saint-Nazaire, c'est toute ma vie. J'y suis née et je pense qu'on se construit beaucoup entre O et 17 ans, une période durant laquelle, je n'ai quasiment jamais quitté ma ville, sauf pour un concert à Nantes de Flavien Berger.
Zaho de Sagazan
Entre sa maison d'enfance et celle de maintenant, il y a le VIP. La salle de concert située à l'intérieur de l'ancienne base de sous-marins, étiquetée désormais officiellement Base Sous-Marine.
Le VIP, c'est toutes mes premières fois
Zaho de Sagazan
Le VIP, cette salle qui l'a vu arriver, grandir, travailler, grandir, partir, et aujourd'hui, revenir. Une salle de concert, et même, bien plus que ça. Un lieu avec des gens dedans. Des pros, mais des pros bienveillants. Qui ne condamnent pas à l'avance des jeunes passionnés en pleine éclosion artistique et dont le talent ne fait que bourgeonner.
Ces pros ont bien senti que sous les erreurs de jeunesse ou les approximations, se nichaient l'envie, la passion, le désir d'écrire, composer, chanter, crier.
Quelques années plus tard, Zaho est revenue à Saint-Nazaire par la grande porte, sur la scène du festival des Escales. C'était en 2023, rebaptisée année Zaho de Sagazan. Et avant de partir vers les grandes salles qui l'appellent, elle a tenu à revenir à Saint-Nazaire, tout spécialement au VIP.
C'est ici et maintenant qu'elle achève une sacrée tournée de 115 dates et une version de formation à trois sur scène. Bientôt, ils seront cinq, avec plus d'instruments et moins d'ordinateurs, une autre page va s'ouvrir.
Au commencement, était le Lycée Aristide Briand
Une des plus grandes cités scolaires de France, avec une case magique à l'intérieur : la classe musique. Animée par des professeurs à l'enthousiasme débordant, chaque débutant ou confirmé a sa place et peut apprendre en travaillant, mais aussi en s'amusant.
Dès l'âge de 12 ans, je savais que je voulais aller dans ce lycée, parce qu'il y avait la classe musique. Avec ce groupe Les Irréductibles et les concerts salade joués dans la ville. Je voyais mes soeurs qui y étaient et je me disais ''moi aussi, un jour, je chanterai dans la chorale''.
Zaho de Sagazan
L'artiste nazairienne passera plusieurs années inoubliables, à sécher certains cours pour vivre encore plus sa passion au sein de cette classe musique. Les concerts salades de la formation des Irréductibles l'emmèneront à jouer au VIP, au Théâtre, dans la rue, au coeur de sa ville, Saint-Nazaire. Autant dire qu'elle en connait chaque mètre carré, notamment le quartier Ville Port et le front de mer.
De la salle de musique à la scène du VIP, pour Zaho et pour ses profs
Première date à Saint-Nazaire : dimanche 4 février, à 20h15, avec en première partie le groupe nantais Paloma, des amis. 45 minutes qui mettent les 550 fans à la bonne température, la chanteuse chaleureuse apparait sous l'éclairage en douche, assise au piano et sa voix s'installe dans la salle obscure. On ne voit plus qu'elle, on n'écoute plus qu'elle.
Une set list de seize morceaux est prévue, avec la chanson titre de son album ''La symphonie des éclairs'', aux trois quarts du concert. Quelques problèmes techniques viennent bousculer cette liste, une ou deux chansons passeront à la trappe, l'artiste ne fait pas de concession.
Mais, avec le soutien de son public, elle se découvre d'autres talents, celui de l'improvisation par exemple. Devant le fait accompli, Zaho de Sagazan se raconte, demande des nouvelles à ses complices musiciens, propose un entracte, décide d'une chanson en ''piano-voix'', change à nouveau sa liste pour finir par une seconde interprétation de ''La symphonie des éclairs'', cette fois-ci éclairée aux briquets et autres smartphones, puis d'une splendide reprise de ''Que la vie est belle'' de Brigitte Fontaine.
Et durant cette ultime chanson, alors qu'elle s'est mêlée à la foule, Zaho découvre qu'une surprise incroyable l'attend sur scène : Alban, un complice des Irréductibles, joueur de trombone à coulisse accompagne sa voix tandis que Frédéric Petit et Matthias Val, deux profs historiques maintes fois cités et remerciés par Zaho de Sagazan, sont là, tenant chacun deux ardoises sur lesquelles ont été écrites recto-verso les paroles de la chanson.
Un moment suspendu, sur scène comme dans la salle, une communion artistique, amicale, familiale (les parents de Zaho sont dans la foule), et simple à la fois, à la Nazairienne en somme.
Ce lundi 5 février, Zaho remet le couvert au VIP, pour la dernière fois à 3. Après la soirée des Victoires de la Musique vendredi 9 février, elle attaquera une autre aventure, à cinq sur scène cette fois-ci, et quelles scènes : les Zenith et les grands festivals de l'Hexagone, mais aussi plus loin car Zaho de Sagazan a récemment conquis d'autres publics avec deux prix européens, le prix du public et le prix du jury, devant 4 000 professionnels de la musique.
Récemment, Manu, un des professionnels du VIP qui ont accompagné Zaho de Sagazan dans son épanouissement artistique nous confiait : ''rendez-vous compte, c'est une des dernières fois avant longtemps que l'on verra Zaho au VIP. Maintenant, elle part pour les grandes salles''.
Si Zaho de Sagazan, l'oiseau qui danse sous l'orage de la Symphonie des éclairs, a quitté son nid artistique pour découvrir le monde et enchanter les coeurs et les esprits, elle garde à jamais les racines qui ont poussé en elle jusqu'à ses 17 ans et qui font d'elle une artiste singulière et sincère, de Saint-Nazaire.
Le reportage de Denis Leroy, Nicolas Lambert, Nicolas Guilbaud, Christophe François