Saint-Nazaire, 28 mars 1942 : l'opération commando qui a changé le cours de la guerre 39/45

Le 28 mars 1942, une attaque commando sur Saint-Nazaire a surpris les Allemands en pleine nuit puis au petit matin. Meurtrie physiquement et moralement, l'armée allemande adoptera son système de défense à l'issue de ce raid baptisé Opération Chariot. Un tournant dans le cours de la guerre 39/45.

Chaque 28 mars à Saint-Nazaire, l'Histoire se rappelle à nous. Elle vient siffler aux oreilles des plus anciens qui ont, depuis, transmis à leurs descendants ce qu'ils ont connu de cette attaque surprise survenue en pleine nuit du 27 au 28 mars 1942.

Le CREDIB (Centre de Recherche et Diffusion de l’Identité Bretonne) et la Section Relations Internationales et Interceltiques de l'Institut Culturel de Bretagne (ICB) organisent sur le Vieux Môle, à Saint-Nazaire, une cérémonie interceltique d'hommage aux braves de l'Opération Chariot.

L'an passé, c'était en tenue d'époque. Un hommage marqué et appuyé à tous ces jeunes commandos britanniques, au son de la cornemuse, sous le vent et la pluie de l'estuaire.
 

Ensuite, chaque 28 mars à 11h, la ville de Saint-Nazaire rend un hommage républicain aux héros et aux victimes du 28 mars 1942, à quelques mètres du Vieux Môle, là où a été amenée la stèle du souvenir, suite au réaménagement de la place du Commando en esplanade piétonne avec commerces.

Au cours des deux cérémonies, les mêmes silences de recueillement, le même respect face à l'acte de bravoure des commandos britanniques de l'opération Chariot.
 

Le contexte de guerre début 1942


Depuis 1939, la bataille de l'Atlantique mobilise de nombreuses unités navales dans l'Atlantique Nord.

En 1941, le cuirassé Bismarck, lors de sa première sortie, avait semé la terreur, coulant le HMS Hood. Les Alliés étaient parvenus à couler le cuirassé allemand avant qu'il ne rejoigne Brest, mais au prix d'une forte mobilisation des forces maritimes.

Le sister-ship du Bismarck, le cuirassé allemand Tirpitz, est stationné en Norvège. Les alliés craignent qu'il soit envoyé dans l'Atlantique, et participe ainsi à réduire les convois d'approvisionnement britanniques.

Dans cette situation, le port de Saint-Nazaire revêt une importance toute particulière. En effet, la forme Joubert est le seul bassin (sur toute la façade Atlantique) dans lequel le Tirpitz peut venir réparer.  

Ainsi, Winston Churchill imagine qu'en neutralisant la forme Joubert, la Kriegsmarine ne se risquera pas à envoyer le Tirpitz en Atlantique.

Début 1942, il décide donc de confier une mission aux commandos britanniques des Opérations combinées de Lord Mountbatten, avec pour objectif principal la neutralisation de la forme Joubert. Il sera aidé en cela par des contacts sur place qui enverront le maximum d'informations.
 

Le plan britannique


Le plan consiste en une attaque surprise. Le port de Saint-Nazaire est en effet l'endroit de l'ouest de la France le mieux fortifié par les Allemands après Brest.

Une flotille de vedettes doit franchir de nuit et à vive allure l’estuaire de la Loire pendant que les défenses allemandes seront distraites par un raid aérien mené par la Royal Air Force.

Un bateau chargé d'explosif sera amené jusqu'à l'écluse-caisson de la forme Joubert et des équipes de commandos débarqueront de ce navire ainsi que des vedettes pour attaquer et détruire 24 cibles différentes.

Les forces seront ensuite évacuées par la mer à partir du vieux môle à l'extrémité du port, et quelques heures plus tard, le destroyer HMS Campbeltown, dirigé droit contre l'écluse, explosera.

La flotte comprend un destroyer, 16 vedettes, 1 canonnière et une vedette lance-torpilles. Cette flotte est escortée par deux destroyers, le HMS Tynedale et le HMS Atherstone, jusqu'au large de Saint-Nazaire, mais ces deux navires ne participent pas à l'attaque.
 

On apporte à l'ancien destroyer USS Buchanan devenu HMS Campbeltown  quelques modifications pour qu'il ressemble à un destroyer allemand. Un blindage supplémentaire est installé afin d'en protéger la passerelle.

L'explosif est placé juste derrière la position du canon, se composant de 24 grenades sous-marines placées dans des réservoirs d'acier et de béton.

Le Campbeltown est commandé par le Lieutenant-commander S. H. Beattie et son équipage, réduit à 75 hommes. Avec son escorte, il réussit à tromper l'ennemi jusque dans l'estuaire et à 1h27 du matin, le pavillon britannique est hissé à bord, ce qui déclenche le feu des batteries ennemies.

A 1h34, le Campbeltown s'encastre dans la porte de la forme Joubert. Les groupes terrestres débarquent, la station de pompage est détruite ainsi que des treuils servant à l'ouverture de la porte.

Le lendemain matin, à 10h30, les explosifs à bord du destroyer explosent, la porte de la forme est projetée, de nombreux soldats venus en curieux sont tués.

Le lendemain, des torpilles britanniques exploseront sur le tard, semant la panique dans les troupes allemandes qui font feu entre elles et sur des civils. 16 d'entre eux seront tués, une trentaine seront blessés.
 

Objectif atteint

La porte de la forme Joubert est définitivement détruite, le Tirpitz ne pourra venir à Saint-Nazaire.

169 Britanniques furent tués, la moitié d'entre eux lors de la destruction de leurs vedettes dans l'estuaire de la Loire lors de l'évacuation des commandos. 215 Britanniques furent faits prisonniers, beaucoup après le ratissage de la ville par les Allemands, 5 y échappèrent et rentrèrent via Gibraltar. Au total, 227 hommes réussirent à revenir au Royaume-Uni.  

Grâce à un réseau de renseignements piloté efficacement par le colonel Rémy et transmis à Londres par ondes radio, les commandos britanniques ont pu réaliser ce qui reste comme un des plus grands raids de l'Histoire, une des plus audacieuses opérations de la seconde guerre mondiale.

Selon Winston Churchill, l'opération Chariot, qui a ébranlé le moral de l'armée allemande et remonté celui des Français dès 1942, aurait permis de gagner 6 mois de guerre.

Le souvenir de cette opération Chariot, rebaptisée ''the greatest raid of all'' par les britanniques (le plus grand de tous les raids), existe aujourd'hui sous forme de documentaires, de livres, de bandes dessinées et de jeux vidéo.
 

  
 
 
 
 
 
 
 
  

 
  
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