Au salon de l'agriculture, les produits de la mer sont présents, grâce notamment au Concours Général Agricole, dans les différents stands des régions littorales. Rencontre avec les Lehuche, pêcheurs de père en fils à la Turballe.
Dehors, il pleut des cordes et Roman Lehuche répare des filets sur le pont détrempé du Tangaroa, un chalutier couleur menthe à l’eau. 18 ans dans sa cotte de ciré jaune, il a commencé la pêche cet été, sitôt l’école de pêche finie, à bord du bateau de son père.
La pêche, c'est presque un héritage génétique : sur les quais, tout le monde connaît “Tony Lehuche’”. Un gamin de la Turballe devenu patron-pêcheur, qui se souvient de son enfance à courir sur le port, “à une époque où il n’y avait pas, alors “ de jeux vidéos”. A force de regarder les bateaux aller et venir dans le port, il tombe dedans à son tour, et commence à pêcher à 15 et demi. Devient quelques années après capitaine, grâce à un armateur qui l’aide à investir dans son premier navire, le Troïka.Marins de père en fils
Mais les jeunes recrues sont toujours là, par passion. Quand on demande à Roman s’il redoute les temps durs en mer, il hausse les épaules : “ bein si forcément, j’avais un peu peur, mais quand on aime ça… on aime ça. J’ai choisi, j’ai fait la pêche quoi.”
"Il y a des très bonnes saisons, des catastrophiques… mais le poisson, en moyenne, il est là. Ca fait plus de trente ans que je pêche, 30 ans que j’entends qu’il n’y a plus de poissons… pourtant, il y en a toujours, des poissons ! ““ La pêche, c’est cyclique. " Anthony Lehuche
Avec ses enfants à bord, Anthony ne proteste pas contre les quotas : “ Il faut respecter le rendement maximum durable, la réglementation est là pour que la pêche perdure. Je fais tout pour que ça puisse durer le plus longtemps possible pour mes enfants !”.
Un métier d'avenir ?
Lui s’inquiète, en revanche, des facteurs extérieurs qui viennent durcir les conditions du métier : "En tant que patron-pêcheur, on s’inquiète du prix du pétrole, et on est soumis à celui du poisson. Il y a des choses aussi qu’on ne maîtrise pas, comme le Brexit. Si effectivement il y a un Brexit dur, il y aura sûrement un report des navires de la Manche en Atlantique, y compris vers la Turballe, et ça risque de causer des problèmes !”Quoiqu’il en soit, Anthony n’est pas prêt de quitter le navire. “ Moi, je fais ça, parce que je n’ai connu que ça finalement, je ne suis pas sûr de pouvoir faire autre chose…” Et de vouloir ? Non plus, sûrement. “ Il y a chez les pêcheurs quelque chose de très particulier, ils ont cette patte humaine, ce sont des hommes endurcis, mais des bons gars quand même. Le travail collectif de l’équipage, c’est ça qui m’a plu, et me plait toujours”.