Salon de l'agriculture 2019 : avec la famille Lehuche, pêcheurs à la Turballe en Loire-Atlantique

Au salon de l'agriculture, les produits de la mer sont présents, grâce notamment au Concours Général Agricole, dans les différents stands des régions littorales. Rencontre avec les Lehuche, pêcheurs de père en fils à la Turballe.  

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Dehors, il pleut des cordes et Roman Lehuche répare des filets sur le pont détrempé du Tangaroa, un chalutier couleur menthe à l’eau. 18 ans dans sa cotte de ciré jaune, il a commencé la pêche cet été, sitôt l’école de pêche finie, à bord du bateau de son père.

La pêche, c'est presque un héritage génétique : sur les quais, tout le monde connaît “Tony Lehuche’”. Un gamin de la Turballe devenu patron-pêcheur, qui se souvient de son enfance à courir sur le port, “à une époque où il n’y avait pas, alors “ de jeux vidéos”. A force de regarder les bateaux aller et venir dans le port, il tombe dedans à son tour, et commence à pêcher à 15 et demi. Devient quelques années après capitaine, grâce à un armateur qui l’aide à investir dans son premier navire, le Troïka.
 
Roman travaille désormais comme marin-pêcheur sur le Tangaroa, l'un des deux chalutiers de son père immatriculés à la Turballe. © Coline Renault / France 3
Aujourd’hui, Anthony Lehuche possède deux grands chalutiers pélagiques et embarquent avec lui ses deux fils, âgés de 18 et 22 ans. “ Je ne les ai pas forcés, ils ont choisi leur voie”, assure Anthony.  “ C’est un métier dur, un métier de concessions, qui demande de faire des sacrifices vis à vis des horaires, de sa femme, de sa famille. Aujourd’hui, les jeunes sont peut-être un peu moins prêts à faire ces sacrifices-là qu’avant. Partir loin en mer, longtemps, se déconnecter totalement, c’est pas facile pour eux, qui ont grandi avec leur téléphone et les réseaux sociaux”.
Anthony Lehuche à bord d'un de ses chalutiers, en compagnie de quelques marins de son équipe, sur le port de la Turballe © Coline Renault

 Marins de père en fils

Mais les jeunes recrues sont toujours là, par passion. Quand on demande à Roman s’il redoute les temps durs en mer, il hausse les épaules : “ bein si forcément, j’avais un peu peur, mais quand on aime ça… on aime ça. J’ai choisi, j’ai fait la pêche quoi.”

Roman Lehuche, 18 ans, vient de commencer la pêche à bord du Tangaroa, un des chalutiers de son père. © Coline Renault

“ La pêche, c’est cyclique. " Anthony Lehuche

"Il y a des très bonnes saisons, des catastrophiques… mais le poisson, en moyenne, il est là. Ca fait plus de trente ans que je pêche, 30 ans que j’entends qu’il n’y a plus de poissons… pourtant, il y en a toujours, des poissons ! “ 

Avec ses enfants à bord, Anthony ne proteste pas contre les quotas : “ Il faut respecter le rendement maximum durable, la réglementation est là pour que la pêche perdure. Je fais tout pour que ça puisse durer le plus longtemps possible pour mes enfants !”.

 Un métier d'avenir ?

Lui s’inquiète, en revanche, des facteurs extérieurs qui viennent durcir les conditions du métier : "En tant que patron-pêcheur, on s’inquiète du prix du pétrole, et on est soumis à celui du poisson. Il y a des choses aussi qu’on ne maîtrise pas, comme le Brexit. Si effectivement il y a un Brexit dur, il y aura sûrement un report des navires de la Manche en Atlantique, y compris vers la Turballe, et ça risque de causer des problèmes !”
Les marins-pêcheurs du Tangaroa (Port de la Turballe) réparent les filets après une dure semaine de pêche. © Coline Renault

Quoiqu’il en soit, Anthony n’est pas prêt de quitter le navire. “ Moi, je fais ça, parce que je n’ai connu que ça finalement, je ne suis pas sûr de pouvoir faire autre chose…” Et de vouloir ? Non plus, sûrement. “ Il y a chez les pêcheurs quelque chose de très particulier, ils ont cette patte humaine, ce sont des hommes endurcis, mais des bons gars quand même. Le travail collectif de l’équipage, c’est ça qui m’a plu, et me plait toujours”.

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